Témoignage. Deux semaines après l'incendie d'un immeuble à Dijon, un locataire se sent abandonné

Publié le Écrit par Auberi Verne
partager cet article :

Lundi 13 février, un incendie se déclarait dans un immeuble avenue de Langres à Dijon (Côte-d'Or). Neuf familles avaient dû être relogées en urgence. Mais deux semaines plus tard, un locataire accuse Orvitis, le bailleur social, d'avoir abandonné les sinistrés.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Elle a condamné 40 logements." Le souffle court, le visage fermé, Farid évoque, encore amer, la femme qui aurait allumé un feu dans son logement, après avoir menacé une voisine avec un couteau. C'était il y a deux semaines, lundi 13 février, peu après 15 heures. L'immeuble, situé avenue de Langres à Dijon (Côte-d'Or), avait été en partie avalé par les flammes.

Ce jour-là, des dizaines de personnes sont évacuées. Celle qui semble être à l'origine des dégâts est interpellée et immédiatement placée en garde à vue. Mais le mal est fait : au total, neuf familles doivent être relogées en urgence. Farid en fait partie. Le bailleur social, Orvitis, propose alors de prendre en charge ce relogement... "Ce qu'en tant que propriétaire, on n'aurait même pas dû faire", soulignera plus tard Christophe Berion, directeur général de l'organisme.

"Ils nous ont mis dans un hôtel miteux"

Pendant 48 heures, Orvitis fournit un logement aux sinistrés. "Ils nous ont mis dans un hôtel miteux, où les toilettes n'étaient même pas dans la chambre", s'insurge Farid. "On n'a même pas eu à manger, on a dû tout payer de notre poche... Et puis ils nous dit de prendre contact avec nos assurances. Orvitis s'est dédouané." Faux, dit le bailleur social, qui garantit avoir assuré la restauration des victimes pendant l'hébergement.

"Orvitis a avancé les frais pendant les deux premières nuitées et a pris en charge tous les repas du mardi et mercredi. Ensuite, le relais doit se faire auprès des assurances prises par chacun des locataires, pour venir en substitution de ce qu'a fait Orvitis", martèle Christophe Berion. "Mais nos équipes ont été présentes aux côtés de locataires tout au long des premières journées."

Je pense que même les SDF sont mieux traités que ça.

Farid,

locataire d'un des appartements touchés par les flammes

Irrecevable pour Farid, qui s'estime abandonné par le bailleur. "On paye un loyer énorme, une électricité énorme, et quand on a un problème, on ne nous écoute pas." Lugubre, le jeune homme l'affirme : "J’ai énormément perdu niveau financier, matériel. Je pense que même les SDF sont mieux traités que ça."

La femme suspectée d'avoir allumé le feu aurait été signalée plusieurs fois au bailleur

Comble de l'affaire, plusieurs signalements sur la résidente suspectée d'avoir déclenché l'incendie auraient été déposés auprès d'Orvitis. "Mon client et d'autres locataires ont alerté le bailleur social sur le comportement de cette femme, qui était inhabituel. Elle n'était pas très stable psychologiquement", indique Maître Anne-Lise Lukec, avocate au barreau de Dijon, qui représente Farid. Celui-ci s'est constitué partie civile après avoir déposé plainte contre la locataire suspectée d'avoir démarré l'incendie.

Pour l'heure, l'avocate reconnaît toutefois n'avoir consulté aucun de ces signalements. Si l'existence de ces documents devait être avérée, Orvitis pourrait alors être condamné à verser des dommages et intérêts. "Le bailleur social est tenu de s'assurer qu'il y a une certaine tranquillité dans les appartements", souligne l'avocate. Il s'agit en effet d'une disposition prévue par la loi du 6 juillet 1989.

Le bailleur est obligé [...] d'assurer au locataire la jouissance paisible du logement.

Article 6b de la loi du 6 juillet 1989,

relative aux rapports locatifs

De son côté, le bailleur nie avoir reçu des sollicitations de la part des résidents de l'immeuble. "On est remonté jusqu'en 2019 : aucun locataire de la résidence ne nous a remonté de problématique liée à cette personne", soutient Christophe Berion. En attendant, Farid doit regagner son appartement mardi 28 février... "Si je pouvais, je ne reviendrais pas. Mais c'est soit ça, soit la rue."

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité