On s'est entretenu avec les auteurs de Batman : "créer une nouvelle émotion chez les fans"

Ils étaient présents à Dijon ce mardi 30 janvier pour une séance de dédicaces pour la sortie de leur nouvelle BD. Mattson Tomlin et Lee Bermejo, scénariste et dessinateur de nombreux albums de Batman, reviennent sur la difficulté d'écrire un personnage si historique.

Ce mardi 30 janvier, petit événement à la librairie dijonnaise Momie : Mattson Tomlin, scénariste des deux films The Batman et de la série Project Power sortie sur Netflix, et Lee Bermejo, dessinateur de nombreuses bandes dessinées Batman, étaient présents pour une séance de dédicaces.

Ils venaient présenter leur nouvelle BD, A Vicious Circle. Nous suivons un assassin venant du futur, qui cherche à se venger de la personne qui a tué sa famille. Ce synopsis ressemble à l'histoire du célèbre millionnaire de Gotham City, Bruce Wayne. Entretien avec deux figures des albums du justicier masqué.

Est-ce difficile d'écrire un Batman, en 2024, avec toutes les adaptations déjà faites ?

Mattson Tomlin : C'est un personnage qui a plus de 80 ans. Les fans veulent qu'il soit le même, mais ils veulent aussi de la nouveauté. Ces deux sentiments sont constamment en conflit dans la tête des lecteurs. Pour autant, avec Batman, le plus difficile reste de créer une nouvelle émotion chez les fans, mais surtout, chez Bruce Wayne.

Pour Batman Imposteur [l'album écrit par Mattson Tomlin], j'ai décidé d'enlever deux grandes béquilles de Batman : le commissaire Gordon et Alfred. Comme ces deux personnages ne sont pas présents, Bruce Wayne fait face à des situations où il est seul. C'est quelque chose que nous ne sommes pas habitués de voir. Cela crée une nouvelle émotion chez le personnage, mais aussi pour les fans.

Lee Bermejo : C'est simple d'écrire un album de Batman. C'est très compliqué d'arriver à trouver une bonne histoire avec ce personnage. Selon moi, la question qui se pose n'est pas de savoir si je peux réaliser quelque chose avec le personnage, mais plutôt, est-ce que je devrais le faire car il y a plus de 80 ans d'archives.

Donc, il ne faut pas écrire un Batman juste pour l'écrire. Surtout, si tu ne rajoutes pas de l'alchimie entre les personnages.

Est-ce que les changements apportés aux albums de Batman ont été bien reçus par les fans ?

M.T : De mon point de vue, les fans ont réellement aimé Batman Imposteur. La plus grosse critique faite à l'encontre de cet album reste le traitement d'Alfred. Ils ont estimé que ma décision était controversée. Mais, je dois donner du crédit aux lecteurs.

Même s'ils m'ont dit qu'ils n'aimaient pas cette décision, ils la comprennent. Surtout, ils ont rajouté que c'est une idée qu'ils n'avaient jamais vu auparavant. Donc, mêmes s'ils n'ont pas apprécié la décision en elle-même, ils ont reconnu le courage qu'il fallait pour la prendre.

L.B : Lorsqu'on réalise un projet Batman, c'est très simple de penser que c'est un succès immédiat, car le personnage a un public très important. Donc, immédiatement, tu vends de nombreux albums, car c'est Batman. Mais, selon moi, pour réellement savoir si ton album est apprécié, il faut voir l'héritage qu'il laisse dans dix ou vingt ans.

Il faut regarder si les fans apprécient toujours la BD des années plus tard. Mais, pour savoir si l'album a bien marché, je regarde aussi la manière dont il affecte l'univers Batman. Dix ans plus tard, lorsqu'on réalise un autre film sur le personnage, est-ce que je retrouverais des éléments de mon album ? 

Dans vos anciens projets, quels sont les éléments qui vous ont aidé à produire votre album : A Vicious Circle ?

M.T : C'est plutôt simple. Trois éléments sont nécessaires dans n'importe quelles séries, films ou BD que j'écris : un personnage clair, un problème clair et une solution. Donc, un début, un milieu et une fin. Puis, dans chaque scène, je vais essayer d'avoir un personnage avec un objectif, un obstacle et une manière de le dépasser.

Grâce à cela, je vais pouvoir construire une tension qui va monter et monter jusqu'au résultat final.

Après, tout ce qui importe, c'est l'émotion donnée aux fans de l'album

Mattson Tomlin

On peut considérer tout ce que j'ai dit auparavant comme acquis. Parce que le plus important reste de créer de l'émotion.

L. B : A Vicious Circle, c'est le projet le plus difficile que j'ai fait de ma carrière. Je n'ai jamais dessiné la majorité des choses réalisées dans cet album. J'ai même le sentiment d'avoir dépassé tout ce que j'ai fait jusque-là. Par exemple, je suis actuellement sur une double page où est évoquée Gengis Khan, Alexandre le Grand et Napoléon.

Pour moi, cet album est donc un challenge où j'ai réellement dû repousser mes limites.