"Oui, je me sens stigmatisée" : à cinq jours de la présidentielle, le port du voile revient dans le débat et divise les Dijonnais

Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, veut interdire le port du voile dans la rue et l'ensemble de l'espace public. Une proposition qui divise les Français et Dijon ne fait pas exception.

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C'est un point du programme de Marine Le Pen qui revient sur le devant de l'actualité, à cinq jours du second tour de l'élection présidentielle. La candidate du RN compte, si elle est élue, interdire le port du voile islamique dans l'espace public, comme l'a confirmé Jordan Bardella, le président du RN. Qu'en pensent les Dijonnais ?

"C'est un choix de porter le voile, pas une obligation"

Réponse de cette senior dijonnaise qui porte le voile, rencontrée par France 3. "Moi, ça me poserait problème. C'est un choix de mettre le voile, pas une obligation. On peut décider de mettre le voile du jour au lendemain. Mais les personnes d'un certain âge comme moi, qui ont décidé de porter le voile, ne vont pas s'amuser à l'enlever maintenant."

"Moi je trouve que ça ne change rien qu'on porte le voile ou non. Ce n'est pas de l'islamisme, simplement de la religion. Ça ne veut pas dire qu'on va entrer chez les islamistes ou suivre le mauvais chemin. On ne pose pas de problème."

"Marine Le Pen en fait un argument politique, mais le voile n'est pas politique."

C'est aussi ce qu'estime cette Algérienne de 71 ans, arrivée en France à l'âge de 11 ans. "Le voile n'est pas une obligation. Marine Le Pen en fait un argument politique, mais le voile n'est pas politique. Si elle est élue ? Ça ne va pas arranger les choses. Moi, je garderai mon voile. Je me sens stigmatisée. Je pense que toutes celles qui portent le voile se sentent visées."

"Il y a des lois, la séparation de l'Eglise et de l'Etat"

D'autres ne sont pas du même avis. Ainsi cet homme, croisé au marché de Dijon précise : "cette proposition de Marine Le Pen, je n'en pense rien du tout. Il y a des lois, la séparation de l'Eglise et de l'Etat : d'un côté la religion, de l'autre les lois. Dans d'autres religions, en particulier chez les israélites, on respecte le fait que dans la rue, on ne se montre pas. On est en France donc on respecte la France, c'est la laïcité avant tout", estime-t-il. 

"Oui, le voile devrait être interdit dans l'espace public"

Même son de cloche chez cette retraitée de l'éducation nationale. "J'étais dans une école laïque, donc aucun signe distinctif, c'était normal. Pour moi, oui, le voile devrait être interdit dans l'espace public, au même titre qu'on n'autorise pas les autres." Nous lui faisons remarquer que la kippa, par exemple, est tout à fait autorisée dans la rue. "Oui, mais on n'en voit pas beaucoup. Ils sont discrets", juge-t-elle.

"Chacun est libre de s'habiller comme il veut"

D'autres Dijonnais n'adhèrent pas du tout à l'idée d'interdiction du voile. Cette maman de 46 ans - non voilée - avec sa fille : "Chacun est libre de faire ce qu'il veut, on est le pays des libertés. Nos anciens se sont battus pour ces libertés. Je pense que dans l'espace public, chacun est libre de s'habiller comme il le veut. L'interdiction, je ne suis pas pour."

"Le voile est une liberté à partir du moment où il est un choix réfléchi"

Cheveux gris coupés courts, cette autre Dijonnaise qui arpente les Halles de Dijon estime qu'il faut avoir un débat bien plus apaisé autour du voile. "Je suis profondément féministe, mais le voile est une liberté de chacune, à partir du moment où il est un choix libre et réfléchi. C'est une question importante, elle doit être traitée avec une approche démocratique, réfléchie et pesée."

57% des Français favorables à l'interdiction, selon un sondage

C'est à l'échelle de toute la France que le port du voile divise les opinions. D'après un sondage de l'IFOP publié fin mars 2022, "la proposition d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen d’interdire le port de tenues ou de signes religieux ostentatoires dans la rue et l’espace public est approuvée par 57 % des Français".

Du côté du Rassemblement national à Dijon, c'est silence radio. Les militants nous ont confié ne pas être autorisés à évoquer le sujet du voile devant nos caméras. Un droit qui revient aux seuls responsables nationaux de la campagne de Marine Le Pen.

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