Fuir son pays en direction de Dijon. N'avoir pas de diplôme reconnu et chercher tout de même à retrouver son métier, mais ici, sur le territoire français. France 3 Bourgogne vous raconte le parcours de deux de ces réfugiés en quête d'un avenir meilleur.
Que faire quand on fuit son pays pour se retrouver en France sans diplôme reconnu ?
Alaa Mohamed-Ahmed était enceinte de six mois de son deuxième enfant lorsqu'elle a dû quitter le Soudan, son pays d'origine en proie à un conflit armé dans lequel sept millions de personnes ont été déplacées. Cela fait quatre ans qu'elle est partie et pourtant, malgré les années, parler de ce qui s'est passé est encore très compliqué.
"Quand je regarde la télévision ou les vidéos de ce qui se passe au Soudan, c'est horrible parce que je me souviens du Soudan d'avant avec ma famille, avec mes amis...", se souvient-elle. Titulaire d'un master, elle était conseillère bancaire à Khartoum. Aujourd'hui, à Dijon, elle veut se redonner les moyens de retrouver le métier qu'elle a laissé.
Deux histoires de vie
Mustafa Sultani était, lui, pianiste quand les talibans sont arrivés au pouvoir. Il a alors fui sa ville, Kaboul avec sa femme et son fils en 2022. "Un jour, j'étais à la maison, les talibans sont arrivés et m'ont dit de ne pas jouer de mon piano. J'en avais un chez-moi, ils l'ont cassé. Je ne pouvais pas racheter un autre piano, je ne pouvais pas continuer mon métier", raconte ce dernier. "J'ai travaillé trois ans comme assistant financier et j'aimerais continuer ici".
Deux histoires de vie qui se croisent et se rejoignent à Dijon. C'est ainsi que tout deux se retrouvent dans une salle de classe un peu particulière. Au menu du jour : une présentation d'exposés sur le pays d'origine de chacun. Dans cette salle de la Burgundy School of Business, il y a de nombreuses nationalités : des réfugiés d'Ukraine ou encore de Syrie. Ils ont des profils variés. Certains sont agronomes, conseillers bancaires ou encore architectes. Mais ici, ils ont tous le même objectif : apprendre le français.
18 personnes participent au programme (Re)Connect
"Quand je suis arrivé en France, j'ai commencé à apprendre le français sur des sites internet, sur Youtube, mais c'est différent", explique Mustafa Sultani. Depuis le mois de janvier, 14 femmes et 4 hommes se sont mis à suivre le programme (Re)Connect sur cinq mois. Leur professeur, Ahmed-Reda Sawan, connait bien leur situation. Il est lui-même un ancien réfugié syrien.
"L'idée de la formation, c'est de les aider à trouver leurs racines, c'est de leur donner leur sécurité : non, ce n'est pas une rupture avec ton passé, c'est une continuité avec ton passé. Ils doivent savoir qu'ils peuvent enrichir l'autre", détaille ce dernier.
Un mentor face aux obstacles
Face à la barrière de la langue et au manque de reconnaissance des diplômes, chacun d'entre eux est accompagné d'un mentor pour les aiguiller dans leurs parcours professionnels. "Tu dois décrocher un stage pour pouvoir t'inscrire à la formation, c'est ça ?", questionne Anouck Clerget, la mentor d'Alaa.
Pour elle, son rôle est majeur. "C'est vraiment leur expliquer comment bien s'intégrer, s'insérer dans la société française et aussi dans le monde de l'entreprise française ". Ici, le but est aussi de créer le déclic pour ne pas qu'ils se démoralisent face aux nombreuses étapes avant d'obtenir le poste qu'ils convoitent.
Ne pas se décourager
"On peut vite se décourager quand on sait que le projet pro ne prendra pas avant trois, quatre, cinq ans... Ça va passer par le fait d'être sûr de ses compétences, qui on est et de savoir ce qu'on veut. Une fois qu'on est partis de son pays, on a voulu survivre et après ça, la question se pose de qu'est ce que j'ai envie de faire de ma vie", termine Céline Soulas, responsable du programme (Re)Connect.
Continuer d'avancer vers le chemin de la réussite professionnelle. Pour Alaa et Mustafa, il faut désormais continuer leurs efforts... Leur route est encore longue pour réussir à s'intégrer complètement dans leur nouveau pays...