Si l’on en croit certains sondages, les jeunes semblent se détourner de la campagne présidentielle. Figures politiques mises en doute, débats éloignés de leurs préoccupations... A Dijon, ils nous expliquent les raisons de leurs doutes à moins de deux mois du scrutin.
L’abstention, déjà victorieuse de la présidentielle 2022 ? Selon une étude Ipsos menée en décembre dernier, le taux d’intérêt pour la campagne s’élève seulement à 67 %, contre 81 % avant l’élection de 2017. Des chiffres qui traduisent un phénomène de défiance vis-à-vis du système politique.
Parmi les publics les plus éloignés du scrutin national : les jeunes. 64 % d’entre eux trouvent cette campagne inintéressante. 70 % considèrent même les hommes politiques comme corrompus. Dans les rues de Dijon (Côte-d’Or), les témoignages confirment cette tendance.
"La sécurité, l'immigration, ce n'est pas la priorité aujourd'hui"
"Chez les politiques, il y a beaucoup de mensonges. On ne sait rien et on apprend des choses après, les affaires, les mises en examen. Je ne les trouve pas très honnêtes", confie une jeune étudiante croisée à quelques mètres des Halles.
L’ensemble des jeunes que nous avons croisés regrettent surtout lque es thèmes de la campagne soient trop axés sur la sécurité et l’immigration. Beaucoup estiment en revanche que l’écologie, l’éducation ou encore l’économie sont mises de côté.
La sécurité, l’immigration sont des thèmes qui sont trop abordés. C’est important qu’on en parle mais avec la montée de certains partis extrémistes, ça devient les sujets les plus débattus alors que ce ne sont pas les plus importants
Un jeune Dijonnais
"L’écologie, c’est un thème qui doit être abordé par tous les partis, c’est un sujet important qui doit être en pleine lumière", estime un étudiant en master de science politique. "Il y a des réformes qui peuvent changer nos pratiques de demain. En tant que jeune, j’aimerais qu’on parle de tout ça", confesse un jeune homme.
La présidentielle n'est plus épargnée
La distance vis-à-vis de cette campagne présidentielle s’inscrirait dans une défiance plus globale des populations les plus jeunes. En attestent les taux d’absentions lors des régionales 2021 en Bourgogne-Franche-Comté : 65,13 % au premier tour, 63,46 % au second, soit une hausse de 15,7 et 24,6 points par rapport au scrutin de 2015.
"Le désintérêt pour la politique qui se manifeste par l’abstention est observé depuis une trentaine d’années. Cependant, ça avait épargné jusque-là l’élection présidentielle, qui est une élection traditionnellement plus mobilisatrice. Mais depuis la crise du Covid, ces phénomènes de désertion physique ont été démultipliés. C’est la dernière phase du processus qui s’opère aujourd’hui", indique Jean-Vincent Holeindre, politologue.
Et le phénomène semble encore plus prononcé chez les jeunes. "Ils s’intéressent à la politique autrement. Ils vont s’engager pour des causes, par exemple environnementales, à travers l’action mais pas la démocratie représentative. C’est un phénomène qui doit nous interroger".
À ces paramètres, il faut ajouter le contexte d’une campagne avec un président sortant qui n’a pas encore annoncé sa candidature et des figures mises en avant pour leur personnalité et leur capacité à faire le buzz. "La campagne a commencé mais pas complètement. Le débat ne peut pas encore se jouer", conclut le politologue