À l'occasion d'Octobre rose, nous avons interrogé le directeur général du centre de lutte contre le cancer George-François Leclerc de Dijon (Côte-d'Or). L'occasion de faire le point sur les dernières avancées dans la prise en charge de cette maladie.
"Le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent de la femme, avec 58 000 nouveaux cas par an, c'est considérable. Il cause un peu plus de 12 000 décès par an." Le constat peut sembler pessimiste. Mais Charles Coutant, le directeur général du centre de lutte contre le cancer George-François Leclerc de Dijon (Côte-d'Or), précise aussitôt : "On en meurt moins".
Une réalité qui s'explique notamment par un dépistage plus précoce pour un certain nombre de patientes, mais aussi par des progrès dans les traitements.
À l'occasion d'Octobre rose, mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, Charles Coutant, également professeur de chirurgie oncologique, a bien voulu faire le point avec nous sur les dernières avancées autour de la prise en charge du cancer du sein.
"Les progrès concernent l'ensemble des traitements, indique-t-il. Il y a eu de nouvelles armes thérapeutiques qui sont apparues dans le cancer du sein. Et on note une accélération importante des progrès de la recherche médicale depuis quelques années."
Il existe différents types de cancer et des avancées ont été réalisées pour plusieurs d'entre eux. Par exemple, pour les cancers dits "triple-négatifs", l'arrivée récente de l'immunothérapie a permis de réelles avancées. "Elle fait son entrée pour les malades nouvellement diagnostiqués avec des métastases, avec une vraie efficacité."
Pour les cancers dits HER2, un nouveau traitement est également disponible. "Il est en train vraiment de bouleverser le pronostic de cette maladie, avec une diminution du risque de progression de 80 %".
Ce traitement est proposé pour l'instant aux patientes chez qui la maladie est plus avancée et qui présentent des métastases. "On va ouvrir la semaine prochaine au centre Georges-François Leclerc un essai mondial de phase 3 pour positionner le traitement en situation précoce, sur des malades non métastatiques", précise le directeur général.
La recherche a fait beaucoup de progrès. On est aujourd'hui avec des traitements de plus en plus efficaces qui permettent de sauver de plus en plus de vies.
Charles Coutant, directeur général du centre Georges-François Leclerc
Des progrès aussi du côté de la chirurgie
Mais les progrès ne se limitent pas aux traitements. La chirurgie également se perfectionne. Les équipes parviennent désormais à éviter l'ablation des seins dans de plus en plus de cas. "C'est important parce qu'évidemment c'est un traumatisme".
Cela passe par deux mécanismes : "soit en faisant un traitement médical avant l'opération pour faire diminuer la taille de la tumeur, soit avec des techniques chirurgicales qui permettent d'enlever un volume mammaire plus important tout en gardant le sein", détaille Charles Coutant.
Lorsque l'ablation est malgré tout inévitable, le recours à la reconstruction mammaire immédiate est désormais plus fréquent. "30 % des patientes à qui on enlève le sein aujourd'hui ont une reconstruction immédiate", indique le chirurgien. C'est un taux deux fois plus élevé qu'il y a trois ans seulement.
Enfin, de nouveaux protocoles dits de désescalade sont mis en place dans certaines situations. Par exemple, chez certaines patientes de plus de 50 ans, la radiothérapie ne se fait ainsi plus de manière quotidienne sur cinq semaines mais sur trois seulement, avec une efficacité similaire.
Le centre Georges-François Leclerc participe à de nombreux essais cliniques relatifs aux cancers, 250 au total. "Mieux connaître la maladie permet de mieux la combattre", conclut Charles Coutant.