Avec son ton à la fois ferme et rempli d'humour, Fadila Khattabi s'est affirmée comme l'une des révélations politiques de la semaine dernière. Celle qui a dirigé les débats sur la réforme des retraites à la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale entre le 30 janvier et le 1er février revient sur sa mission et ses petites phrases qui ont fait le tour des réseaux.
C’est la révélation politique de ces derniers jours. Présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Fadila Khattabi a été la gardienne du temple, celle qui a dû assurer la bonne tenue des échanges sur la réforme des retraites entre le 30 janvier et le 1er février dernier.
Un exercice dans lequel la députée de la 3ème circonscription de Côte-d’Or a fait preuve d’un certain sens de l’humour, invitant par exemple les députés à "ouvrir leurs chakras" au moment de débattre.
"Des parlementaires très dissipés"
"C’était une semaine assez chaude. Nous avons démarré l’examen du projet de loi sur les retraites. C’est un projet phare de ce quinquennat. La commission a été envahie d’élus de la NUPES. On a fait un démarrage difficile dans une ambiance électrique".
Résultat, sur les 7 000 amendements déposés, environ 400 ont pu être étudiés par l’organisme de l’Assemblée nationale. "J’étais face à des parlementaires très dissipés. Il fallait ramener le calme dans une ambiance surchauffée. Il y avait beaucoup d’obstructions, de redites, de paraphrases. Parler parfois pour ne rien dire et pour ne pas arriver au sujet qui nous préoccupe et préoccupe les Français. C’est passé à la trappe et je le regrette", dénonce-t-elle.
C’est une classe très turbulente. J'ai souhaité qu’il y ait une bonne tenue, dans une bonne ambiance.
Fadila Khattabi, députée de Côte-d'Or
Stylo en main, invitant les parlementaires à se taire d’un petit coup sec sur son micro, ton légèrement professoral, Fadila Khattabi n'a pas hésité pas à taper du poing sur la table et à recadrer les parlementaires lors des débats. La députée de Côte-d’Or a également enchaîné les punchlines. "Ouvrez vos chakras et taisez-vous", "On n'est pas dans une cour de récré'", "J'ai entendu 'retourne à la buvette', là ça ne passe pas. C'est quoi ça ?!". Avec un art de la petite phrase que l’ancienne professeure d’anglais présente comme naturel et pas calculé.
Ancienne professeure d'anglais
"J’ai toujours été comme ça. J’ai toujours eu beaucoup d’humour. Il me fallait contenir tout ça avec de la fermeté et de l’humour. J’ai été un peu surprise moi-même. Je préside cette commission depuis juillet 2020, j’ai toujours mené les choses de cette manière. Beaucoup de mes collègues parlementaires m’ont félicité de la manière dont les débats ont été menés pendant ces trois jours".
Toujours est-il qu’à travers ces trois jours de débat sur la réforme des retraites, la députée de Côte-d’Or a réussi à se faire une petite renommée au niveau national. L'émission Quotidien s’amusant à compiler ses meilleures saillies et recadrages pendant les échanges à la commission. "L'important pour moi, c'était qu'il y ait débat et du contre débat. J’ai tenu à ce que ça se fasse dans le respect mutuel des uns et des autres. Des fois c’était chaud et tendu".
Après les trois jours d'échange à la commission des affaires sociales, le texte de loi sur la réforme des retraites est débattu depuis ce lundi 6 février à l’Assemblée nationale. Les discussions devraient prendre fin le 17 février prochain.
Fadila Khattabi, qui est intervenue au perchoir pendant les premiers jours du débat, a expliqué avoir reçu à sa permanence "un courrier menaçant ma famille, mon domicile et avec de la poudre blanche, ce qui n'est pas anodin". "C'est déplorable d'intimider la représentation nationale que nous sommes", conclut-elle.