Les magasins Noz déstockent massivement les meubles du site anglais Made.com, qui a fait faillite en novembre 2022. Une aubaine pour les uns, un "écœurement" pour d'autres, comme Florent, qui a commandé sur Made.com juste avant la faillite, et n'a jamais été livré.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Trois mois après la mise en liquidation judiciaire de Made.com, un site anglais de mobilier contemporain, les magasins de déstockage Noz ont racheté les stocks de l'entreprise en faillite et les mettent en vente à des prix cassés, jusqu'à -70%. Ce mercredi 15 février à Marsannay-la-Côte, près de Dijon, Noz a été pris d'assaut : "C'était la folie. Avant même l'ouverture ce matin, il devait y avoir 100 ou 150 personnes qui attendaient dehors", témoigne la responsable du magasin, Céline Beaujard.
Un parcours du combattant pour un hypothétique remboursement de 2,5%
Mais parmi les centaines de clients venus faire de bonnes affaires, Florent, lui, était là pour tenter d'obtenir réparation. Il fait partie des milliers d'acheteurs de Made.com, qui n'ont jamais reçu leurs meubles ni pu se faire rembourser à la suite de la faillite de l'entreprise britannique.
"J'ai acheté des meubles en promotion une semaine avant la faillite. Il y en avait pour à peu près 3000 euros."
Florent
Depuis, les démarches relèvent du casse-tête pour Florent. "La société de liquidation mandatée pour Made.com est anglaise, elle envoie des documents en anglais, et propose de se faire rembourser à hauteur de 2,5% seulement. Donc moi, je pourrais toucher quelque chose comme 75 euros, pour 3000 dépensés..."
Pourtant, dans d'autres pays, Made.com a réussi à trouver un accord avec des sociétés de livraison pour honorer ses dernières commandes. "En Angleterre et en Allemagne par exemple, les clients ont réussi à se faire livrer. En France, non."
"Nous, les clients français, on est complètement à l'abandon."
Florent
"On s'est fait complètement flouer par Made.com. Maintenant, on est tous en train de se battre avec nos banques pour essayer de récupérer au minimum une partie de l'argent qu'on a mis." Florent a tenté une première fois d'obtenir un remboursement via sa banque, qui lui a dit que ce n'était pas possible. Depuis, il s'est inscrit sur un groupe Facebook qui réunit d'autres clients victimes de la faillite de Made.com. "Un internaute m'a dit qu'il était à la même banque que moi et qu'il existait un service de contestation, le "chargeback", et qu'il avait réussi à se faire rembourser grâce à cela. Mais il faut le savoir. Je pense que les banquiers ne connaissent pas tous l'existence de cette démarche, c'est plutôt rare."
Les meubles déstockés "ont en fait déjà été payés une première fois"
En attendant de voir si sa réclamation auprès de sa banque fonctionnera, Florent a voulu tenter le coup en se rendant directement au Noz de Marsannay-la-Côte ce mercredi. "Je suis là pour essayer de voir si je peux récupérer des meubles du même modèle que ceux que j'ai acheté." Impossible.
"C'est vrai que Noz fait une très belle affaire. Ce sont de très beaux prix, pour des meubles qui ont en fait déjà été payés une première fois par des milliers de consommateurs." Florent n'en veut pas à Noz mais "c'est un peu l'écœurement de voir ça, parce que le liquidateur judiciaire anglais nous avait dit que tout ce qui avait été payé et en cours de livraison serait bien livré". Sur Facebook, le groupe de clients floués réunit plus de 2200 personnes. Une plainte collective a été déposée par une avocate parisienne au nom d'une trentaine d'anciens clients.