Voilà sept ans que le loto du patrimoine participe à la sauvegarde de sites culturels partout en France. Plus de 2,5 millions d'euros ont été attribués à des sites de Bourgogne-Franche-Comté depuis le lancement du projet. On fait le bilan.
C'est un monument emblématique de Saussy (Côte-d'Or). La tour du village, un édifice en pierres qui contenait un dispositif permettant de puiser de l'eau en aval, et ainsi alimenter le château et les fontaines de la commune. Mais le bâtiment, construit au XIXe siècle, s'est dégradé au fil des ans... jusqu'à frôler la démolition.
"La tour appartient à un propriétaire privé qui n'avait pas les moyens de la sauvegarder", explique Annie Vignal, présidente de l'Association pour la sauvegarde et l'aménagement de la tour de Saussy. "Alors fin 2017, comme on se demandait ce qu'on pouvait faire pour la sauver, on a formé une association. Mais il fallait 200 000 euros, ce qui est très difficile à trouver."
Malgré les efforts du collectif, l'édifice est dans un tel état de délabrement qu'il en devient dangereux. En 2019, un morceau du parapet tombe dans la zone de sécurité, contraignant le maire à prendre un arrêté de péril. "Cet arrêté nous obligeait à démolir et enlever les gravats de la tour", détaille Annie Vignal.
Saussy sans sa tour, ce n'est plus Saussy.
Annie Vignal,présidente de l'association pour la sauvegarde et l'aménagement de la tour de Saussy
Mais après ce curieux coup du sort, le président d'alors du collectif, André Beal, reçoit un appel qui va tout changer. "C'était le 31 août 2020", se souvient-il. "Je reçois un coup de téléphone de la mission du patrimoine qui m'informait que la tour était le monument retenu par la mission pour la Côte-d'Or. Ça tombait parfaitement bien, parce que j'avais justement commencé la convocation des membres de l'association pour la dissolution !"
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L'argent apporté par le dispositif a offert une nouvelle vie au bâtiment. Les travaux réalisés depuis ont permis de colmater les brèches de la façade ouest - la plus endommagée - provoquées par les intempéries. Mais une deuxième tranche de travaux reste encore à mener, qui nécessite, à elle seule, près de 270 000 euros. "Une fois cela fait, on espère pouvoir passer à l'aménagement et la valorisation du site", se projette André Beal, qui se réjouit que son "combat était juste et légitime".
Joyaux architecturaux... et autres
À Beaune, lui aussi a été sauvé par la mission Bern : le théâtre de Verdure. Aujourd'hui, c'est un lieu de passage, parfait pour flâner ou lire, qui fait la joie de bon nombre de Beaunois. "C'est calme, on entend un peu le bruit de la ville mais pas trop", décrit cette jeune fille rencontrée sur place. "C'est surtout très beau et il y a beaucoup de place, on peut se poser tranquillement."
Sélectionné en 2021, le lieu a bénéficié de 278 000 euros de la Fondation et du loto du patrimoine. Une somme qui a permis à la municipalité de reconstruire, presque à l'identique, les bâtiments qui tombaient en ruine. "Il a fallu conforter, car il n'y avait pas de fondations, et supprimer des contreforts qui étaient très laids", énumère Alain Suguenot, maire (LR) de Beaune. "On a refait également toutes les colonnes qui étaient abimées, tout ça en allant chercher des pierres qui correspondaient aux pierres d'origine."
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La Fondation ne veille cependant pas uniquement sur des trésors architecturaux. Lorsqu'elle choisit un monument, elle s'intéresse également au lien social. "Le théâtre de verdure accueille régulièrement des festivals, notamment au printemps", ajoute Alain Suguenot. "Autrefois, c'était un grand lieu culturel de Beaune. L'idée est de redonner à la ville tous ses sites emblématiques."
Chaque année, un site sélectionné dans chaque département
Depuis sa création en 2017, la mission du patrimoine est intervenue sur plus de 80 dossiers en Bourgogne-Franche-Comté. On retrouve, dans la liste, une vingtaine d'édifices religieux, des châteaux, mais aussi des lavoirs et des fontaines. Au total, 2,5 millions d'euros sont investis chaque année.
"On fonctionne avec plusieurs critères. D'abord, l'état de péril des bâtiments, puis le fait que le projet est prêt à être engagé ou non", précise Jean-Christophe Bonnard, délégué régional de la Fondation du patrimoine. "Enfin, on considère l'intérêt patrimonial et le lien social que le projet génère. C'est à une commission formée par le ministère de la Culture, le président de la Fondation et la Française des Jeux que revient le choix final."
Cette année, les quatre sites sélectionnés en Bourgogne pour le loto du patrimoine sont la villa 1892 et son parc à Vanvey (Côte-d'Or), la grange aux dîmes de Marzy (Nièvre), la maison commune de Montceaux-Ragny (Saône-et-Loire) et l'église Saint-Jean de l'ancien hôpital de Sens. Les détails sont à retrouver dans cet article.
► Avec Alexandre Debray et Guillaume Desmalles