« Sans l’intervention de mon voisin, je ne serais pas là aujourd’hui » : l'enfer d'une Dijonnaise victime de violences

Après avoir vécu le pire, c’est une victoire pour Laura Da Costa, victime de violences conjugales depuis de nombreuses années. Le tribunal judiciaire de Dijon a condamné son ex-conjoint à 2 ans de prison ferme. L'association Les Orageuses s'est mobilisée pour venir soutenir la cause de la victime. 

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Le soulagement après un procès éprouvant. A la sortie du tribunal judiciaire de Dijon, Laura Da Costa, fébrile mais libérée, est entourée de ses proches. Ce mercredi 26 mai, elle est venue témoigner de l’horreur qu’elle a subie. Elle a porté plainte pour violence à six reprises au cours des dernières années. Son ex-conjoint, Allan B., lui a fait vivre un enfer durant plusieurs années, avant de commettre le geste de trop.

 Il tente de l'étrangler puis la frappe contre une barre de fer, devant les voisins

Le 25 avril dernier, Allan B. se rend au domicile de son ex-conjointe, alors qu’il a l’interdiction de rentrer en contact avec elle, suite à de précédentes décisions de justice. Ce jour-là, semble-t-il alcoolisé, il tente par tous les moyens d’avoir une discussion avec Laura Da Costa. Le ton monte entre les deux personnes. L'homme saisit son ex-conjointe par le bras, l’allonge de force sur le lit avant de la frapper et de l’étrangler. Il finit par relâcher son étreinte, ce qui laisse le temps à la jeune femme de 32 ans de s’enfuir par la fenêtre de sa maison et d’alerter ses voisins. Devant eux, l’homme attrape Laura par les cheveux, la frappe contre une barre de fer du jardin et la menace de mort. Un voisin venu au secours de la mère de famille reçoit également un coup de poing au visage. Allan B. est interpellé peu après par la gendarmerie.

21 jours d'incapacité de travail

Sur les photos prises après les faits par la gendarmerie, Laura Da Costa est défigurée. 21 jours d’incapacité de travail lui seront alloués. Elle subit quelques temps plus tard une première chirurgie réparatrice de son nez, fracturé. « Sans l’intervention de mon voisin, je ne serais pas là aujourd’hui », témoigne la victime, tremblante mais digne à la barre du tribunal. Avec courage, elle raconte comment elle a cru vivre les derniers instants de sa vie, ce 25 avril, face à un homme devenu fou.

Ça fait du bien parce que je me suis sentie soutenue et enfin entendue.

Laura Da Costa, victime de violence de son ex-conjoint

Après des années de combat, Laura Da Costa accueille avec soulagement la décision de justice : son ancien compagnon est condamné à 2 ans de prison et deux ans d’interdiction de rentrer en contact avec la victime à sa sortie. Elle confie : « Ça fait du bien parce que je me suis sentie soutenue et enfin entendue. Ce qui est incroyable c’est que lui nie tout en bloc, qu’il n'accepte rien. C’est vraiment ce qui est le plus dur. C’est vrai que s’il avait assumé, ça m’aurait aidé pour pouvoir tourner la page ». Son ex-conjoint a en effet nié l’étranglement et les actes perpétrés sans témoins. Il déclare même avoir "tout fait pour rendre [la victime] heureuse". 

Des antécédents de violence

Allan B. était déjà connu des services de police. Il aurait déjà été violent avec une ancienne compagne, mère de son premier enfant. Durant plus de six ans de vie de couple avec Laura Da Costa, il n'a cessé de maintenir une emprise physique et psychologique sur elle. Il l'éloignait notamment de ses proches et sa famille. Les sœurs de Laura, Marjolaine et Amélie, témoignent : « C’est d’ailleurs ça qui nous alertait. Quand ça faisait un certain temps qu’on avait plus de nouvelles de Laura, on se disait qu’il était revenu, qu’il fallait qu’on reste vigilants. » Après leur séparation, l’homme aurait notamment usé de faux comptes sur une plateforme de vente en ligne pour entrer en contact avec Laura Da Costa.

Une mobilisation pour les femmes victimes de violences conjugales

Plus tôt dans la journée, l’association Les Orageuses s'est mobilisée devant le tribunal pour soutenir Laura Da Costa. Camille (elle n'a pas souhaité donner son nom) explique : "ce que l'on attend du rassemblement aujourd'hui, c'est de mobiliser les pouvoirs publics et les élus sur la question des violences conjugales, parce que malheureusement, il y a encore des femmes qui décèdent sous les coups de leur conjoint. On aimerait leur dire qu'aujourd'hui il y a 43 femmes qui sont mortes depuis le 1er janvier 2021, et que ce n'est pas tolérable. Il faut vraiment mettre les moyens et faire bouger les choses." Des pancartes, avec des noms de victimes en France et en Bourgogne ont été installées devant les portes du tribunal. L'association, fondée en 2019, souhaite mettre en place un chat en ligne pour accompagner les victimes et les aider dans leurs premières démarches.
 

 

Aujourd'hui, quels sont les chiffres ?

Selon l’association #NousToutes, 43 femmes sont mortes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier 2021. En 2020, elles étaient 100 à subir le même sort. D’après la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), 213 000 femmes en moyenne sont victimes de violences physiques ou sexuelles, commises par leur conjoint ou ex-conjoint. Les signalements pour violences sont en hausse de 60%, en raison notamment de la crise sanitaire et des différents confinements.

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