Insultés, moqués, menacés... ces élus locaux quittent les réseaux sociaux : "ça suffit de vomir sa haine"

Samedi 6 janvier, Gaëlle Thomas, une élue municipale de Genlis (Côte-d'Or), a décidé de porter plainte suite à des insultes reçues sur Facebook. Ce phénomène n'est pas isolé : face aux insultes et aux menaces, de plus en plus de représentants locaux décident de quitter les réseaux sociaux

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"Gaucho-bobo caviar et pouffe de base." Ce samedi 6 janvier, Gaëlle Thomas (DVG), une conseillère municipale de Genlis (Côte-d'Or), a reçu l'insulte de trop. Sur Facebook, la ville annonce chaque semaine la permanence des élus pour le week-end. Pour autant, sous ce poste, les commentaires négatifs ont déferlé. Un l'a marqué : "le mot pouffe de base nous renvoie à notre image de femme. Cela me choque." 

Elle a donc décidé de porter plainte contre cet utilisateur anonyme. "Cela suffit de vomir sa haine sur les réseaux sociaux." Cette situation est loin d'être isolée. Plusieurs représentants locaux de Côte-d'Or ont décidé de quitter ces plateformes suite à un déferlement d'insultes. Mais l'une des premières élues ayant pris cette décision ne vient pas du département, mais bien de la capitale.

Le lundi 27 novembre, la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) annonce sur X (ex-Twitter) qu'elle quitte définitivement le réseau social détenu par Elon Musk. Elle y dénonce la tournure prise depuis le rachat de la plateforme, le 27 octobre 2022, par le multimilliardaire sud-africain. "Loin d’être l’outil révolutionnaire qui, au départ, permettait un accès à l’information au plus grand nombre, Twitter est devenu ces dernières années l’arme de destruction massive de nos démocraties."

Un tweet, qui a libéré la pensée de nombreux élus locaux. "Anne Hidalgo a lancé un mouvement et un certain nombre de représentants a suivi derrière. Personnellement, cela a fait partie de ma réflexion au moment où j'ai décidé de quitter X," explique Antoine Hoareau (PS), adjoint au maire de Dijon. Le député de la deuxième circonscription de Côte-d'Or, Benoit Bordat (Fédération progressiste, majorité présidentielle), abonde. "Anne Hildalgo a bien résumé la situation. Elle ne méritait pas de subir ce qu'elle a subi."

Insultes et menaces à foison

Ces deux élus ont décidé, ces derniers mois, de quitter X. Les éléments déclencheurs ont été très distincts : Antoine Hoareau s'était indigné de la présence d'une croix catholique sur l'uniforme d'un policier lors du congrès des maires de France. De son côté, Benoit Bordat avait publié les raisons qui justifiaient son vote sur le projet de loi immigration. Mais les réponses ont été similaires : insultes, menaces, voire des points Godwin à foison.

"Ils ne respectent pas les lois de la République," ajoute l'adjoint au maire de Dijon. "Face à ce déferlement et ce déchaînement, j'ai décidé de clôturer mon compte et de ne pas le rouvrir. Très peu d'habitants de ma circonscription suivent mes actualités et mes votes uniquement sur ce réseau social," explique le député. Antoine Hoareau va dans le même sens.

"Il n'y a pas de vrais gens sur ces plateformes-là. À part des trolls, qui sont des comptes anonymes qui peuvent vous envoyer des insultes, il n'y a pas de vraies personnes."

Depuis, les deux élus sont partis, sans aucun regret. "C'est une forme de libération. On refuse de subir des insultes qui sont inqualifiables," explique Benoît Bordat. De son côté, Gaëlle Thomas n'a pas quitté Facebook. Mais elle a reçu de nombreux messages qui l'ont réconforté. "Il y a une forme d'espoir. Vu la vague de soutiens que j'ai reçus de tout bord, c'est un mal pour un bien."

Antoine Hoareau demande quant à lui un changement dans la loi. "Un organe de presse peut ouvrir des commentaires anonymes sous leurs articles. Mais il est obligé de les modérer car tout ce qui est à caractère discriminatoire peut être mis sous la responsabilité de la rédaction. Aucune modération n'est effectuée sur les plateformes. Pourquoi est-ce que X ne devrait pas être responsable des contenus publiés alors que c'est le cas pour la presse ?" Un changement qui n'est pas encore prêt d'arriver.

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