L'université de Bourgogne propose un diplôme universitaire ( DU) d'aromathérapie, destiné aux professionnels de santé. Mais les huiles essentielles ne sont pas sans danger. Olivier Tissot, pharmacien, répond à nos questions.
Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreux à rechercher des alternatives à la médecine traditionnelle. Les médecines douces, naturelles, sont à la mode et l’aromathérapie et les huiles essentielles n’échappent pas à la règle.
La phytothérapie est la plus ancienne des médecines. Les hommes s'en servent pour se soigner depuis la nuit des temps. L’aromathérapie est une branche particulière de la phytothérapie qui utilise les substances odorantes de la plantes.
Les huiles essentielles ne soignent pas que les humains, elles sont aussi utilisées pour soigner les animaux et les plantes.
Mais elles ne sont pas des produits anodins et ce n’est pas parce que c’est naturel que cela ne présente aucun danger. Certaines plantes sont très toxiques et les plus violents poisons se trouvent dans la nature.
Olivier Tissot, pharmacien, s’intéresse depuis de nombreuses années aux huiles essentielles. Il en a même fait une spécialité dans sa pharmacie, à Ornans, dans le Doubs. Aujourd'hui’hui il est responsable du diplôme universitaire (DU) d’aromathérapie de l’université de Dijon, un des rares en France spécialisé en aromathérapie.
Il est l'invité de l'émission "Ensemble c'est mieux !' du 31 janvier 209.
►Qu’est-ce que l’aromathérapie ?
Ce mot vient du grec arôma qui veut dire arôme et therapeia qui signifie soin. L’aromathérapie désigne donc l'art de se soigner par des substances odorantes.
Alors que la phytothérapie utilise directement la plante, cette thérapie utilise les essences des plantes.
Pour cela, il faut des plantes à essences, car toutes ne le sont pas. C’est le cas du pissenlit qui a de nombreux bienfaits mais ne pourra pas se transformer en huile essentielle.
Les plantes sécrétant des substances odorantes sont distillées pour obtenir des huiles essentielles qui sont de puissants concentrés moléculaires.
Même si aucune étude sur l’homme n’a été faite, il existe des études in vitro faites en laboratoire qui ont montré les propriétés de l’aromathérapie. Les huiles essentielles sont notamment actives sur certains virus et certaines bactéries. Les Suisses l’utilisent pour les infections urinaires comme alternative aux antibiotiques. Un moyen pour éviter de consommer trop d’antibiotiques. Leur champ d’action est large : stress, sommeil, anti-inflammatoires…
Le huiles essentielles possèdent de nombreuses propriétés bienfaisantes qui peuvent devenir redoutables si elles sont mal utilisées.
►Existe-t-il une réglementation des huiles essentielles ?
On trouve facilement des huiles essentielles dans différents points de vente : pharmacies, grandes surfaces, marchés...
Mais n’importe qui ne peut pas vendre n’importe quelle huile essentielle.
En France, la vente de certaines plantes, une quinzaine, est très réglementée : la sauge officinale, le thuya, le chénopode… Les études ont démontré que leur toxicité était supérieure à leurs bienfaits et seuls les pharmaciens peuvent les délivrer.
Toutes les autres huiles essentielles sont facilement accessibles. Mais il est important d’avoir recours à un spécialiste car même des huiles essentielles de lavandin ou de menthe poivrée, très courantes, peuvent être dangereuses pour l’enfant et la femme enceinte.
Les huiles essentielles sont donc comme les médicaments traditionnels : elles possèdent des principes actifs, il peut donc y avoir des effets secondaires. D’où, l’importance de prendre conseil auprès d’une personne qui les connaît bien.
Les huiles essentielles sont à la mode. Mais c’est une mode d’un produit thérapeutique, avec des principes actifs qui peuvent être efficace mais aussi toxiques. D’où l’importance d’une caution scientifique. Olivier Tissot, pharmacien responsable DU aromathérapie à Dijon
►Un diplôme universitaire (DU) d’aromathérapie
Alors que la phytothérapie est une branche de la médecine, la formation initiale des médecins ne prévoit rien à ce sujet. Ceux qui souhaitent se former doivent suivre un cursus universitaire supplémentaire.
C’est le cas d’Olivier Tissot qui a fait ses études de pharmacie à Besançon. Par goût personnel, il a suivi le DU de phytothérapie à l’université de Besançon qui aborde un peu l’aromathérapie.
Comme cette spécialité l’intéresse particulièremen, avec deux autres personnes, il a mis en place un DU d’aromathérapie au sein de l’université de Dijon.
En 2014, les premiers étudiants arrivent. Ils sont une vingtaine, un chiffre qui double dès 2015. Aujourd’hui pour accueillir les demandes, il faut organiser 2 sessions par an. Ce diplôme universitaire d’aromathérapie attire des étudiants de toute la France et même des DOM TOM. Il est destiné aux professionnels de santé : médecins, pharmaciens, infirmiers, préparateurs, kinésithérapeute…
Ce DU est un des rares en France à n’enseigner que la science des huiles essentielles. Il s’appuie sur des bases scientifiques et la sécurité des utilisateurs est au cœur de la formation.
►Quelques précautions à respecter
Et si on ne s’adresse pas à un professionnel de santé pour prendre des huiles essentielles, il y a quelques règles à respecter.
Tout d’abord il faut choisir une huile de qualité dont on connaît la provenance et les composés moléculaires. Certaines huiles peuvent masquer des produits dangereux comme des pesticides.
Le meilleur choix ce sont les huiles analysées, dites "chémotypées", un terme qui est mentionné sur le flacon.
Il faut aussi respecter quelques règles de bon sens, comme pour un autre médicament : faire un test sur la peau, respecter la posologie, éviter d’en donner aux enfants et aux femmes enceintes sans avoir pris conseil, respecter les contre-indications…
Et surtout éviter de s’adresser aux apprentis sorciers.