Précy-sous-Thil : encore une année sans médecin ?

La commune de Précy-sous-Thil en Côte-d’Or recherche un second médecin généraliste depuis deux ans. Afin d’accélérer les choses, elle le fait savoir sur une grande banderole, accrochée au dessus de la route départementale, à la façon d’un message publicitaire.

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8 mètres de long, 2 mètres de haut. Le message est clair : "Recherchons second médecin". Depuis plus de 2 ans, la commune de Précy-sous-Thil, en Côte-d'Or, n’a plus qu’un seul généraliste, et elle s’inquiète de revivre encore le même scénario en 2022. La municipalité se sert d’une banderole géante pour faire passer le message.

 

Celle installée au dessus de la route départementale en fin d’année n’a pas tenu. La municipalité prévoit d’en installer une deuxième la semaine prochaine, au même endroit et avec exactement le même message. "Pour nous c’est un endroit stratégique", raconte Martine Eap-Dupin, maire de la commune. "Plus de 2 000 véhicules empruntent cet axe chaque jour, et c’est le seul moyen de toucher un maximum de personnes. On appelle cela faire le buzz, ou même compter sur le bouche à oreilles ; mais on en a trop besoin pour retrouver de la sérénité dans la commune" insiste l’élue.

 

Un local est déjà réservé au futur médecin

 

A Précy-sous-Thil, le médecin généraliste parti à la retraite en 2020 n’a jamais été remplacé. "La situation est extrêmement tendue, surtout en période de crise sanitaire. L’actuelle médecin que l’on a ne peut pas absorber tous les patients à elle toute seule" reprend Marine Eap-Dupin. "Alors la collectivité fait son maximum pour faciliter l’installation du deuxième généraliste". En effet, la mairie loue un cabinet médical depuis un an, pour être sûre de l’avoir à disposition dès qu’un intéressé se fera connaître. "Ce sont des locaux neufs, que nous louons 400 euros par mois. Je n’ai pas honte de le dire, nous payons à perte pour l’instant, mais c’est un choix assumé car c’est un argument pour que le second médecin puisse s’installer d’emblée et prendre ses fonctions aussitôt" déclare l’édile.  

 

Fausse joie dans l’été

 

Ces arguments ont déjà eu une certaine résonance cet été. Une jeune médecin généraliste s’est faite connaître, très intéressée par cette offre de santé à Précy-sous-Thil. "Nous avions enfin une lueur d’espoir. Mais la jeune femme n’a pas pu acquérir la maison qu’elle souhaitait dans la commune alors elle est revenue sur sa décision" indique la maire. Il s’agissait là de la seule candidature reçue en 2 ans… Mais la première élue reste optimiste : "si nous avons déjà trouvé une intéressée une fois, je pense que d’autres médecins pourraient l’être aussi tôt ou tard".

L’exemple de La Roche-en-Brenil

 

A quelques kilomètres de là, en revanche, à La Roche-en-Brenil, l’année démarre bien. Le maire peut se targuer d’avoir retrouvé une médecin généraliste. "C’est une employée de la commune, que l’on embauche à mi-temps pour l’instant, et d’ici juin, elle sera rejointe par une autre praticienne" explique Joël Soilly.

"Ça a démarré sur les chapeaux de roues pour moi ce lundi, 18 patients, pour un premier jour, c’est énorme !

Agathe Debray, médecin, employée par La Roche-en-Brenil

 

Le cabinet de santé est installé dans la mairie, du lundi au mercredi. "D’après moi, la meilleure solution, ce n’est pas de mettre une banderole mais de sillonner les routes de la région, à la recherche de la bonne personne" reprend le maire. Il s’est ainsi rendu à Sens, à Domats, à Saulieu, et dans plusieurs cabinets médicaux pour exposer la situation aux médecins en poste. Solution efficace, depuis lundi, le docteur Agathe Debray reçoit désormais des patients à La Roche-en-Brénil.

 

"Ça a démarré sur les chapeaux de roues pour moi ce lundi, 18 patients, pour un premier jour, c’est énorme ! Mais j’en suis très satisfaite" témoigne la médecin. "Le téléphone a sonné toute la journée, les créneaux d’urgence ont tous été pris également. J’ai bien senti que les gens étaient contents et rassurés d’avoir un médecin qui s’installe enfin."

 

Un carnet de consultation plein jusqu’en février

 

Si le docteur Debray n’est embauchée qu’à mi-temps, c’est par prudence. Le temps de s’assurer que l’acclimatation se fait bien dans la commune, et que les patients soient suffisamment nombreux. Une crainte à minimiser lorsque l’on se penche sur le carnet de rendez-vous, déjà rempli jusqu’en février prochain.

 

"C’est un système particulier, car en réalité, c’est à la mairie que les patients payent leurs consultations. Nous sommes ensuite subventionnés par l’Agence Régionale de Santé pour reverser un salaire aux deux médecins embauchées. Donc ce ne sont pas des médecins libérales, mais ce fonctionnement nous a aussi permis de créer un poste de secrétaire médicale » détaille Joël Soilly.

 

"Moi ce qui m’a décidé, c’est clairement ce statut de salariée, confie  Agathe Debray. Je n’ai rien à faire si ce n’est gérer l’aspect médical des patients. Et que j’en reçoive 18 ou 25, j’aurai le même salaire à la fin du mois. C’est très confortable de ne pas être payée à l’acte comme un médecin libéral" assure-t-elle.

 

A La Roche-en-Brénil, hier, c'était donc le soulagement. Pourtant le maire ne crie pas victoire, les prochaines années risquent d'être tout aussi difficiles. "Je sais que la situation se dégradera à nouveau dans quelques temps. Quarré-les-Tombes et d’autres villages alentours perdront bientôt des médecins. La pénurie de généralistes reste un problème constant en milieu rural et il continuera d’impacter tout notre canton dans les prochaines années"

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