"Nous sommes nés à nouveau" : De la Syrie à Dijon. Mary, journaliste syrienne en stage à France 3 Bourgogne, raconte son parcours

Mary Isaa est en stage à France 3 Bourgogne depuis le 2 janvier dernier. Cette journaliste originaire de Syrie nous raconte son parcours, qui l'a amené à suivre la révolution populaire dans son pays et à être arrêtée par le régime de Bachar al-Assad.

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Je m'appelle Mary Isaa. Depuis le 2 janvier dernier, je suis en stage à France 3 Bourgogne. Née en Syrie, je suis arrivée en France il y a cinq ans, en septembre 2017. J'ai vécu quatre mois à Paris avec ma famille, avant de déménager à Dijon en février 2018.

Dans mon pays d'origine, j'ai connu la révolution, l'oppression et la prison. Voici mon histoire.

Journaliste depuis 1997

Je suis titulaire d'un diplôme en économie de l'université de Damas en 2000. C'est l'équivalent d'un bac +4. J’aime la littérature, écrire des poèmes et des nouvelles. J’en ai rédigé qui ont été publiées. J’ai également écrit un roman sur la révolution syrienne, qui n'est pas encore paru jusqu’à présent.

En 1997, j'ai commencé à travailler en tant que journaliste alors que j’étais encore une étudiante à l’université de Damas. J'ai évolué dans le domaine de la culture et rédigé des articles pour plusieurs journaux comme Al Kifah Al Arabi et Al Safir au Liban, Almajd en Jordanie, Al Etihad aux Emirats Arabes Unis, Al Quds al Arabie à Londres ou encore Al Mtwst en Russie.

Quand la révolution syrienne a commencé en 2011 contre le régime syrien, j’étais avec la population. J’ai écrit plusieurs posts sur Facebook pour encourager les gens qui réclamaient leurs droits. J'ai toujours cru en la liberté d’opinion. Je pense que les gens ont le droit de parler et de revendiquer leurs volontés. Il faut que le gouvernement écoute les demandes du peuple.

Pour mes écrits, le régime m’a arrêté. Mon mari qui est un médecin a aussi été interpellé. Nous sommes restés en prison pendant plus d’un mois. Ce fut une dure expérience pour nous. Journalistes sans frontières, Médecins sans frontières et d'autres organisations ont appelé à notre liberté et à notre libération des centres de détention du régime syrien.

Après notre sortie de prison, mon mari a retravaillé dans son cabinet. Moi je n'ai pas repris le journalisme, j’avais peur. Beaucoup de nos amis ont été arrêtés une deuxième fois. Nous avons été menacés, et nous n’avions pas le sentiment d'être en sécurité.

Après la Syrie, j'ai vécu en Irak

Je suis alors partie de Syrie avec mon mari et mes trois enfants au Kurdistan, en Irak, pendant 4 ans et demi. J’ai travaillé là-bas avec une organisation internationale norvégienne qui aide les femmes yézidies rescapées de l’Etat Islamique.

J'ai repris mon travail en tant que journaliste. J’ai écrit plusieurs articles pour des journaux en langue arabe, comme le journal Al Mada Al Iraqi en Bagdad, le magazine électronique IRaquiate en Kurdistan, AL quds AL Arabi qui sort à Londres. 

En parallèle, j'ai été assistante sociale après avoir suivi plusieurs formations dans les organisations internationales situées au Kurdistan. Je suis aussi membre de l'Association "Chrétiens syriens pour la paix" présente dans toute l'Europe.

A Duhok en Kurdistan, où on vivait, mon mari et moi avons travaillé dur. Nous espérions que la situation en Syrie s'améliorerait pour que nous puissions revenir. Mais la situation sécuritaire en Syrie s'est dégradée.

Au Kurdistan également, surtout après l'entrée de l'État islamique dans les zones proches du lieu de travail de mon mari. L'État islamique tuait des hommes et enlevait des femmes non-musulmanes pour les vendre comme marchandises. Donc la situation était également très mauvaise et dangereuse. 

"Nous sommes nés à nouveau"

Nous avons alors demandé l'asile en France et en Australie. Nous avons été acceptés des deux côtés, mais nous avons préféré la France. La culture y est proche de la nôtre. En plus, nous avons des amis en France.

Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je suis en France depuis septembre 2017. Nous sommes restés quelques mois à Paris. Paris est une belle ville, mais pour y vivre, c'était plus compliqué pour nous. Nous avons donc déménagé à Dijon en 2018.

Ici, ma famille et moi avons commencé une nouvelle vie. Nous sommes nés à nouveau. Nous étions absolument convaincus qu'il fallait à nouveau travailler dur pour être forts, aider et soutenir les autres. Comme les Français nous ont soutenus. Mon mari travaille en tant que médecin depuis trois ans et mes enfants étudient sérieusement.

J'ai commencé à apprendre la langue française à l'université de Bourgogne. Quand j’ai obtenu le niveau B2, j’ai commencé à étudier les sciences de l’information et de la communication à l’université de Bourgogne. Je suis maintenant en troisième année.

J’ai obtenu la nationalité française en 2022, ce qui m'a donné une nouvelle responsabilité. Je continue à apprendre la langue française, et j’espère maintenant continuer à exercer mon travail de journaliste en France.

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