Les opposants à la réforme du collège descendent dans la rue samedi 10 octobre 2015. Ils sont déterminés à obtenir l'abrogation du texte qui doit être appliqué à la rentrée 2016. Des Bourguignons seront présents à la manifestation à Paris.
L’appel à manifester sera-t-il suivi ?
L'intersyndicale qui appelle à manifester est forte de 14 organisations, dont le Snes, premier syndicat dans le secondaire, et le Snalc, en pointe dans la lutte contre les textes de la rue de Grenelle.Les syndicats se disent déterminés à "combattre cette réforme, obtenir son abrogation et la réouverture de discussions sur d'autres bases".
Le Snes bat le rappel et organise des départs en car de plusieurs villes (Amiens, Dijon, Limoges...) vers Paris, d'où partira la manifestation (à Port-Royal), vers 13h30.
Les précédentes actions (une journée de grève en mai, juin et septembre) avaient été suivies par une partie des enseignants, dans une proportion difficile à estimer en raison du fossé entre les chiffres du ministère et ceux des syndicats. Les rangs de la manifestation pourraient être fournis samedi. L'intersyndicale a appelé parents et élèves à la rejoindre, et les professeurs n'auront pas à renoncer à une journée de salaire comme c'était le cas lorsqu'ils faisaient grève.
Manif contre la réforme du collège à Dijon mardi 19 mai 2015
Qui défilera à Paris samedi ?
Outre les syndicats, le cortège accueillera aussi des représentants de l'UNI (organisation étudiante de droite), du Parti de gauche (fondé par Jean-Luc Mélenchon), de l'association conservatrice SOS Education... Un "attelage baroque", persifle Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, syndicat minoritaire et favorable à la réforme du collège, tout comme le Sgen-CFDT.Dans le public, la FCPE, première fédération de parents, soutient elle aussi la réforme. Mais tous s'inquiètent du plan de formation pour les professeurs.
Bruno Lemaire, le premier à critiquer le projet de la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem au sein des Républicains, ne battra pas le pavé, a-t-il indiqué. "Je ne participe pas à des manifestations. Mais je continue inlassablement à me battre contre cette réforme du collège".
L’accompagnement personnalisé obligatoire, un des axes de la réforme du collège, est expérimentée à Genlis.
Quels sont les principaux points de cette réforme ?
L'enseignement catholique (18% des élèves scolarisés en France) a apporté son soutien à la réforme, "en dépit de ses limites", et l’appliquera, rappelle son secrétaire général Pascal Balmand. Mais là aussi, des parents ruent dans les brancards.Parmi les points principaux de la réforme du collège, il a notamment davantage d'interdisciplinarité (cours mêlant par exemple français et histoire), une autonomie accrue des établissements, une deuxième langue vivante pour tous dès la cinquième, mais aussi la disparition d'une grande partie des classes bilangues (qui la démarrent en sixième), la fin des options latin-grec remplacées par des modules langues et culture de l'Antiquité...
Toutes ces mesures sont destinées à "rebooster" le collège et améliorer l'égalité des chances, dit le gouvernement, alors que les études internationales Pisa pointent régulièrement les failles du système français : l'origine sociale d'un élève pèse, plus que chez nos voisins, sur son destin scolaire.
Mais, le Snes refuse l'autonomie accrue, qui creusera selon lui le fossé entre "bons" et "mauvais" établissements et qui donnera plus de pouvoir au principal, au détriment de l'équipe pédagogique. Il voit aussi dans l'interdisciplinarité un risque d'amoindrissement des savoirs chez les élèves les plus faibles. Le Snalc, lui, prône de scolariser à part les collégiens les plus faibles dans certaines matières, dans un collège non plus unique mais "modulaire".
Une vingtaine d'établissements de Côte-d'Or se sont portés volontaires, dès cette année, pour expérimenter la réforme du collège prévue à la rentrée 2016.