Maux de tête, céphalées, migraines, algies vasculaires, c’est quoi la différence ? Comment les repérer ? Comment les soigner ? Le professeur Yannick Béjot, professeur de neurologie au CHU de Dijon, répond à nos questions.
Il y a mal de tête et mal de tête !
Le professeur Yannick Béjot, chef du service de neurologie au CHU de Dijon, est l'invité de l'émission "Ensemble c'est mieux" du lundi 28 janvier 2019.►Quels sont les différents types de maux de tête ?
Le mal de tête, ou céphalée, est un terme générique qui englobe différentes réalités.
Une personne sur deux, entre 18 et 65 ans, en souffre.
Pour ce qui est de la céphalée classique, que chacun d’entre nous a pu expérimenter, Il s’agit d’un mal de tête diffus que l’on peut enrayer facilement grâce à du paracétamol.
Il existe une classification des maux de tête établie, depuis 1951, par la société internationale des céphalées qui reconnaît 3 types de céphalées :
*Les céphalées de tension : reconnaissables à des tensions au niveau du crâne liéess au stress, à l’anxiété ou au manque de sommeil, à la faim ou à l’abus d’alcool.
*Les algies vasculaires de la face : s’exprimant par des douleurs qui surviennent souvent la nuit, qui partent de l’œil et s’étendent sur le visage
*Les migraines : caractérisées par des douleurs près de l’œil, d’un côté de la tête, qui ensuite se répandent. Elles durent de 4 heures à 10 jours et touchent 3 fois plus les femmes.
15 % de la population souffrant de céphalées ont des migraines.
La migraine est une véritable maladie, souvent invalidante, qui peut durer entre 4 heures et 10 jours si on ne la traite pas. Une pathologie qui nécessite une prise en charge thérapeutique.
►Quels sont les signes avant-coureurs et les déclencheurs de la migraine?
Il peut y avoir des signes avant-coureurs de la migraine. Dans 5 % des cas, les patients se plaignent d’éblouissements visuels qui les gênent. Appelées "aura visuelles", elles surviennent juste avant la crise.
Les changements hormonaux, certaines odeurs, certains aliments comme le chocolat et la charcuterie peuvent être des déclencheurs d’une migraine.
►Y a-t-il des facteurs qui favorisent les migraines ?
Un grand classique pour les migraineux, c’est de tomber malade le week-end. C’est sûrement dû au relâchement. Des études médicales ont bien identifié le rôle du stress dans le déclenchement des symptômes. Les personnes sujettes à des tensions professionnelles ou personnelles ont plus de risques d’en souffrir.
Le facteur héréditaire joue aussi un rôle important dans cette maladie.
Un bon sommeil, une bonne alimentation, tout comme la vie en plein air et l’activité physique réduisent la fréquence des crises migraineuses.
Et même si une bonne hygiène de vie ne guérit pas la maladie, elle permet aux patients d’améliorer leur état.
►Comment traiter les migraines ?
Pour bien traiter une migraine, il faut en premier lieu faire le bon diagnostic. La migraine d’une femme due aux cycles hormonaux ou celle d’un homme souffrant d’algies vasculaires de la face n’auront pas la même prise en charge thérapeutique.
Il existe des médicaments qui peuvent soulager la douleur (les anti inflammatoires non stéroïdiens, les triptans).
Il n’existe pas encore de médicament miracle, mais un traitement de fond permet de réduire de 50 % la fréquence des crises, ce qui change la vie.
L’un des risques pour les migraineux est le surdosage de médicaments. Pour soulager la douleur, ils ont tendance à en prendre trop. Un cercle vicieux où la migraine est déclenchée par l’abus médicamenteux.
Ce surdosage nécessite un véritable sevrage qui peut se faire à domicile ou en milieu hospitalier.
►Quelle est la bonne prise en charge en cas de migraines ?
Les migraines constituent le motif le plus fréquent de consultation en neurologie et pourtant elles restent sous diagnostiquées. Trop de personnes subissent seules leurs douleurs sans consulter.
Dans un premier temps, il faut s’adresser à son médecin généraliste qui pourra traiter la maladie ou adresser son patient à un neurologue si nécessaire.
Pour les cas les plus difficiles, il existe une consultation spécialisée au CHU (centre hospitalier universitaire) de Dijon, avec une prise en charge des malades.
Au cours de l’année 2019, de nouveaux traitements doivent arriver et encore améliorer les conditions de vie des migraineux. Il s’agit de perfusions mensuelles qui ne peuvent être administrées qu’en milieu hospitalier.
Une maladie dont la prise en charge s’est beaucoup améliorée
En 2000, l’hôpital parisien Lariboisière a ouvert le premier centre d’urgence des céphalées en Europe. Depuis 2000-2001, un diplôme universitaire (DU) "migraine et céphalées" permet la formation de nombreux médecins. Le CHU de Dijon est un terrain de stage des étudiants de ce DU.
La création de ce centre d’urgence des céphalées a permis de faire mieux connaître cette maladie et de mieux la prendre en charge.