Le projet s'appelle "Cayenne 1923 - Paroles de Bagnards” et relate les événements du Bagne de la Guyane française. Ces camps et geôles où étaient déportés les prisonniers jusqu'au début du 20ème siècle. Le tournage est réalisé par une équipe dijonnaise.
"Moteur...et action !" Les mots résonnent au coeur du Fort de la Motte-Giron, à Dijon. Les ordres sont ceux de Jean-Baptiste Fauconnier, le réalisateur de cette future série intitulée “Cayenne 1923 - Paroles de Bagnards”. Le tournage du pilote a débuté depuis quelques jours. L'équipe, composée d’une quinzaine de personnes, s’est installée dans les galeries en pierre. “Ce projet de série est une adaptation d’Au Bagne : un recueil d’articles qui a été écrit par Albert Londres en 1924, il y a exactement cent ans”, précise le cinéaste.
Voir cette publication sur Instagram
Un territoire dédié à la punition
A l’époque, Albert Londres a été le premier journaliste autorisé à pénétrer dans l’enceinte du bagne de Guyane. Des pénitenciers extrêmement gardés où étaient envoyés les prisonniers ou les opposants politiques. Le reportage, publié dans “le Petit Parisien”, provoquera un scandale en métropole. Le public découvre alors les horreurs qui y sont commises. “C’était un territoire entièrement dédié à la punition. Avec ses articles, il va initier la fermeture du bagne guyanais et par la même occasion de Nouvelle-Calédonie. Les derniers bagnards remontent aux années 50. Cette histoire est très peu traitée dans les livres”, souligne Jean-Baptiste Fauconnier.
“L’idée c’était d’envoyer à l’autre bout de la terre des condamnés pour les faire mourir”
Jean-Baptiste Fauconnier, réalisateur de la série
Les ouvrages fortifiés du fort de la Motte-Giron représentent d’ailleurs un terrain de jeu idéal pour le metteur en scène : “On cherchait des décors de cellules. Cette ceinture de forts construite au 18ème siècle à Dijon est encore dans son jus (sic) et correspond bien à l’état de délabrement qu’était le Bagne de Guyane”
Le premier épisode raconte les aventures d’Isidore Hespel, un ancien bourreau à présent condamné à mort pour le meurtre de son codétenu. Avec un éclairage sur son parcours et un long passé de criminel derrière lui. Le rôle est incarné par le comédien Thierry Museur : “c'est un personnage d’une noirceur absolue, limite psychopathe. Il a eu la charge d'exécuter cinquante personnes”, explique-t-il.
"Il y a un côté très politique"
La maquilleuse balaie son front avec un pinceau. Les traits sont marqués et les hématomes grisâtres témoignent de la dureté du personnage. “De pouvoir interpréter un bagnard qui a vécu ce drame et ces erreurs de la France est hyper intéressant. Il y a un côté très politique avec tout ce qu’il se passe actuellement avec la remise en cause de la Justice”, conclut Thierry Muser avant d’entrer sur le plateau pour jouer sa scène.
“Où mettons le curseur entre la justice et l’injustice ? Je crois qu’au bagne de Cayenne on était clairement dans l’injustice.”
Thierry Museur, comédien
Plus tôt dans la semaine, des scènes ont également été réalisées à Saint-Apollinaire au Fort de la Redoute. “Chaque épisode sera basé sur le témoignage d’un bagnard. Ce premier pilote va nous servir d’outils pour pouvoir proposer cette série à des diffuseurs et obtenir des financements”, précise Guillaume Pillot.
Il est assistant réalisateur et à la production, mais ce jour-là, il doit aussi gérer une météo capricieuse. Il apporte un parapluie à un technicien chargé de l’éclairage. Les pluies intenses ce jour là n'arrangent pas les affaires de l’équipe de tournage.”On s’adapte. Là on est une équipe de bénévoles mais l’idée c’est qu’on puisse tourner la suite et vivre de notre métier" (rires)
Pour coller à l’ambiance de la Guyanne, certains décors seront recréés grâce à des effets spéciaux numériques. Le montage final du pilote de la série est prévu pour janvier 2025.