Depuis son enfance, Thiébaud Derozier s'investit pour sa passion : l'humour, et plus particulièrement le "stand-up". L'an dernier, il a créé en parallèle de ses études la première organisation dijonnaise dédiée à cette pratique : "La récréation stand-up". Rencontre.
"C'est une passion d'enfance qui aujourd'hui m'anime, et que j'ai à cœur de développer ici, à Dijon". Quand il parle du stand-up, Thiébaud Derozier a les yeux qui brillent et la langue bien pendue. "Derrière cet anglicisme se cache une forme d'humour bien particulière, précise le jeune homme de 20 ans. Le stand-up, c'est un humoriste qui s'adresse directement à son public. Il se livre, parle de ses expériences personnelles en blaguant sur des sujets du quotidien qui touchent tout le monde".
L'humour, le natif de Saint-Symphorien-sur-Saône, près d'Auxonne, en Côte-d'Or, veut en faire son métier depuis une dizaine d'années. Pourquoi ? "Mes parents ont toujours été très culture. Mais le point de bascule, c'est lorsqu'à 6 ans, ils m'ont emmené voir un spectacle de Laurent Gerra. C'est là que j'ai vraiment découvert le pouvoir de faire rire les gens. Je ne comprenais pas tout mais je voyais les gens heureux grâce à la performance d'un seul homme. C'était incroyable" se souvient Thiébaud Derozier.
Baptiste Lecaplain, Fabrice Eboué, Kev Adams, etc. En grandissant, Thiébaud regarde en boucle les prestations de stands-uppeur qu'il cite en exemple. "Vers 10 ans, je me suis mis à écrire mes premiers sketchs, que je jouais dans ma chambre avec quelques potes, devant une caméra. J'ai vite pris le virus".
L'adolescent d'alors veut aller vite, et n'hésite pas à pousser les portes des salles de spectacle pour proposer ses services. "Vers 13-14 ans, je venais avec mes petits sketchs et je candidatais pour faire des premières parties. Malheureusement, on me disait sans cesse : "tu es trop jeune, reviens dans un an" ".
Entré au lycée, Thiébaud n'abandonne pas et s'inscrit dans une association d'humour dijonnaise. "Une très bonne expérience, où j'ai pu prendre des cours pour la première fois, rencontrer beaucoup d'artistes, me créer un réseau". Le jeune homme vit en 2018 sa première "scène" en solitaire : "un moment horrible, se remémore-t-il, avec énormément de stress, des crampes d'estomac, l'envie de vomir. Je suis d'un naturel timide, mais une fois devant le public, quel kiff !"
L'étudiant apprend, grandit. Au culot, il commence à vivre des moments forts, comme lorsqu'il assure à 16 ans la première partie de l'humoriste Guillermo Guiz au Kursaal de Besançon, et deux ans plus tard, celle de Tanguy Pastureau à l'Écrin de Talant (Côte-d'Or). "Toutes ces expériences ont confirmé mon envie d'en faire mon métier. Cette proximité avec le public, voir les gens rirent, j'aime ça."
Le confinement vient ralentir son chemin. Mais Thiébaud Derozier en profite pour mûrir un projet de longue date : créer son organisation de stand-up, pour réunir des artistes et populariser la pratique dans la Cité des Ducs.
Ce sera chose faite en février 2022, avec la naissance de "La récréation stand up", en parallèle d'un cursus de management à l'Université de Bourgogne. "On a fait une première scène un mois plus tard. Depuis, on essaye d'organiser des événements réguliers, même si c'est compliqué" confie le jeune homme.
Pourquoi cela ? "Pour pouvoir se produire, je dois contacter des bars pour nous accueillir. Puis une fois que c'est bon, j'essaye d'aller chercher des humoristes pour qu'ils participent à la soirée, énumère Thiébaud. Sans oublier que je joue moi-même dans ces spectacles, donc il faut créer et répéter mes sketchs. Ensuite, assurer la communication de l'événement." Ajoutez à cela les cours, et le programme devient vite chargé.
"Au départ, on tablait sur deux événements par mois. Au final, on en aura fait seulement 4 en un an, mais c'est déjà quelque chose d'important à mes yeux". Important, et novateur dans la ville de Dijon. "Le stand-up vient des Etats-Unis, puis est arrivé à Paris. Ces dernières années, cela s'est développé dans toutes les grandes villes de France. Mais à Dijon, c'est un peu compliqué de fidéliser les gens. On va dire que c'est un beau défi !" s'exclame l'étudiant.
Comment voit-il la suite de son aventure ? "Localement, on veut arriver à organiser au moins deux comedy-club par mois". Et personnellement ? "J'ai toujours envie de vivre de l'humour, donc pourquoi pas monter à Paris, confesse le jeune homme. Mais je ne vous cache pas que c'est très compliqué de faire son trou dans ce milieu. Donc pour l'instant, je ne mets pas mes études de côté".
En attendant, "La récréation stand-up" trace sa route. Prochaine date : vendredi 17 février, à 20h, au Social Bar (16 rue Jules Mercier, 21000, Dijon). "On sera cinq humoristes, dont quatre de la région, qui pendant une heure vont essayer de faire rire des gens. Le bonheur quoi !" conclut Thiébaud Derozier.