Deux mois après la mobilisation générale en France vient le jour de la rentrée des classes. La date du 1er octobre a été fixée le 18 août par le ministère de l'Instruction. A l'école, le patriotisme, et le soutien aux combattants sont de mise. Toutes les leçons font référence au conflit.
La rentrée des classes en 1914
La guerre a commencé depuis deux mois et déjà des milliers de soldats ont été tués ou blessés.Parmi eux, parmi ceux qui sont sur le front, il y a des instituteurs. Quant aux élèves, tous ont au moins un membre de leur famille mobilisé, si ce n’est plusieurs.
Les bulletins de l'Instruction primaire diffusés en août et septembre 1914 ont invité les enseignants à montrer un comportement exemplaire et, de façon générale, " assurer la continuité de la tâche éducatrice » malgré le contexte politique et militaire.
Le ministre de l'instruction publique, Albert Sarrault, a demandé à ce que le jour de rentrée, dans chaque cité et dans chaque classe, la première parole du maître aux élèves hausse les cœurs vers la patrie et que sa première leçon honore la lutte sacrée où nos armes sont engagées ».
Un esprit de revanche et de reconquête soigneusement entretenu
Depuis la perte de l'Alsace et de la Lorraine en 1871, de nombreux Français rêvent de revanche et de reconquête de ces territoires. Entre les deux guerres, celles de 1970 et de 1914, le patriotisme est très présent à l'école publique. De 1882 à 1892, des "Bataillons scolaires" ont existé dans les écoles de garçons.Les élèves revêtaient des uniformes de soldats, ils apprenaient à manier les armes avec des fusils scolaires, fidèles reproductions des fusils Gras et Lebel de l'époque, et défilaient le 14 juillet comme leurs aînés.
L'esprit de revanche est entretenu en classe, notamment au travers de la lecture.
Un manuel niveau cours moyen « Le tour de la France par 2 enfants - Devoir et Patrie » édité en 1877, est tiré à plus de 7 millions d'exemplaires en 1914.
En 1916, une suite sera éditée: « Le tour de l'Europe pendant la guerre »
Les enseignants ont aussi reçu des instructions pour convertir pour partie les heures de cours en heures de travail manuel pour les filles, notamment en tricot (écharpes ou chaussettes pour les soldats mobilisés). Les instituteurs sont invités à mener des quêtes dans leur commune, accompagnés par les jeunes élèves, pour recueillir des dons de linge»
"Tout est fait pour que l'école soit le centre moral de la patrie" - Albert Sarrault, ministre de l'Instruction, en 1915.
Sources archives :
- Pathé Gaumont
- Archives Municipales de Nantes
- Gallica BNF
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©France 3
La rentrée des classes en 1914 - France 3 Bourgogne -
Présentation : Caroline Jouret - Images: Alain Tixier - Son : Yoann Danjou - Eclairage: Jean-Renaud Gacon
Remerciements:
- Ecole-Musée de Chaudenay-le-Château
- Musée Papotte - 7 rue du moulin à Bligny sur Ouche
En savoir plus:
- Le manuel " Le tour de France par deux enfants"
- Le dossier " 1914-1918 : A l'école comme à la guerre " des archives départementales des Côtes d'Armor