Pour de nombreux professionnels des vins de Bourgogne, l'année 2020 s'annonce plutôt gouleyante. Malgré leurs craintes, la crise du Covid les a impactés moins que prévu. Les ventes se sont maintenues, même si les exportations ont reculé dans certains pays.
A la cave coopérative des Hautes-Côtes, située à Beaune, on trouve de quoi faire plaisir à tout le monde ou presque : Bourgogne Hautes-Côtes de Beaune et de Nuits, Pommard, Gevrey-Chambertin, Meursault, Corton, crémant de Bourgogne… Des vins vendus entre 6 et 70 euros la bouteille.
En ce moment, la chaîne d’embouteillage tourne à plein régime.
En 2019, la cave des Hautes-Côtes a vendu pas moins de 3 millions de bouteilles, soit 22 000 hectolitres. L’année 2020 semble partie pour être aussi un bon cru.
Une bonne partie de la production part à l’étranger (Canada, Allemagne, Norvège, Belgique, Royaume-Uni, Japon, Pays-Bas…), principalement vers les pays scandinaves qui ont été moins touchés par l’épidémie de coronavirus covid-19.
"Je ne peux pas parler au nom de toute la profession, car il y a toujours des cas particuliers. Mais, à notre niveau, nous sommes rassurés, car nous avons des chiffres plus qu’intéressants à fin août : on a plus que préservé nos positions sur les huit premiers mois de 2020 ", déclare David Delaye, directeur de la cave des Hautes-Côtes. Il faut dire que "pendant le confinement, les gens ont bu du vin, ils ont bu du vin de Bourgogne", dit-il.
"Cette période a été anxiogène, mais on a essayé de se réinventer, notamment sur la vente numérique, la vente aux particuliers. On était aussi à l’écoute des hôtels, cafés, restaurants et de nos partenaires particuliers pour trouver des solutions. Le fait de ne pas avoir tous nos œufs dans le même panier nous a permis d’atténuer les effets de la période de confinement."
Même si tout va bien, le directeur de la cave coopérative reste prudent. "Comme tout le monde, on suit l’actualité de près. Il y a le covid, il y a aussi un contexte géopolitique dégradé, notamment avec les Etats-Unis. Mais, on reste positifs et les carnets de commandes sont là aussi pour nous encourager", conclut-il.
"La Bourgogne ne s’en sort pas trop mal"
Malgré ce contexte compliqué, "on ne s’en sort pas trop mal", estime aussi Louis-Fabrice Latour, président du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).
A l’export, les ventes ont enregistré un recul de 11,9% en valeur et 4,7% en volume entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2020.
"On souffre un peu aux Etats-Unis (entre -25 et -30%), mais il y a une belle progression en Angleterre et au Canada. Donc, dans l’ensemble, à l’export, la Bourgogne tient bien son rang."
Comment les professionnels des vins de Bourgogne voient-ils l'avenir ?
"Sur le marché intérieur, on a beaucoup souffert pendant le confinement. On était à -20% fin mai. Mais, on se reprend peu à peu. On a eu un assez bel été. Alors, bien sûr, on souffre dans la restauration, mais les cavistes et les ventes en grandes surfaces ont fait plus que compenser cet été les pertes que nous avons subies dans la restauration."
"D’autant que la restauration ne s’en sort pas trop mal à la montagne et sur la côte. Là on nous souffrons, c’est à Paris. Les ventes de bourgogne restent très difficiles dans la Région parisienne."
Dans ces conditions, comment les professionnels du vin voient-ils l'avenir ?
"On vit au jour le jour. On voit bien qu’il y a une reprise de l’épidémie dans pas mal de pays. Mais, on a de bons millésimes en cave. Bien sûr, on finira en légère baisse à la fin de l’année 2020, mais l’image de la Bourgogne est bonne. Donc, on reste vigilants, mais confiants", résume le président du BIVB.
Les vendanges 2020 se sont bien déroulées, avec des volumes normaux en blanc et un peu inférieurs tout de même en rouge, c’est peut-être un point de déception, mais sera un beau millésime.