Lors d'un déplacement ce jeudi 20 avril, Emmanuel Macron a annoncé des hausses de salaires pour les enseignants, ainsi que des augmentations liées à de nouvelles missions. Une initiative qui n'est pas au goût de nombreux professeurs en Bourgogne.
Lors d'une visite dans un collège dans l'Hérault en Occitanie, le président de la République a promis d'améliorer les conditions de travail des enseignants en France. Le chef de l'état promet notamment une augmentation "entre 100 et 230 euros net en plus par mois" pour tous les enseignants. Plus tôt dans la semaine, lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron avait déclaré que l'éducation restait l'une de ses priorités.
Une augmentation qui ne convient pas à Virginie Alvarez, secrétaire départementale du syndicat national des instituteurs et des professeurs des écoles au FO. "Ce n'est pas cette prime qui va rattraper tout le pouvoir d'achat qu'on a perdu, et on ne pourra pas cotiser pour nos retraites", justifie cette professeure des écoles.
Travailler plus pour gagner plus
Secrétaire académique du syndicat des enseignants à l'UNSA, Mathieu Lacroix pense que "la France est en retard sur la rémunération de ses enseignants par rapport aux autres pays d'Europe comme l'Allemagne par exemple. Mais cette prime, c'est de l'argent en plus alors personne ne va refuser", avoue ce professeur d'histoire au lycée Charles de Gaule, à Dijon.
Le président de la République promet également une rémunération supplémentaire si l'enseignant effectue de nouvelles missions, comme de l'aide aux devoirs. Des tâches supplémentaires impossibles pour Virginie Alvarez. "Actuellement, je n'ai pas les compétences pour enseigner la physique chimie à des troisièmes."
Il faut repasser le concours à bac +3. Quand on dit aux jeunes qu'il faut faire un bac +5 et qu'au bout ils vont toucher un peu plus que le SMIC, c'est normal qu'ils soient de moins en moins intéressés par la profession.
Virginie AlvarezSecrétaire départementale du syndicat national des instituteurs et des professeurs des écoles au FO
"Il faut arrêter de penser qu'on travaille 15 h par semaine"
Au-delà d'en avoir les capacités, cette professeure des écoles avoue qu'elle n'a pas le temps pour ces missions supplémentaires. "Ils nous demandent de faire ça le soir après la classe mais ce n'est pas possible. J'en parle avec mes collègues, on nous demande de rajouter une demi-heure de sport mais c'est impossible de la caler quelque part dans la journée."
Il faut arrêter de penser qu'on fait du 15-18h par semaine, alors qu'on est à au moins 40.
Maxime LacroixProfesseur d'histoire au lycée Charles de Gaulle
Un avis partagé par Maxime Lacroix. "On ne commence pas à travailler quand on met la clé dans la serrure de la salle de classe. Il y a toute la préparation des cours, les corrections des copies, le suivi d'orientation des élèves. Ils croient qu'on a du temps libre pour ces tâches et que pour mériter cette augmentation, il faut travailler encore plus."
Virginie Alvarez termine par cette pessimiste conclusion : "la formation des enseignants a perdu en qualité, et cela a forcément un impact sur le niveau général des élèves." Une affirmation que 3/4 des Français rejoignent. 76 % d'entre eux identifient une baisse du niveau scolaire des élèves depuis une dizaine d’année, selon Harris Interactive.