Médecins généralistes en grève : on vous explique comment va se passer le mouvement en Bourgogne-Franche-Comté

MG France, le premier syndicat des médecins généralistes, annonce un mouvement de grève national de la profession. En Bourgogne, les médecins traitants se réunissent ce vendredi 4 novembre pour définir leurs modes d'action. Ils s'opposent au projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Ils sont vent debout contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et son vote via le 49.3. Le principal syndicat des médecins généralistes du pays, MG France, se prépare à une mobilisation importante chaque vendredi durant les mois de novembre et décembre. Ce vendredi 4 novembre, les professionnels de santé de Bourgogne-Franche-Comté se réuniront pour une assemblée générale afin de définir les modalités du mouvement dans la région.

"Ce qu'on dénonce, c'est une rupture des discussions avec les instances nationales et gouvernementales. Le ministre de la Santé parle beaucoup moins des médecins généralistes. On parle de l'hôpital, et c'est un vrai enjeu, mais pour nous, en pratique, on ne voit pas d'avancée", évoque Aurélien Vaillant, vice-président des médecins généralistes en Bourgogne-Franche-Comté.

Le sentiment d'être mis de côté

Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, plusieurs points inquiètent les médecins traitants. Le fait notamment que des missions comme la vaccination ou le suivi des malades chroniques sont confiées à d'autres acteurs de la santé. Les généralistes craignent ainsi d'être écartés du parcours de soin.

"On continue de détricoter le métier de généraliste pour le confier à d'autres professions mais sans accord du médecin sur le terrain. Il y a une crispation importante des collègues sur le territoire qui se démotivent. Certains actes simples sont des moments où on peut parler prévention, comme voulu par notre ministre", explique le syndicat MG France qui souhaite faire du médecin traitant le "chef d'orchestre" du travail d'équipe entre les différents professionnels de santé.

Dans les pays où on investit sur le médecin traitant, on diminue le coût de la santé. On évite des passages aux urgences. On est d'accord pour travailler en équipe. Il faut que ce soit en coopération avec nous.

Aurélien Vaillant, vice-président des médecins généralistes

Autre point de crispation, l'ajout d'une quatrième année d'internat pour les généralistes à réaliser dans les "zones déficitaires". Pour devenir médecin traitant, il faudra désormais 10 ans si la réforme est adoptée. Les internes seront notamment incités à aller dans les déserts médicaux grâce à des rémunérations différentes et des aides au logement.

"J’ai souhaité que cette année se fasse exclusivement chez tous les médecins libéraux qui sont maîtres de stage universitaire, et non pas à l’hôpital. Bien entendu, pour répondre en partie à cette problématique de déserts médicaux, nous allons inciter très fortement les étudiants à faire ce stage dans les déserts médicaux", expliquait François Braun, le ministre de la Santé sur franceinfo ce mardi.

"Ça n'a pas du tout été travaillé avec les jeunes"

Pour rappel, la profession était initialement favorable à une année supplémentaire de formation, mais pas avec ces conditions. "On va imposer à un futur médecin d'aller travailler pendant un an à Cosne-sur-Loire alors que son mari travaille sur Dijon. Qui garde les enfants ? Un des conjoints ne verra les enfants que le week-end", dénonce MG France dans notre région.

Le syndicat craint ainsi une diminution de l'attractivité de la médecine générale auprès des étudiants, alors que la spécialité commençait à améliorer son image. "Les stages avaient changé l'image du médecin généraliste et démontraient qu'il fait plein de choses intéressantes. Mais si on leur dit à 27 ans d'aller loin de chez eux, à un endroit qu'ils n'ont pas choisi, il n'y aura plus d'attractivité. Ça n’a pas du tout été travaillé avec les jeunes, ça a crispé tout le monde", dénonce Aurélien Vaillant alors que les étudiants internes ont déjà lancé leur mouvement de contestation, comme nous vous en parlions ici.

Pour MG France, la solution pour lutter contre les déserts médicaux passe notamment pas la formation et la valorisation de tuteurs pour encadrer les stages. "Avec cette quatrième année, vous allez envoyer des internes tout seuls dans un coin où ils ne seront pas accompagnés. On sera en dehors d'une formation, ce sera un remplacement déguisé. Il faut mettre le parquet sur les maîtres de stage dans les zones déficitaires", exhorte le vice-président des médecins traitants en Bourgogne-Franche-Comté.

Quelles seront les modalités de la grève ?

Au niveau national, une manifestation des médecins généralistes est déjà prévue le 18 novembre prochain à Paris. Dans notre région, MG France organisera en novembre et début décembre des "vendredis de la colère". Ainsi, une grève de la permanence des soins est actée le 11 novembre prochain. Des rassemblements seront ensuite organisés le 18 novembre à Montbard, le 25 à Beaune et le 2 décembre à Dijon.

"Ça coïncide avec le lancement du Conseil national de la refondation mise en place par le Président de la République. Des réunions vont se tenir sur la santé. On va discuter de tous ces sujets et on a calé des mouvements dans cette période pour nous faire entendre et insister", justifie Aurélien Vaillant.

En parallèle, les médecins généralistes prévoient d'organiser des conférences de presse et de coller des affiches pour faire entendre leurs revendications.

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