Histoires 14-18 : Les cahiers de guerre

Savez-vous qu'en 1915 en Bourgogne, soit à plus de 300 kilomètres du front de Champagne, on a pu entendre le fracas des obus et voir les vitres trembler ? C'est grâce à un "cahier de guerre" que ce témoignage est parvenu jusqu'à nous. 

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Pendant la Première Guerre mondiale, une circulaire du ministère de l'Instruction publique a officiellement mis les instituteurs à contribution pour relater par écrit et au jour le jour, dans des "cahiers de guerre", ce qui se passait dans leur village, dans leur commune. (Circulaire du ministre de l'Instruction publique, Albert Sarrault -18 Septembre 1914)

Il s'agissait de noter les événements liés au contexte de guerre, afin que cela reste en tant que témoignage pour servir plus tard aux historiens, et aussi pour que les générations futures n'oublient pas.

Mais aujourd'hui ces cahiers sont pratiquement introuvables. Le service des Archives départementales de la Charente conserve la collection la plus importante de France : des cahiers rédigés entre 1914 et 1917 concernant 389 communes.

En Côte-d'Or, c'est un conseiller général, M. Montenot, qui a fait cette proposition, en séance, le 27 septembre 1915. Ce conseiller se souvenait de ce qui s'était passé pendant la guerre de 1870.  

J'ai été très frappé que rien ne subsiste, dans les archives des villages, des faits qui se sont passés pendant la guerre de 1870-1871.  


Le conseiller général Montenot a donc relayé la circulaire du ministère de l'Instruction publique, afinque le préfet de Côte-d'Or donne instruction aux maires de faire tenir des "cahiers de guerre" par les instituteurs (qui à l'époque étaient aussi souvent premiers secrétaires de mairie).

Sur ces cahiers devaient être inscrits les noms des hommes mobilisés de la commune, les noms des tués, des blessés, des prisonniers, des disparus. 
Le cahier de guerre de l'instituteur de Courcelles-les-Montbard, est sorti aujourd'hui de l'oubli grâce à l'ouvrage "La vie en Côte-d'Or pendant la Grande Guerre", co-signé par Gilles Vauclair et Didier Callabre, spécialistes de la Grande Guerre en Côte-d'Or. 

Cet instituteur, M. Jobard, a noté que, plusieurs fois pendant le conflit, le bruit du canon a été entendu vers Beaune et Montbard mais également jusqu'à Bourges, Nevers, et Blois. "Un roulement sourd et lointain qui fait trembler les vitres". 

Pendant plus de quatre ans, le vacarme de l'artillerie devait nous arriver par intervalle de Champagne et quelquefois du côté de Belfort.

On pouvait comparer ces décharges et ces explosions à quelque roulement cyclopéen de milliers de tambours, roulement sourd comme un tremblement de terre, ininterrompu, qu'auraient dominé d'instant en instant de formidables coups de taloches sur une grosse caisse, apparemment les déflagrations des pièces de gros calibre
.


Dès 1914, des physiciens et des astronomes se sont penchés sur ce phénomène et ont donné ces explications : le bruit s’entend dans une première zone, dite « zone d’origine », dans un périmètre de 50 kilomètres. Puis l’on trouve une zone de silence, dite « zone d’ombre acoustique » de plusieurs dizaines de kilomètres. Au-delà, le son se propage de nouveau pour aller mourir à une distance de 300 kilomètres de son point d’origine. Ces distances dépendent de l’intensité du bruit et des conditions météorologiques comme la direction et la vitesse du vent, la température ambiante, l’intensité du brouillard, etc…

Voyez cette histoire de la série Histoires 14-18 il y a cent ans proposée par Caroline Jouret, Alain Tixier, Jean-Renaud Gacon, Nicolas Tupinier.
Remerciements à l'historien Gilles Vauclair, et aux Archives départementales de la Côte-d'Or.
 
Source archives : - Archives départementales de la Côte d'Or - Collection privée Gilles Vauclair - Pathé Gaumont ©France 3








 
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