Avec l’inflation, la précarité étudiante s’accélère. Ce jeudi 14 septembre, le Crous et l’université de Bourgogne ont décidé d’organiser une "gratiféria", une distribution de nombreux produits du quotidien. Elle a rencontré un sacré succès.
"On est obligés de faire des courses moins souvent". La remarque de Kathy, étudiante en deuxième année de génie biologique à l'IUT, résonne chez de nombreux étudiants de la région. Pour lutter contre une précarité grandissante, le Crous et l'Université de Bourgogne ont organisé une gratiféria, une distribution gratuite de produits du quotidien, ce jeudi 14 septembre.
"La Gratiféria existe depuis cinq ans, car nous nous sommes rendus compte qu'il y avait une forte demande sociale", nous explique Eric Briez, organisateur de cet événement et membre du service développement durable du Crous BFC.
Le Crous s'est donc rapproché de nombreuses associations comme le Lions Club ou la Croix Rouge pour pouvoir offrir des produits de première ou de seconde main. Cette année, les étudiants de tout âge, boursier ou non, peuvent obtenir gratuitement des produits d'hygiène, des ustensiles de cuisine, des vêtements ou des fournitures pour leurs études.
Depuis cinq ans, les opérations solidarités organisées par le Crous ou le pôle solidarité de l'Université de Bourgogne sont souvent plébiscitées. Cette année, la paupérisation estudiantine s'est accentuée. Dans un rapport, l'UNEF Bourgogne a estimé que le coût de la vie étudiante dijonnaise a augmenté de 5,21 % par rapport à l'année dernière.
Une dépense moyenne mensuelle d'un étudiant dépasserait les mille euros. Les bourses ont elles été réévaluées de trente-sept euros, pour atteindre un montant maximal de 633,40 euros par mois. Un montant pas suffisant, donc : plus de 200 personnes sont présentes à 11h, à l'ouverture de la salle Multiplex, au niveau du campus Montmuzard.
"C'est déjà 20% de plus que l'année précédente. Je n'ai pas peur de dire que cela va augmenter jusqu'à 15h. On le voit, beaucoup d'étudiants n'ont plus les moyens. Il y a plus que jamais besoin de ces événements".
De nombreux produits demandés
Doctorante en biologie et boursière par l'État Tunisien, Amani est présent tôt ce matin. Elle a découvert cet événement grâce à l'Instagram du Crous. "Personnellement, j'ai pris des classeurs et des pochettes plastiques pour pouvoir ranger mes cours."
"Je trouve ça utile. Tous ces produits, disponibles gratuitement, c'est incroyable. Avec l'augmentation des prix, je ne pouvais pas me permettre de les acheter dans un supermarché". Un constat partagé par Quentin et Kathy. Les deux étudiants en génie Biologique étaient déjà venus à la Gratiféria l'année dernière. Cette année, cependant, est différente.
"Nous nous sommes pris des produits d'hygiène et des classeurs. Les prix ont augmenté, donc, ce sont des affaires qui sont de plus en plus compliquées à acheter. Cela fait plaisir de les avoir gratuitement !"
Les étudiants dans le besoin peuvent trouver de l'aide auprès de leur camarade. Etu'bien est un dispositif d'écoute entre étudiants proposés à l'Université de Bourgogne depuis février 2022. Coralie Ménard, une des étudiantes relais, estime "qu'elle a rencontré de nombreux problèmes mentaux, comme des dépressions, et des soucis d'ordres financiers."
Valérie Grandet, la présidente du Lions Club Dijon, résume la situation : "on voit bien que les étudiants sont de plus en plus dans le besoin. Ils arrivent en étant timides, ne sachant ce qu'ils vont prendre. Lorsqu'ils ressortent avec le sourire et nous remercient, nous savons que nous avons fait du bon travail".