Le premier tour des élections législatives n’a pas mobilisé les électeurs. Entre 45% et 55% des électeurs de Bourgogne-Franche-Comté ne se sont pas déplacés pour voter et choisir leur futur député. On a regardé les chiffres de plus près.
En France, l’abstention a battu un nouveau record au premier tour des élections législatives. 52,49% des électeurs n’ont pas glissé de bulletin dans l’urne électorale, et ne se sont pas déplacés pour voter.
Au second tour de la présidentielle, qui opposait Emmanuel Macron à Marine Le Pen, l’abstention avait atteint 28,01% au plan national.
Dans la région, lors de ce premier tour, il faisait un temps estival, à aller profiter d’un beau dimanche. Certains ont choisi cette option. D’autres ne sont pas déplacés pour voter comme Agnès, qui explique sur la page Facebook de France 3 Franche-Comté, “ je ne crois plus à notre gouvernance malheureusement” dit-elle.
“J’irai le jour où les votes blancs seront comptabilisés. Sinon je ne vais pas perdre mon temps et cramer de l’essence juste pour un vote blanc qui ne servira à rien tout simplement. Et je pense qu’on est très nombreux à penser ça” réagit Jos.
“On n’y croit plus” lance Titi. “On devrait pouvoir le faire par internet” estime Sonia. Pour Angélique, l’abstention s’explique ainsi. “À mon avis, il y a beaucoup de personnes qui sont comme moi, on ne comprend pas la politique, c’est toujours des mensonges et des promesses jamais tenues, on sait pas à qui faire confiance” pense cet électrice de la région.
Les taux d’abstention par circonscription en Bourgogne-Franche-Comté
Dans la région, le taux d’abstention le plus fort se situe dans la 4e circonscription du Doubs où se sont qualifiés pour le second tour Grangier Géraldine (RN) 30,36% devant Barbier Frédéric (LREM) 27,37%. 55,04% des électeurs n’ont pas voté au premier tour.
Le taux d’abstention le plus faible, on le trouve en Côte d’Or, dans la 4e circonscription. Il atteint seulement 45,01%. Dans cette circonscription de Montbard - Châtillon-sur-Seine), le candidat du RN Jean-Marc Ponelle est arrivé en tête avec 21,1% des suffrages exprimés, suivi d'Hubert Brigand, le maire LR de Châtillon-sur-Seine avec 18,2% des voix.
Les taux d'abstention département par département au premier tour des législatives
En Côte-d'-Or
- 21001 : 46,72%
- 21002 : 50,57%
- 21003 : 52,21%
- 21004 : 45,44%
- 21005 : 49,67%
Dans le Doubs
- 25001 : 48,38%
- 25002 : 47,61%
- 25003 : 51,56%
- 25004 : 55,04%
- 25005 : 51,71%
Dans le Jura
- 39001 : 47,29%
- 39002 : 50,31%
- 39003 : 48,1%
Dans la Nièvre
- 58001 : 52,27%
- 58002 : 46,96%
En Haute-Saône
- 70001 : 49,2%
- 70002 : 47,21%
En Saône-et-Loire
- 71001 : 50,46%
- 71002 : 49,53%
- 71003 : 50,03%
- 71004 : 52,16%
- 71005 : 52,99%
Dans l'Yonne
- 89001 : 48,14%
- 89002 : 50%
- 89003 : 51,89%
Dans le Territoire de Belfort
- 90001 : 51,17%
- 90002 : 50,06%
Pourquoi une telle abstention à ces législatives ?
Près de 52% d’abstention en France. "C'est un chiffre historique, c'est la 2ème fois sous la Ve République, hors référendum, qu'à un scrutin national une majorité de Français n'est pas allé voter, c'est absolument vertigineux", déplorait au soir du premier tour le sondeur de l'Ifop Frédéric Dabi.
Jusqu’où l’abstention va-t-elle monter ? Les électeurs français ont-ils fait le deuil de leur devoir électoral ? Ce qui est certain, c’est que d’élection en élection, le taux de participation ne cesse de baisser. On se souvient des régionales de 2021 sur fond de crise covid, 66,72% des électeurs n’avaient pas voté en France !
Une désaffection pour les législatives après la présidentielle
Pour ces législatives, les facteurs sont multiples. Les politologues avancent une explication structurelle à cette nouvelle chute : la présidentielle demeure l'élection reine de la Ve République, la seule qui compte vraiment aux yeux des électeurs, et les législatives, surtout depuis l'inversion du calendrier qui les a placées depuis 2002 dans la foulée de celle-ci, peinent de plus en plus à mobiliser.
Depuis 1993 (30,8%), l'abstention au premier tour des législatives ne cesse de croître et le mouvement s'est encore nettement accentué depuis 2007 (39,6%) et 2012 (42,7%) et surtout depuis 2017 (51,3%).
Pas vraiment de campagne
Ces législatives 2022 ne ressemblent à aucune autre. "La campagne a été extrêmement personnalisée autour de Jean-Luc Mélenchon et d'Emmanuel Macron, donc les électeurs du Rassemblement national ont été un peu plus spectateurs", "l'attractivité d'Emmanuel Macron beaucoup plus faible qu'en 2017" et le fait que "les Français ont jugé massivement que la campagne était inexistante ou décevante" estime le directeur délégué d'Ipsos Brice Teinturier.
La campagne de la majorité présidentielle a été très discrète, alors que la gauche a réussi à s’unir sous la bannière Nupès.