L'annonce a été faite par le Préfet Franck Robine lundi 21 novembre : les bars ne pourront plus rester ouverts jusqu'à 5 heures du matin place de La République à Dijon. Cela concerne 5 établissements, qui bénéficiaient d'une dérogation jusqu'à présent. Les professionnels concernés ne l'entendent pas de cette oreille.
C'est en voulant régler le problème de l'insécurité sur la place de la République que le Préfet de Côte-d'Or Franck Robine a confirmé dans la matinale France Bleu Bourgogne/France 3 Bourgogne, lundi 21 novembre, "mettre fin à la dérogation pour 5 bars de la Place de la République."
5 établissements concernés à Dijon
De nombreuses agressions et faits de délinquance se sont déroulés place de la République depuis cet été. Malgré des mesures mises en place par la Ville de Dijon et la Préfecture (gardiennage des squares de la place la nuit jusqu'à 2 heures du matin), le maire de Dijon François Rebsamen avait évoqué le 7 novembre "une meilleure régulation de la vie nocturne". Pour lui, "il n'est pas normal que l'on puisse manger des kebabs à 4h du matin".
Franck Robine, Préfet de Côte-d'Or a rappelé que "40 % des faits de délinquance ont lieu entre minuit et 5 heures du matin et c’est la raison pour laquelle j’ai demandé plus de policiers systématiquement la nuit."
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5 bars de nuit concernés
5 établissements situés autour de la Place de la République sont concernés par la dérogation leur permettant une fermeture tardive à 5 heures du matin : La Salsapelpa, Le Beverly, La Jamaïque, La Belle époque, Le Smart.
Le Préfet de Côte-d'Or a annoncé que la fin de la dérogation pour la fermeture des bars de nuit prendrait effet « aux alentours du jeudi 1er décembre ».
Pour les gérants des établissements concernés, l'annonce est une mauvaise nouvelle. Le gérant du "Smart" Gérard Gaudin, possède deux caveaux dans son établissement. La mesure est, selon lui, inutile : "Je trouve cela particulièrement injuste, parce que cela ne réglera rien. Si on ne combat pas la délinquance, ça ne réglera rien, ils trouveront d'autres cibles. Une cible à 5 heures du matin ou une cible à deux heures du matin, quelle est la différence ? C'est notre clientèle qui est victime de la délinquance à l'extérieur."
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Des conséquences économiques néfastes
Les professionnels de la nuit disent réaliser dans le quartier entre 70 et 80% de chiffre d'affaire entre 2 et 5 heures du matin. Un manque à gagner aux conséquences économiquement lourdes.
Le gérant du bar d'ambiance "La SalsaPelpa", Carlos Tiago, emploie 9 salariés et 4 agents de sécurité.
En cas d'application de la mesure de fermeture à 2 heures, il prévoit de diviser par deux son nombre d'employés, il craint même pour la survie de son entreprise, un an après la crise Covid : "Nous avons contracté un PGE (prêt garanti par l'État ndlr) pour pouvoir payer nos charges. Ce PGE était calculé sur un chiffre d'affaires jusqu'à 5 heures du matin. Si le chiffre d'affaires n'est plus en face, comment je rembourse mon PGE ? C'est simple à comprendre, économiquement parlant, c'est compliqué !"
Dijon, plus qu'une seule discothèque ?
En cas d'application de l'arrêté préfectoral, Dijon ne bénéficiera plus que d'une seule discothèque possédant l'autorisation de fermeture tardive autorisée pour ce type d'établissement (jusqu'à 5 heures).
Cela pourrait être une aubaine pour son gérant, mais cela risque aussi de faire converger beaucoup de clients, au point où Christophe Le Mesnil, patron du Melkior Bal'Thazar dit "avoir réfléchi avec l'équipe avec un système de pré-réservation de façon à pouvoir accepter les gens. Il n'est pas question que le soir, à deux heures du matin quand on aura un flux énorme, de dire à telle ou telle personne qu'elle peut rentrer ou pas rentrer, sans des conditions. C'est effectivement la meilleure façon d'exacerber les gens et de les énerver."
Alors qu'une pétition en ligne a été lancée pour protester contre la fermeture des établissements de nuit à deux heures du matin, les professionnels sont dans l'attente de la publication de l'arrêté préfectoral.