Les ventes de livres d'occasion sont en nette progression depuis plusieurs années au niveau national. En Côte-d'Or, les acteurs du secteur remarquent une popularité en hausse avec les enjeux écologiques et économiques actuels.
Un livre sur cinq vendus en 2022 provenait du marché de l'occasion en France, selon une étude de la Société française des intérêts des auteurs de l'écrit (Sofia) et du Ministère de la Culture. 80 millions de livres d'occasions ont ainsi été vendus en 2022, ce qui correspond à une augmentation de 30% en cinq ans.
Un chiffre qui ne surprend pas en Côte-d'Or, au contraire.
Des motivations écologiques et économiques
Olivier Levy est directeur de la librairie Gibert Joseph à Dijon, dans son magasin les ouvrages de seconde main représentent 40% des stocks. Il ne s'étonne pas d'un tel attrait pour l'occasion : "En ce moment, on observe une hausse de 30% des achats de livres d’occasion. C’est en pleine croissance et encore plus qu’avant." Il assure aussi que des changements d'habitudes opèrent dans ce sens. "Avant à Noël, jamais les gens n’offraient de l’occasion, mais cet hiver, on a vu une vraie différence."
“Depuis plusieurs années, les gens privilégient le circuit court, le recyclage et ce qui n’impacte pas trop leur pouvoir d’achat. C’est toute une nouvelle génération qui a une consommation tournée vers différentes valeurs.”
Olivier Levydirecteur de la librairie Gibert Joseph à Dijon
Selon lui, ce n'est pas dû au hasard, mais bien l'œuvre d'une prise de conscience collective, notamment sur la question de l’environnement : "Depuis plusieurs années, les gens privilégient le circuit court, le recyclage et ce qui n’impacte pas trop leur pouvoir d’achat. C’est toute une nouvelle génération qui a une consommation tournée vers différentes valeurs."
Chez la librairie Gilbert Joseph, les occasions sont bradées entre 30 et 50% du prix du livre neuf. En reprenant des ouvrages des particuliers, ils surestiment de 20% le prix de l’objet pour leur échanger la somme en bons d’achats à utiliser en librairie. Certains rachats sont d'ailleurs donnés à des associations par la librairie.
Nouvelle culture de l'occasion
Momie Dijon est une librairie spécialisée dans les bandes dessinées, les comics et les mangas. Peu présente sur le marché de l'occasion à la base, c'est depuis un peu plus d'un an un axe exploré par les équipes de l'enseigne.
Justine Roussin travaille à Momie depuis un an et demi et, avec sa collègue Chloé, elles ont lancé une campagne sur les réseaux pour la vente de mangas d'occasion.
En postant des stories sur Instagram, les deux collègues mettent en avant les récentes acquisitions de bandes dessinées japonaises. Depuis les messages reçus en réponse à ces stories, les acheteurs peuvent manifester leur intérêt pour les ouvrages. Mais. Il vaut mieux ne pas trop traîner car "ça part très vite". Le magasin situé rue des Godrans à Dijon héberge aussi un petit emplacement, "un peu caché sous les nouveautés", pour les occasions.
"Quand j'étais petite je n'avais pas assez d'argent pour compléter des séries de mangas, sans les occasions je n'aurais jamais pu en lire. Chez Gibert Joseph ils ont un gros stock d'occasion, ici on n'en a pas encore beaucoup, mais il y en a de plus en plus !"
Justine Roussinvendeuse chez Momie Dijon
L'objectif de Justine et Marion est d'y accorder "un meuble entier dès qu'on aura plus de place". En effet, Momie devrait récupérer l'étage au-dessus pour plus d'espace. L'occasion d'avoir plus de place pour les mangas neufs et d'occasion donc.
Ancienne de la librairie Gibert Joseph, Justine Roussin attache une grande importance à la seconde main : "Quand j'étais petite, je n'avais pas assez d'argent pour compléter des séries de mangas, sans les occasions, je n'aurais jamais pu en lire. Chez Gibert Joseph ils ont un gros stock d'occasion, ici, on n'en a pas encore beaucoup, mais il y en a de plus en plus !"
"Pour tout le monde c'est plus compliqué, en plus les prix ont augmenté avec les coûts liés à l'encre, au papier, ... J'entends des gens qui se soucient de la planète de plus en plus."
Justine Roussinvendeuse chez Momie Dijon
Elle comprend la progression des chiffres liés au marché de l'occasion en France. "Pour tout le monde, c'est plus compliqué, en plus les prix ont beaucoup augmenté avec les coûts liés à l'encre, au papier…, J'entends des gens qui se soucient de la planète de plus en plus." Mais selon elle, il faut progresser prudemment pour ne pas tomber dans le marché des collectionneurs, "c'est pour ça qu'on ne le fait pas pour les comics ou les BD", souffle-t-elle.
"20 % des libraires interrogés proposent des livres d’occasion"
Si l'on oublie Gibert Joseph, peu de librairies dijonnaises proposent des livres en occasion. Selon l'étude de la Sofia et du Ministère de la Culture, seulement "20 % des libraires interrogés proposent des livres d’occasion et uniquement la moitié d’entre eux le font de manière régulière sur l’année".
Le moyen privilégié par les acheteurs reste internet d'assez loin, puisqu'il est cité par 60% des personnes interrogées comme principal canal d'approvisionnement.