Epaulés par des juristes de l'environnement, des citoyens s'engagent pour défendre le droit de nos rivières. En Bourgogne, le "collectif des gardiennes et gardiens de la Seine" prône une approche moins utilitariste et moins anthropocentrée du fleuve Seine. Une pétition est lancée.
Rencontre avec Marine Calmet, membre du "collectif des gardiennes et gardiens de la Seine" et présidente de Wild Légal. Elle est aussi juriste spécialiste du droit de l'environnement.
France 3 Bourgogne : en quoi consiste le collectif des gardiennes et gardiens de la Seine ?
Marine Calmet : Le "collectif des gardiennes et gardiens de la Seine" s'est formé grâce à la rencontre d'associations d'hommes et de femmes engagées à protéger la Seine. Au titre de présidente de Wild Legal, et autrice d'un livre intitulé "devenir gardien de la nature", nous avons eu l'idée de nous structurer pour monter ce collectif. En est venue la rédaction d'une charte pour les droits de la Seine.
En quoi les rivières ont-elles besoin d'être défendues ?
M.C : En France et plus largement en Europe, il y a un vrai problème de santé des rivières, qui normalement sont protégées par des dispositions européennes, notamment la directive cadre sur l'eau. Mais malheureusement, nombre d'entre elles sont dans un mauvais état écologique, accéléré par le déréglement climatique, l'artificialisation des territoires et les rejets agricoles. Cette directive cadre sur l'eau, qui est pourtant contraignante pour les Etats, ne suffit manifestement pas. Par notre action, qui doit mener à une plus grande reconnaissance des droits des rivières et des fleuves, nous souhaitons pousser pour compléter cette protection, aujourd'hui inefficace, par des dispositions qui visent à reconnaître ces entités naturelles comme des sujets de droit.
Pourquoi avoir monté ce collectif ?
M.C : Ce collectif, qui s'arrime au mouvement pour les droits de la nature développé par Christopher Stones, milite pour faire reconnaître la nécessité d'un changement de paradigme. Aujourd'hui, il faudrait selon nous ne plus considérer la nature comme un ensemble de ressources exploitables. Par ce mouvement, nous souhaitons sortir de cette logique utilitariste pour concevoir une nouvelle relation qui soit juste et équitable, et qui permette une meilleure cohabitation entre les activités humaines et les besoins fondamentaux de la nature.
Vous avez mis en ligne une pétition. Qu'attendez-vous de cette initiative ?
M.C : Nous souhaitons par cette pétition, qui vise à faire reconnaître les droits de la Seine, récolter les signatures d'un maximum de citoyens pour ensuite aller voir les mairies, les collectivités, les départements, les régions qui sont traversées par la Seine en leur disant "Voilà ce que nous voulons, voilà ce que demandent les citoyens, entendez la voix de la Seine et reconnaissez qu'elle a des droits".
On a une pétition, on a une déclaration des droits de la Seine. On veut tout simplement travailler avec les élus à redéfinir et rassembler tout ce qui concerne la gouvernance de l'eau, une gouvernance qui est aujourd'hui éclatée entre différentes institutions, et il est très difficile d'y voir clair. Il faut proposer un modèle où les citoyens peuvent être plus impliqués.
Où en est votre pétition ?
M.C : Nous sommes à l'heure actuelle une vingtaine de personnes qui espérons essaimer en partant à la rencontre de celles et ceux qui fréquentent ce fleuve et souhaitent devenir les gardiennes et les gardiens de la Seine. La pétition vient d'être lancée et nous avons déjà récolté près de 500 signatures.
Retrouvez leur pétition sur Change.org,et une autre sur Helloasso.