Pénurie de carburants : "on court toute la journée !", un livreur d'essence raconte son quotidien

Stéphane, conducteur de camion-citerne en Côte-d'Or, voit ses journées s'intensifier depuis le début de la pénurie d'essence. Si la région n'est pas très impactée par les difficultés d'approvisionnement, les tensions restent fortes à la pompe.

Malgré plusieurs appels et messages, difficile de joindre Stéphane. Il faut dire que le conducteur de camion-citerne enchaîne les livraisons de carburant. "C’est un peu la course en ce moment", admet-il, par un bref sms. Avant de reprendre la route pour une nouvelle station essence.

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Aux difficultés d’approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, s’ajoute désormais le mouvement social des salariés de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. Depuis deux semaines, les grévistes demandent des augmentations de salaires pour faire face à l’inflation, et appellent donc à avancer les négociations salariales annuelles. Cette mobilisation est aussi une réponse aux bénéfices record des géants pétroliers.

10 euros de plein

"Ce matin, j’ai livré une station d’une grande surface, et il y avait tellement de monde que je n’ai quasiment pas pu y accéder pour l’approvisionner", raconte Stéphane, un brin agacé. Entre deux livraisons, le conducteur prend dix minutes pour répondre au téléphone. "En ce moment, on court toute la journée !", justifie-t-il. Stéphane est sur le pont depuis 3 heures du matin.

La crise, ce sont aussi les gens qui la produisent

Stéphane, livreur de carburants

Si la Bourgogne est moins touchée par la pénurie d’essence que l’Île-de-France ou les Hauts-de-France, les files d’attente s’allongent à la pompe, aggravant ainsi les tensions qui pèsent sur les stations essences. Le conducteur du camion-citerne le remarque aussi : "Certains n’ont mis que dix euros d’essence ce matin. La crise, ce sont les gens qui la produisent. Si on arrêtait de s’affoler, aussi…" Il souffle. Dimanche dernier, la station de la Toison d’Or à Dijon a vendu plus de 37 000 litres d’essence, soit la capacité d’un camion-citerne entier. C’est 20 000 litres de plus qu’habituellement.

 Conduire jusqu'à Mulhouse ou Lyon

Les problèmes de ravitaillement concernent aussi les centres de dépôts, où défilent chaque jour les camions-citernes. A Dijon, les deux sites peuvent accueillir "jusqu’à 30 wagons" par jour. "Mais si plus de camions viennent se recharger, mécaniquement, les dépôts se vident encore plus vite, reprend Stéphane. Car on ne va pas attendre qu’un prochain train les ravitaille."

Les conducteurs doivent parfois aller dans des dépôts plus éloignés pour se fournir en carburant, notamment à Mulhouse ou à Lyon. " Et les temps de travail et de conduite ne sont pas extensibles… Donc si nous faisons plus de route, nous allons dans moins de stations essence lors de nos tournées", explique-t-il. Avant de lancer : "Mais on fait le maximum, on ne va pas laisser les gens en panne !"

Stéphane s'arrête, doit prendre l'autoroute. Après un arrêt dans deux stations rurales, puis à Dijon, lui et son camion-citerne se dirigent vers Besançon. Le dernier arrêt de sa tournée.

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