Au deuxième tour des élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay partira avec le soutien des écologistes. La présidente sortante socialiste a fusionné sa liste avec celle de Stéphanie Modde (EELV). Mais sur quel programme ? Tous les désaccords n'ont pas été levés.
Les tractations se sont poursuivies jusqu’au dernier moment mardi 22 juin, y compris après l’annonce de la fusion des listes. La veille, la présidente sortante socialiste, Marie-Guite Dufay, et l’écologiste Stéphanie Modde officialisaient leur alliance. Mais le nombre de postes attribués aux écologistes, jugé trop faible par la base, et derniers ajustements ont manqué de faire échouer l’accord, à quelques heures du dépôt de listes.
Huit sièges et deux vice-présidences
En cas de victoire de la liste de Marie-Guite Dufay, les écologistes sont assurés d’obtenir au moins 8 sièges. Un chiffre qui pourra augmenter jusqu’à 9, voire 10 postes en cas de victoire très large.
Les écologistes obtiendront 2 postes de vice-présidents. L’une des deux portera sur la transition écologique annonce-t-on côté socialiste.
Dans la profession de foi du second tour dont l’impression a été retardée pour s’ajuster aux derniers détails de l’accord, trois mesures nouvelles sont mises en avant :
- Consacrer 1% du budget régional à la biodiversité
- Création d’un plan de transition des métiers vers les filières d’avenir de l’économie verte
- Renforcer les moyens du plan "ambition bio" pour l'agriculture biologique
Trois mesures plutôt consensuelles et assez peu contraignantes pour la majorité sortante. "Ce sera dans le plan de mandat. C’est compliqué de voir ce que l’on va rentrer dedans" reconnait par exemple un membre de l’équipe de Stéphanie Modde au sujet du budget biodiversité. Cela devrait concerner notamment des rachats de forêts.
Un accord sur des désaccords
Mais d’autres mesures font débats. Les dernières tractations ont été compliquées. Finalement, socialistes et écologistes ont listé quatre sujets « irritants » sur lesquels les élus EELV pourront s’abstenir de voter en cas d'élection.
- la phase 2 de la LGV Rhin-Rhône
- le soutien à l’aéroport Dôle-Tavaux
- le soutien à la filière nucléaire
- le soutien aux plateformes de e-commerce
"On a acté nos désaccords. Notre fusion ne nous empêchera pas de redire nos désaccords" prévient le représentant écologiste. "L’accord prévoit un vote systématique du budget chaque année" précise Nicolas Soret, le directeur de campagne de Marie-Guite Dufay. "Quand on fait un accord, ce n’est pas pour autant que l’on tait ses différences. Sur un certain nombre de sujets, ils pourront voter contre."
Pour faire passer certaines mesures si elle est élue, la majorité de gauche devrait donc compter sur le soutien d’autres groupes politiques du futur conseil régional.
Des interprétations différentes
Un accord est d'ors et déjà acté sur certains désaccords. Sur d’autres sujets, les interprétations divergent. C'est le cas sur la réouverture de 600 kilomètres de lignes de train. La mesure était présente dans le programme de 1er tour de Marie-Gite Dufay, mais "pour de nouveaux usages" (trains touristiques, vélotrain, voies vertes...). Selon les termes de l'accord, elle se fera désormais "en priorité pour les déplacements du quotidien en train. Et si ce n’est pas possible pour de nouveaux usages" précise le responsable écologiste. Faut-il imaginer des réouvertures de lignes sur lesquelles circuleraient des TER ? "Je ne voudrais surtout pas laisser penser que ce sera effectivement le cas, nuance Nicolas Soret. "Ces lignes ont été fermées parce qu’il n’y avait plus d’usagers. Il faudra rebalayer le statut de ces 600 km pour vérifier qu’elles ne correspondent plus aux besoins des usagers."
Les discussions ne semblent donc pas terminées. "Il nous reste quelques bonnes nuits de négociations" reconnait-on du côté des élus écologistes.