Cela pourrait faire partie des mesures annoncées par le Président de la République le12 juillet : la vaccination obligatoire pour les personnels soignants. Au CHU de Dijon, l'idée ne rencontre pas une franche adhésion.
Afin de faire face à la montée du variant Delta du Coronavirus, Emmanuel Macron pourrait annoncer la vaccination obligatoire pour les personnels soignants.
Le Conseil Scientifique avait déjà donné un avis le vendredi 6 juillet, plaidant en faveur d'une vaccination pour tous les soignants et personnels médico-sociaux.
Le taux de vaccination à l'hôpital au-dessus de la moyenne
Selon François Thibaut, représentant CGT au CHU de Dijon, "on est à plus de 70 % de personnels qui sont vaccinés, dont beaucoup de soignants. Dans les 30 % restants, on a beaucoup de personnels techniques et administratifs, qui ne sont pas au contact des patients."
"Je ne crois pas du tout que cela va enrayer l'épidémie"
François Thibaut reste sceptique quant à la portée de la mesure : "ce n'est pas à l'hôpital qu'on attrape le plus le Covid !"
L'explication se trouve selon lui au niveau du manque de personnel : "Il y a clairement une grande responsabilité des pouvoirs publics depuis plus d'un an : aujourd'hui avec la fatigue des personnels et avec les démissions qu'on a enregistrées tout au long de l'année, on a des capacités hospitalières très réduites. On est vraiment sur un phénomène de bouc-émissaire. En réalité, il faudrait aller très vite sur une vaccination systématique, c'est le seul moyen d'enrayer l'épidémie, mais ce n'est absolument pas un élément suffisant que de vacciner uniquement les soignants."
Selon lui, l'émergence du variant Delta pourrait à nouveau remettre les équipes soignantes sous tension : "on ne voudrait pas repartir avec une épidémie qui mettrait à mal nos capacités hospitalières et nous imposerait de nouvelles mesures de restriction beaucoup plus fortes."
Comme les diverses annonces du Ségur de la Santé "n'ont pas été suivies d'actions", des besoins sont "toujours là" à l'hôpital : à Dijon, 30 postes de médecins sont occupés, alors qu'un besoin d'"une cinquantaine" est attendu. "Il nous manque une quinzaine de médecins pour ne pas être en tension."
Les soignants sont "au courant" de la vaccination
Le syndicaliste estime qu'imposer la vaccination aux soignants serait une forme de "pression supplémentaire" sur les personnels : "avant l'épidémie, l'hôpital était un lieu où on était déjà extrêmement vigilant, notamment sur les maladies nosocomiales. De tout temps, c'est pris en compte et très bien géré à l'intérieur de l'hôpital."
En revanche, ce que le syndicaliste dénonce, c'est le "non-sens" de ne pas pouvoir contrôler les visiteurs qui peuvent à nouveau se rendre auprès des patients. "On va demander aux soignants la vaccination obligatoire et en même temps, on va laisser entrer dans l'établissement des personnes dont on ne connaît pas l'état sanitaire."
La réaction attendue aux annonces
Si le chef de l'Etat annonce une vaccination obligatoire, les soignants risquent de se "crisper", car ils estiment subir une "accumulation". François Thibaut rappelle que "les personnels soignants sont des gens très responsables qui ne mettront pas en danger la vie des patients."
Le syndicaliste estime qu'"après la vaccination obligatoire des personnels en Ephad, puis celle des personnels dans les hôpitaux, peut-être que cela va servir d'exemple pour motiver l'ensemble de la population à se faire vacciner !"
Parmi les recommandations du Conseil Scientifique, listées le 6 juillet dernier : "une personne non-vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée"
Alors qu'une quatrième vague épidémique se profile, un tiers des Français de plus 65 ans ne sont pas encore vaccinés.
Dans le détail, 15,52 % des personnes âgées de 75 ans et plus et 14,47 % des 65-74 ans ne sont pas vaccinées contre le virus, même partiellement, selon les données du site CovidTracker.