"On multiplie nos tâches comme si on était des couteaux suisses" : le Bien Public en grève ce vendredi

Les 40 journalistes du siège du quotidien le "Bien Public" se sont déclarés en grève ce vendredi à Dijon (Côte-d'Or). Une manifestation, également menée dans les journaux "Le Progrès" et le "Journal de Saône-et-Loire", en réponse à la suppression de plusieurs postes dans certaines de ces rédactions.

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À Dijon (Côte-d'Or), la quarantaine de journalistes travaillant au siège du Bien public s'est rassemblée devant le journal. Depuis ce vendredi 1er décembre 2023, le quotidien de Côte-d'Or (Bourgogne-Franche-Comté), propriété du géant EBRA, est en grève. "Possiblement reconductible, selon nos moyens."

Seuls quelques chefs, des CDD et le personnel déjà en arrêt maladie n'ont pas participé au mouvement organisée hier soir par la CGT et le SNJ.

Un bâtiment "pas aux normes"

Cette mobilisation intervient suite à une réunion d'urgence demandée par Pierre Fanneau, PDG de "l'Est Bourgogne Media" (le CSE d'EBRA dans la région) ce jeudi 30 novembre 2023. Un rassemblement exceptionnel, lors duquel le président a annoncé la fermeture de trois postes au sein du Bien Public (BP) et du Journal de Saône-et-Loire (JSL) : deux à l'agence du JSL de Montceau-Creusot-Autun et un au service de montage des pages du BP à Dijon. Une étincelle qui a mis le feu aux poudres pour les journalistes, déjà excédés par plusieurs années "de conditions de travail délétères".

Le bâtiment en lui-même tombe déjà en ruines. Rien n’est aux normes.

Gregory Valloire, journaliste

"Le bâtiment en lui-même tombe déjà en ruine", relève Gregory Valloire, élu au CSE. "Rien n’est aux normes. Il y a des problèmes de climatisation, il y a eu des incendies, des infiltrations, des problèmes de tuyauterie... Et puis on nous entasse dans des salles alors que la moitié des salles sont totalement vides." Un espace de travail qui, selon les syndicats, n'est déjà pas propice aux bonnes conditions d'exercice de la profession, auquel s'ajoute en plus une charge de travail "qui explose".

Déconnexion du terrain

Dans le froid de ce premier jour de décembre, les journalistes du Bien Public brandissent leurs pancartes avec des mines déconfites. En plus du quotidien de Côte-d'Or, deux autres médias détenus par EBRA - Le Progrès et le Journal de Saône-et-Loire - se sont également déclarés en grève aujourd'hui en raison de suppressions de postes similaires... Ce matin, 49 journalistes du Journal de Saône-et-Loire avaient par exemple pris part au mouvement.

Depuis la crise sanitaire, les journalistes font état d'une hausse des arrêts maladie et des burn-out. "On multiplie nos tâches sans en retirer, comme si on était des couteaux suisses", fait savoir Isabelle Decaux. Cette représentante du SNJ atteste d'une perte de sens des journalistes face à leur profession qui se change en "course au clic", empêchant un travail de fond, plus qualitatif.

On reçoit des ordres qui descendent de Lyon et de personnes qui sont coupés de la réalité du terrain.

Isabelle Decaux, journaliste

Une quête de rendements qui peut également faire perdre le contact du terrain, qui est pourtant supposé être "la raison d'être du journalisme de proximité" comme l'indique Isabelle Decaux. "On reçoit des ordres qui descendent de Lyon, venant de personnes qui sont coupés de la réalité du terrain et qui nous font tester plein de choses pour voir ce qui va fonctionner." Des conditions qui ne permettent plus de travailler sur le lien avec la population, qui tend à s'effilocher.

Une dérive vers le "putaclic"

Aussi, lors de la réunion du CSE ce jeudi, les dirigeants ont décidé de mettre en place un "monitoring" constant des articles web... Comprendre par là que les productions des rédacteurs seront analysées ligne après ligne par le logiciel ChartBeat, qui décrypte le moment où les lecteurs et lectrices décrochent du papier, pour chercher "ce qui marche".

Une obsession du nombre de vues que dénoncent également les syndicats : "on ne fera plus que du 'putaclic', des sujets bons pour la rubrique des chiens écrasés qui sont sûrs de fonctionner... Les sujets affinés, qui sont généralement moins lus, on n'en fera plus à ce rythme-là."

Autre crainte des salariés : voir des parties du territoire totalement délaissées si les articles ne fonctionnent pas sur ces zones. "Et puis nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux plans sociaux avec la chute du journal papier", assène finalement la représentante SNJ.

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