Selon une étude de la FAGE, le premier syndicat représentatif à l'université, parue le mercredi 10 janvier. 20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim. Les étudiants bourguignons ne dérogent pas à la règle.
"Je suis obligé de sauter, la moitié de la semaine, les repas du soir. Certaines fois, je n'ai même pas dîné du tout !" Le début de vie étudiante de Joseph n'est pas celle qu'il imaginait. Cet étudiant est en première année de philosophie à l'université de Dijon, et il est secrétaire général de l'Unef Bourgogne.
Depuis la rentrée de septembre, il doit compter la moindre dépense. "Je suis dépendant des courses que peut faire mon colocataire et des menus au Crous pour pouvoir me restaurer."
En cause : une bourse trop basse pour ses dépenses primaires. "Je touche 400 € grâce aux différentes bourses, et je paye, tout compris, 415 € de loyer en colocation." Il a donc dû couper son nombre de repas dans la semaine.
Ce choix, très contraint, est fait par de nombreux étudiants. Ce mercredi 10 janvier, la FAGE, le premier syndicat représentatif à l'université, a publié une étude intitulée "Bouge ton Crous." Sur les 7 531 personnes interrogées, 19 % disent ne pas manger à leur faim.
Les étudiants boursiers majoritairement impactés
Les boursiers sont 28 % à avoir estimé qu'ils ne mangeaient pas suffisamment. Dans un rapport, l'UNEF Bourgogne a estimé qu'une dépense moyenne mensuelle d'un étudiant dépasserait les mille euros. A contrario, les bourses ont été réévaluées de 37 €, pour atteindre un montant maximal de 633 €.
En conséquence, ils sont nombreux à être dépendant du restaurant universitaire (RU) pour leurs repas.
"Au niveau alimentaire, je suis dépendant des campagnes à un euros ou des campagnes de distribution qui sont organisées"
Joseph, étudiant en L1 de philosophie
Tahani, une étudiante en L1 d'Anglais, ajoute : "le week-end, il n'y a pas le RU, donc c'est tout de suite plus cher et plus compliqué pour se nourrir en achetant soi-même." Elle arrive à gérer son budget grâce à sa bourse et à une aide financière de ses parents. Pour autant, elle se doit de sauter "un repas le samedi et un autre le dimanche."
Au-delà, Joseph rencontre une autre difficulté : avoir une alimentation variée. "Les jours, où, au Crous, nous n'avons pas de chance, c'est compliqué pour moi." Sur leur site internet, l'organisme précise néanmoins que plusieurs partenariats ont été signés avec l'association Bleu Blanc Coeur ou avec WWF pour "proposer des plats issus d'une production durable et responsable."
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Certains sont obligés de prendre un emploi
En conséquence, 41 % des étudiants interrogés affirment avoir besoin de se salarier à côté de leurs études pour vivre décemment. Une réalité également vécue par Joseph Beritzki. Les deux premiers mois de sa vie universitaire, il a travaillé dans une entreprise de restauration rapide.
"C'était assez compliqué. Je ne pouvais pas travailler les jours car j'étais en cours où j'avais besoin de faire du travail personnel. Donc, je commençais à 19h00 et je pouvais terminer à 00h00." Il devait par la suite reprendre les cours, en fin de semaine, à 8H00.
Une situation globale qui n'est pas tenable pour la FAGE. L'association demande l’ouverture de la tarification de la restauration à 1 euro pour tous, mais aussi la construction massive de logements étudiants.