A Dijon et dans ses environs, les premiers réfugiés ukrainiens sont déjà arrivés. Certains sont dans une résidence, où 60 places sont disponibles. D'autres seront hébergés par des particuliers, qui s'organisent. Nous les avons suivis.
Résidence Abrioux, dans le sud de Dijon. A l’intérieur, des Ukrainiens ayant fui la guerre. Certains sont arrivés en Côte-d’Or dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 mars. Près de la réception, une femme est avec son enfant. Elle ne parle ni français ni anglais, et semble très fatiguée. Difficile pour elle de se confier sur les derniers jours qui ont chamboulé sa vie. Mais elle a désormais un toit, au moins pour un temps.
"Malheureusement, le conflit va durer”, confie Nathalie Koenders, la première adjointe (PS) au maire de Dijon, qui assure que des moyens sont mis en place pour aider ces réfugiés. “Dans un premier temps, l'Etat privilégie d’abord les logements des collectivités locales. C'est le cas de la ville de Dijon. Nous avons mis à disposition plus de 60 places au foyer Abrioux. On sait que ce sont des logements pérennes, qui permettront de faire un accompagnement social”, ajoute-t-elle. Au total, 14 T1 et 7 T2 sont libres dans ce foyer.
Combien faudra-t-il de places à Dijon ? En Bourgogne ? Difficile à dire pour l’instant. En tout cas, le préfet Joseph Zimet, coordinateur de la cellule interministérielle de crise, avance un chiffre de réfugiés ukraniens qui arriveront en France dans les prochaines semaines : “50 000, peut-être 100 000”.
Dans un établissement des Grésilles, 20 chambres disponibles
Au Centre de rencontres internationales de Dijon, à l’entrée du quartier populaire des Grésilles, on se prépare déjà. Son directeur parcourt les couloirs de sa structure, qui dispose de 100 chambres. Il entre dans l’une d’elle. “Ça fait partie de celles qu’on peut mettre à disposition des réfugiés”, explique Thierry Soreau. Celle-ci est prévue pour une famille. Il y a quatre lits, deux douches, le wifi, un espace de rangement. Le linge est déjà prêt.
“La ville nous a demandé quelles étaient nos disponibilités, à court et moyen terme. On a quelques places temporaires : des chambres collectives et des chambres individuelles. On traitera au jour le jour en fonction des demandes que nous aurons”, poursuit le directeur. Aujourd’hui, il pourrait proposer 20 chambres disponibles pour quelques jours, deux semaines au maximum.
Un peu plus bas, à l'accueil, Thierry Soreau essaie de libérer des places au milieu de son planning de réservation déjà bien chargé. “Nous sommes un établissement hôtelier. Nous avons des manifestations, des séminaires, des championnats de France de sport qui se passent chez nous”, précise-t-il.
"Dans quel état psychologique vont-ils arriver ?"
Lui est déjà habitué à recevoir ce public : “On le fait assez fréquemment avec les services de la mairie”, conclut le directeur du Centre de rencontre international. Mais ce n’est pas le cas de Céline et Xavier Boidevezi. Ce couple est installé à Daix, dans l’agglomération dijonnaise. D’ici quelques jours, une famille ukrainienne devrait arriver pour s’installer chez eux. “Ca c’est la première chambre qui est libre en ce moment, c’est la chambre de ma fille qui est étudiante à Paris”, confie Céline Boidevezi, avant d’entrer dans une deuxième chambre disponible.
“Nous allons accueillir une famille : la mère, la grand-mère et deux adolescents, a priori des filles, de 12 à 14 ans. On n’a pas beaucoup d’informations. On ne sait pas d’où ils viennent, s’ils parlent anglais, combien de temps ils vont rester. Pour l’instant ils sont en République tchèque”, poursuit-elle.
Si l’idée d’accueillir des réfugiés ukrainiens est venue naturellement, “en participant à une collecte avec une association”, les questions sont encore nombreuses : “De quoi auront-ils besoin ? Que vont-ils attendre ? Dans quel état psychologique vont-ils arriver ? Comment ça va se passer pour la scolarisation des enfants ? C’est à nous d’aller voir le proviseur du collège de nos enfants et de lui dire ‘tiens on accueille deux Ukrainiennes, il faut les accueillir' ?”, s’interroge le couple.
C'était une évidence pour nous de mettre nos chambres à disposition
Xavier Boideveziparticulier vivant à Daix
Pour Xavier Boidevezi, c’était de toute façon une évidence de proposer cet accueil : “Je pense que c’est un conflit qui nous touche tous. L’Ukraine est à 3h de Paris. J’ai eu la chance d’aller plusieurs fois à Kiev. On a cette proximité et il était évident pour nous de faire quelque chose. On a des chambres de disponibles, c’était une évidence pour nous qu’il fallait les mettre à disposition. On ne sait pas pour combien de temps, mais on verra bien”.