Emmanuel Macron veut sauver l'éducation nationale en 100 jours : "ça fait 10 ans qu'on attend, on n'y croit plus"

Lors d'une allocution le 17 avril, Emmanuel Macron a annoncé des changements majeurs au sein du système scolaire français, notamment sur les conditions de travail des enseignants. Mais en Bourgogne, ces derniers "n'y croient plus".

"Les élèves seront davantage accompagnés en français et en mathématiques pour leurs devoirs, et pratiqueront plus de sport à l'école." Ce sont les mots d'Emmanuel Macron lorsqu'il a évoqué les chantiers autour de l'éducation lors de son allocution du 16 avril. Le président de la République a également promis une meilleure rémunération des enseignants dès la rentrée, ainsi qu'un remplacement systématique des enseignants absents. 

Ces paroles, Florent Lavenet "n'y croit plus". Professeur d'histoire au collège d'Is-sur-Tille, syndiqué au SGEN-CFDT Bourgogne, il assure avoir déjà entendu ces promesses par le passé. "Lorsque la campagne présidentielle a démarré, on nous a promis 10% d'augmentation. Aujourd'hui, on nous demande de travailler plus pour gagner plus." 

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"Personne n'est intéressé par la profession d'enseignant"

Quant aux problèmes de remplacements que connaît l'Éducation nationale, ils ne sont pas près de se régler, selon Florent Lavenet. "Il n'y a personne pour remplacer. Les concours sont passés et les chiffres montrent qu'on ne pourra pas compenser les absences de la prochaine rentrée." Et selon la CFDT, 350 candidats ont passé les épreuves pour 176 postes d'enseignants cette année en Bourgogne. 

Selon le professeur d'histoire, la solution passe par un renforcement de masse mais "plus personne n'est intéressé par la profession d'enseignant aujourd'hui. On a de moins en moins de jeunes qui passent le concours parce que le métier n'est plus attractif."

"On n'est pas assez rémunérés, il y a un problème de mobilité géographique où on peut nous envoyer exercer n'importe où alors que ce n'est pas notre volonté."

Florent Lavenet

professeur d'histoire, SGEN-CFDT

Des absences qui perturbent le primaire

Une réalité qu'on retrouve également dans le premier degré. Enseignante en primaire, Julie (prénom modifié) estime que 50% des absences des enseignants ne sont pas remplacées dans son établissement. "C'est difficile à gérer. On en parle entre collègues pour savoir comment on va faire sur le moment."

Soit les parents peuvent se permettre de venir les chercher et les gardent, soit les élèves sont répartis dans d’autres classes. Mais ça perturbe forcément les élèves et les classes dans lesquelles ils sont intégrés. 

Julie

Enseignante en école primaire

Père d'une fille en CM2, Antoine Delegue est également président départemental de la fédération des conseils des parents d'élèves (FCPE). Et il a beaucoup moins de remontées négatives sur les absences non remplacées dans le primaire. "À chaque fois que l'enseignante de ma fille était absente pour une longue durée, elle a toujours été remplacée", témoigne-t-il. Si le primaire ne souffre pas de ce manque d'effectifs, le secondaire ne peut pas en dire autant. 

Les parents montent au créneau

Également parent de deux jumeaux en première, Antoine Delegue estime qu'il est difficile d'accepter les non remplacements des enseignants des enfants. "La crise sanitaire a entraîné une crise scolaire. Les enfants souffrent d’un manque d’enseignement à cause de ces deux années blanches. Ils ont besoin de temps et d’apprentissage pour rattraper leur retard."

Il y a des matières où il n’y a quasiment pas eu de remplacements. Ils regrettent que leur enfant ait pris cette option. Dans certaines matières, seulement un tiers des cours ont été assurés cette année.

Antoine Delegue

Président départemental de la FCPE

Davantage d'aide aux devoirs à la fin des cours ? 

Le président de la République a également évoqué l'importance du sport et de certaines matières comme le français et les mathématiques dès le plus jeune âge. Et Florent Lavenet, enseignant au collège, constate les carences de nombreux élèves à ce sujet. "L'augmentation du sport à l'école entre en jeu par rapport à l'obésité et la sédentarisation des jeunes."

"Ce sont de vrais besoins en 6ème. Sans le français, vous ne pouvez rien faire. Si ce n'est pas maîtrisé, la scolarité de l'élève va être compliquée. Les mathématiques développent la faculté de savoir raisonner."

Florent Lavenet

Professeur d'histoire au collège d'Is-sur-Tille

Une réalité que rejoint Antoine Delegue, mais à certaines conditions. "Oui c’est important, mais il ne faut pas que ça surcharge les enfants. Il faut supprimer des heures d’autres matières. Cela va dans le bon sens, mais on veut être plus impliqués ou entendus lorsqu’on change le système scolaire en France."

Mais cette volonté d'Emmanuel Macron est impossible avec les problèmes d'effectifs rencontrés par les établissements scolaires. "Qui va se charger de cette aide supplémentaire ? Est-ce qu'on va être payé ? Quand les enseignants auront-ils le temps de s'en occuper ? On nous a demandé de le faire mais on ne sait pas comment on fera", se questionne Florent Lavenet.  

En 2022, un Français sur deux juge que l'école n'est plus efficace, et deux Français sur trois perçoivent l'école comme une institution dysfonctionnelle selon Harris interactive. 

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