Ce jeudi 17 mars, des professeurs du lycée Montchapet à Dijon (Côte-d'Or) ont appelé à l'occupation de l'établissement pendant une partie de la soirée. Ils dénoncent la diminution du nombre d'heures de cours et l'augmentation des effectifs dans les classes.
"Classes surchargées, élèves, profs sacrifiés." Les banderoles accrochées sur le portail du lycée Montchapet (Dijon) donnent le ton. Ce jeudi 17 mars à 18 heures, une cinquantaine de professeurs, élèves et représentants de parents se sont rassemblés devant l'établissement. Ils dénoncent les coupes budgétaires, qui entraînent une baisse du nombre d'heures de cours, ainsi que l'augmentation des effectifs en classe.
"Des élèves, pas des chiffres ! Des élèves pas des chiffres !", scande la foule massée devant la grille de l'établissement. Applaudissements et cris de protestation sont rythmés par le bruit de la sirène du porte-voix. Dans la file de véhicules qui patiente à côté, plusieurs automobilistes font sonner leur klaxon pour témoigner leur soutien.
Puis la manifestation pénètre dans l'enceinte du lycée. "Des moyens pour Montchapet, des moyens à la hauteur", réclame le groupe. L'objectif affiché : l'occupation du bâtiment pendant une partie de la soirée.
Inquiétude chez les élèves
Le cortège traverse la cour, avant de se diriger vers la salle des professeurs. Adolescents et adultes s'arrêtent devant la bannière tendue au fond de la salle. "DHG de misère = Grosse colère", peut-on y lire.
"C'est pas normal d'en être là", s'insurge Pierre, élève de première technologique. "On avait déjà des lacunes avant, maintenant ça va être encore pire avec moins d'heures." Ses camarades Alésia, Michel, Caly et Tom, acquiescent.
On a déjà perdu des heures avec le Covid. On nous en enlève encore, alors que ça devrait être l'inverse.
Une élève du lycée Montchapet
Deux classes, une de première technologique et une de terminale générale, doivent fermer à la rentrée. Pour les adolescents, leurs conditions d'apprentissage s'en trouveraient à nouveau dégradées.
Un avis partagé par Maxence Languet, le représentant des élèves au conseil d'administration. "On veut plus d'heures l'année prochaine pour des conditions décentes de travail", martèle-t-il.
Les enseignants tirent la sonnette d'alarme
Petit à petit, les adolescents quittent la salle. Restent les professeurs, bien déterminés à défendre leur cause jusqu'au bout. Parmi eux, Cécile Fassier, professeure de philosophie, l'une des organisatrices du mouvement.
"On est là parce qu'on aime ce qu'on fait", assène-t-elle. "Les élèves, on peut les entasser à 35 dans des classes, ça n'est pas le problème. Mais on ne veut pas enseigner dans de telles conditions."
On est face à de la maltraitance institutionnelle, aussi bien pour les enseignants que pour les élèves.
Cécile Fassier, professeure de philosophie
Au total, ce sont près de 200 heures d'enseignement qui ont été supprimées en sept années consécutives. Pour le collectif d'enseignants, il faudrait que la dotation horaire soit gonflée de 100 heures, et que les classes ne dépassent pas les 30 élèves.
Plusieurs actions prévues la semaine prochaine
La soirée avance, les conseils de classe se terminent et de nouveaux enseignants se joignent à ceux déjà présents. Sur les tables, gougères, biscuits apéritifs et boissons font office de ravitaillement.
Les discussions informelles cèdent à nouveau la place aux considérations militantes. Tous se concertent sur la marche à suivre au cours des prochains jours. Mardi 22, une chaîne humaine sera construite pendant une récréation. Mercredi 23, un rassemblement inter-établissement aura lieu devant le rectorat. Et vendredi 25, pour clôturer la semaine, une délégation d'enseignants sera accueillie par le secrétaire général adjoint à la rectrice.
Si cette rencontre n'aboutit sur aucune solution, les professeurs envisagent de refuser les missions essentielles au bon fonctionnement du lycée.
"Entre autres, les fonctions de professeurs principaux. Quand on se démène comme on le fait, pour en arriver là, on en perd l'envie. C'est vraiment le déni de notre travail", conclut Cécile Fassier, visiblement attristé de devoir envisager une telle extrémité.
21 heures. La salle des professeurs commence à se vider. L'occupation ne doit pas durer au-delà de 23 heures. Mais ceux qui restent le font "par principe", pour défendre leurs élèves, et un métier qui leur "est cher".