"On s'est servi de moi pour faire de l'argent" victime de Proxidentaire, elle porte plainte comme 73 autres patients

Cela fait quatre mois que le centre dentaire Proxidentaire de Chevigny-Saint-Sauveur est fermé, sur décision de l'ARS. Ce samedi 25 septembre, plusieurs anciens patients se définissant comme des victimes ont manifesté leur colère devant le centre. Le directeur du centre dénonce un "acharnement".

Ils pensaient avoir déniché la bonne affaire. Un centre dentaire bon marché, reconnu par l'ordre, et avec des rendez-vous rapides. Ils en sont ressortis mutilés, blessés physiquement et moralement.

Deux mois après la fermeture du centre proxidentaire, ordonnée par l'Agence Régionale de Santé (ARS), les patients de proxidentaire se retrouvent sans rien. Pas de date de réouverture, pas de prise en charge, juste une procédure judiciaire. 73 plaintes ont été déposées.

Des soins payés mais inachevés

Séverine fait partie des plaignants. Il y a un an, elle se rend chez Proxidentaire pour un rage de dents. Elle en ressort avec sept dents limées et des prothèses provisoires. Des soins payés mais inachevés. Surtout, depuis son passage entre les mains des dentistes de proxidentaire, elle ne peut manger que des aliments mous. Parfois, au milieu du repas, Severine perd ses dents. 

Le jour où nous la rencontrons, comme bien souvent, c'est omelette au menu. "C'est facile à manger, il n'y a pas besoin d'énormément de mastication, raconte-t-elle. Je peux facilement le mettre au fond de la bouche et j'arrive à me nourir à peu près normalement". 

Je pense qu'ils m'ont mutilés et qu'ils se sont servis de moi pour faire de l'argent.

Séverine, ancienne patiente de Proxidentaire à Chevigny-Saint-Sauveur

Des histoires comme celle de Severine, il en existe au moins 72 de plus. Des dents saines arrachées et limées pour Monique, des traitements sur les mauvaises dents pour Sébastien. Des poses d'implants à 1700 euros sur des dents saines arrachées au préalable pour Patrick.

Dentexia : même promesse, mêmes problèmes

Des procédés et des conséquences qui rappelent une autre affaire. Lancé en 2012, Dentexia proposait également des services de soins dentaires bon marché. Mais trois ans après son lancement, en 2015, le centre était fermé pour cause de mauvaise gestion. Dans les faits, des centaines de patients lésés et mutilés, avaient été poussés à contracter des emprunts pour des traitements dentaires mal réalisés ou pas terminés.

Depuis la liquidation judiciaire des centres en 2017, 1500 plaintes ont été déposées par les anciens patients de Dentexia. À l'époque, une association, "la dent bleue" était créée pour venir en aide aux victimes.

Aujourd'hui, l'association s'unit aux victimes de proxidentaire. Son porte-parole était à Chevigny-Saint-Sauveur ce samedi pour témoigner son soutien aux ex patients. 

"Il faut encadrer la création des centres de santé associatifs, propose Abdel Aouacheria, le porte-parole de l'association. Faire en sorte qu'ils ne soient plus dirigés par des professionnels du commerce mais par des professionnels du monde de la santé, ce qui semble évident mais ce n'est pas le cas."

Le directeur du centre médical se défend en attaquant

Face à toutes ces plaintes et à la fermeture de son centre médical ordonnée par l'agence régionale de santé, le directeur, Jean-Christophe Marie, se défend régulièrement points par points, par l'intermédiaire de communiqués.

Il dénonce "un acharnement, un lynchagen dans le seul but d'empêcher le seul centre dentaine régional assurant des soins pour les plus défavorisés dans un rayon de 200 km à la ronde."

Dans un communiqué en date du 25 septembre, il demande la dissolution du "faux collectif " qui, selon lui, "n’a pas été constitué pour défendre les ex patients mais pour servir les intérêts d’ex-salariés agissant avec la complicité du lobby dentaire".

L'Agence Régionale de Santé (ARS) doit se prononcer dans les prochains quant à une éventuelle réouverture du centre. Elle semble largement compromise.

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