Sans cours et sans petits boulot, la situation des étudiants est particulièrement difficile. Pourtant, plusieurs étudiants bourguignons logés au Crous voient leur loyer bondir de 60 %. La raison, la rénovation des logements aux loyers les plus modestes. Inabordable pour les plus modestes.
En France, 20% des étudiants vivraient sous le seuil de pauvreté. Une situation qui s’est aggravée en un an en raison de l’épidémie de coronavirus. Pour soutenir tous les élèves d’études supérieures, le gouvernement a alors annoncé que les restaurants universitaires leur offriraient deux repas par jour à un euro chacun.
Une manière de reconnaître les difficultés rencontrées par beaucoup d’entre eux. Mais une fois la nourriture achetée, reste encore à payer son loyer. Et là aussi, les situations peuvent être complexes à gérer pour certains d’entre eux.
C’est le cas de Manon (dont le prénom a été modifié pour garantir son anonymat), étudiante en psychologie à l’université de Dijon-Bourgogne. Celle-ci vit avec 300 à 320 euros par mois. Habitant un logement du Crous, rue Mansart, dans le pavillon Mâcon, elle paye un loyer de 160 euros pour sa chambre "traditionnelle", c’est-à-dire d’entrée de gamme. Mais en raison de travaux qui dureront un an, la jeune femme originaire de Nevers doit quitter son logement d’ici le 31 mars.
160 à 250 euros de loyer
Le Crous lui propose comme solution de déménager dans un autre secteur, celui de Sens fraîchement rénové. Elle y occuperait une chambre de catégorie supérieure, dite "confort individuel", dont le loyer atteint 250 euros par mois. "Je n’ai pas de quoi mettre 100 euros de plus dans mon loyer. Je ne préfère pas tester", explique l’étudiante de 21 ans.
Ils font un bâtiment avec des logements de gamme supérieure. Donc il n'y aura plus de logement traditionnel dans cette résidence.
On entreprend de vastes travaux de réhabilitation, détaille quant à elle Christine Le Noan, directrice générale du Crous Bourgogne-Franche-Comté. On a rénové un certain nombre de résidences. Il nous reste celle de Mâcon. On était sur des modèles de chambres traditionnelles, avec cuisine et sanitaires collectifs. On les transforme en cabines confort qui individualisent les sanitaires". Ainsi, à la fin des travaux, plus aucun logement traditionnel ne sera proposé dans le pavillon où réside actuellement l'étudiante de 21 ans.
Une montée en gamme et en confort qui s’accompagne donc d’une hausse de loyer de 90 euros pour les élèves en université comme Manon. La directrice générale l’assure néanmoins, "cette augmentation est prise en charge par les APL en partie. Ce qui reste à payer, est à charge des étudiants, de manière raisonnable".
50 euros à disposition à la fin du mois
Mais la situation financière de Manon ne lui permet pas de payer 250 euros de loyer chaque mois. "Ce n’est pas possible. Il ne me resterait même pas 50 euros à la fin du mois".
La nouvelle du déménagement et de l’augmentation de son loyer est alors tombée comme un couperet. "Ça m’a vraiment stressée. Ils auraient quand même pu nous laisser partir à la fin de l’année universitaire en mai". D’autant plus que l’étudiante n’a pas été prévenue par le Crous de Dijon lui-même. "On ne nous l’a même pas dit par mail. C’est la femme de ménage qui m’a prévenue !".
Il faut rebondir tout de suite. Je me suis retrouvée seule. Je pense que j'ai eu la chance de trouver quelque chose rapidement.
La jeune étudiante n’a pas accepté de déménager vers une chambre confort à 250 euros. Elle a préféré engager une procédure administrative pour obtenir un logement traditionnel à 160 euros le loyer, dans un autre pavillon du Crous. "Normalement, c’est bon pour moi. Je rentre le 26 janvier. La difficulté, c’était vraiment de trouver un logement tout de suite, le plus rapidement possible".
Comme Manon, 74% des étudiants rencontrent des difficultés financières depuis mars 2020 selon une enquête Ipsos commandée par la Fédération des associations générales étudiantes.