Procès pour infanticide à l'insuline : Sylvie Wojcik condamnée à 10 ans de prison

Ce jeudi 29 juin, Sylvie Wojcik comparaissait aux assises de Côte-d'Or à Dijon, pour avoir empoisonnée ses deux filles en 2019. L'une d'elle, Lana, n'a pas survécu. L'avocat général avait demandé 12 ans de réclusion criminelle pour l'accusée. Sylvie Wojcik est condamnée à 10 ans de réclusion criminelle.

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Les faits se sont déroulés en novembre 2019 à Is-sur-Tille (Côte-d'Or). L'accusée avait alors tenté de mettre fin à ses jours, après avoir administré de l'insuline à ses deux filles âgées respectivement de sept et neuf ans. La plus jeune, Lana, admise en urgence à l'hôpital de Dijon, avait succombé quatre jours plus tard.

Sylvie Wojcik, placée en détention après le drame, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son procès devait avoir lieu en novembre 2022. Mais le procès avait été renvoyé, l'accusée ayant dû être hospitalisée après une grave crise due des troubles psychiatriques. 

Le déroulé du procès : 

Vendredi 30 juin : Après délibération, Sylvie Wojcik est condamnée à 10 ans de prison et de privation d'autorité parentale.

16h30 : La cour s'est retirée pour délibérer. Elle reviendra pour donner le verdict du procès dans la soirée ou vendredi.

16h20 : Sylvie W. s'est ensuite directement adressée à la partie civile. "Je suis désolée, je leur demande pardon et j’espère qu’ils vont continuer d’avancer, de vivre. Lana est dans chacune des personnes qui pensent à elle et qui l’aime. Je ne peux pas changer ce que j’ai fait. Si je pouvais prendre sa place, je la prendrais. Je veux juste qu’aujourd’hui, elle repose en paix." Des paroles qui ont touché certains membres de la partie civile, ne pouvant retenir leurs larmes.

Cela va faire quatre ans et on a tous souffert. Je pense que tout le monde a besoin que je sois jugée et moi la première.

Sylvie W.

Accusée

"Je n'attends pas qu’on me comprenne, je suis là parce que ma condamnation est importante pour la suite. Cela fait trois ans que je suis en prison, mais je n'ai pas l’impression de faire ma peine. Je commencerais à la purger quand je serais jugée", ajoute-t-elle.

15h50 : Maître Samuel Esteve, l'autre avocat de la défense, affirme que ses troubles psychiques ont un rôle important dans cette affaire. "Elle n’a pas choisi cette dépression, elle s’est imposée à elle. Cela échappe à notre entendement, au mien aussi. Cela dépasse l’entendement, elle les aimait plus que tout ces enfants. Il faut accepter cette part d’irrationalité dans l’acte. Quand elle a fait ça, elle était sous l’emprise de la dépression. Elle a cru que c’était le seul choix."

Elle ne se débarrassera jamais du poids de sa culpabilité. Elle est déjà condamnée à la perpétuité, peu importe ce que vous décidez.

Maître Samuel Esteve

Avocat de la défense

15H30 : "Elle n’est pas un monstre." Voilà comment débute la plaidoirie de l’avocat de Sylvie W, maître David Cabannes. "Elle n’a jamais reportée la faute sur qui que ce soit. Nous avons tous notre histoire. Vous pouvez entrevoir ce qu’est la vie de Sylvie W., mais on ne touchera jamais du bout des doigts la souffrance qu’elle ressent."

Ce n’est pas qu’elle ne voulait pas laisser ses enfants à leur père, elle ne voulait les laisser à personne. Quand on aime fort, quand on aime mal, on peut vouloir emmener ses enfants avec soi, même jusqu’à la mort.

Avocat de la défense

"Elle a attenté à sa propre vie. Dans le moment qui est choisi, un moment d’intimité et d’amour à ses enfants. Elle a choisi un acte doux, elle pensait donner la mort à ses filles paisiblement." Un argument qui ne semble passer auprès de la partie civile. 

L'avocat général demande 12 ans de réclusion criminelle

15h : L’avocat général demande une réclusion criminelle de 12 ans, le retrait de son autorité parentale, ainsi qu’une injonction de soin. Une annonce qui ne semble pas satisfaire la partie civile. "Ils sont très déçus. L'accusée a préféré se renfermer plutôt que demander de l'aide. 12 ans de prison pour la mort d'un enfant, ce n'est pas à la hauteur du crime qu'a commis Sylvie W.", déclare maître Touraille, avocat de la partie civile. 

14h : le procès continue avec le rapport d’autopsie, qui révèle trois points de piqûres sur le bras pour chacune des filles. L'avocat général rapporte également plusieurs raisons qui ont conduit l’accusée à empoisonner ses filles, traversant une période difficile. "Mais vous avez donné la vie à ces jeunes filles, vous n’avez en aucun cas le droit de l’enlever. Vous auriez dû trouver d’autres solutions que de donner la mort à vos enfants et vous-même", ajoute l’avocat général.

Ce dernier rappelle que selon la loi, la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité. Mais Sylvie W. est atteinte de troubles psychiques qui perturbent son discernement, et la cour doit tenir compte de cela pour la peine.

Pour la partie civile, la dépression ne justifie pas cet acte

12h : L'avocat de la partie civile est revenu sur le drame survenu en 2019. "Quand il apprend que sa fille est à l'hôpital, ce père pourrait être dans une logique de prendre revanche sur sa femme, mais non. Il pense à la santé de sa fille. Et pendant ce temps-là, le grand-père de l'accusée va chez le médecin pour récupérer un certificat pour s'assurer d’avoir la garde des filles."

Car en 2014, cette famille connait un premier drame. Sylvie W. porte plainte contre son compagnon pour violences conjugales. "La mère a cherché à évincer le père de la famille," justifie l'avocat. "Elle avait la volonté à l’époque de le faire sortir de la vie des filles. Il a passé sept mois sans voir ses enfants, comment une mère et des grands-parents peuvent faire ça ?"

Diagnostiquée dépressive, l'avocat estime que sa maladie n'est pas la raison de ses actes. "Les réponses des psychiatres sont incompréhensibles. D’accord, cette dame n’aime plus la vie mais pourquoi emmener son enfant avec lui ? Normalement un parent prend la place de l’enfant, on se sacrifie pour lui. C’est incompréhensible", assure-t-il.

"Quand on lui demande pourquoi elle a fait ça, elle dit qu'elle ne veut pas laisser ses filles avec leur père", ajoute-t-il. "Les deux filles se plaignaient qu’elles n’étaient pas bien chez lui, je ne voulais pas les laisser chez lui", a-t-elle dit. Mais cela n’a rien à voir avec la dépression, elle n’a jamais pu envisagée que ses enfants aient une existence sans elle."

"Elle m'a dit qu'elle voulait être suivie le plus longtemps possible"

Kevin, le père de Lana et Maelys

"C'est moi qui ai fait de la m****"

11 h : Le père déclare également qu’il n’a pas suivi d’accompagnement psychologique par rapport à ce qui s’est passé. "Je n’en ai pas besoin, je vais bien." Une décision que ne comprend pas la juge. "Les adultes peuvent aussi être accompagnés. Ce n’est pas que les enfants."

Kevin avoue qu’il n’en parle jamais avec sa fille Maelys. "Cela fait trois ans que les autres le font dans la famille, mais moi je n’en parle pas avec Maelys. Elle a 13 ans, on fera ça quand elle sera plus grande." Mais la juge assure qu’elle a besoin de la présence de son père pour l’aider.

L’avocat de la défense prend la parole et insinue que Kevin était violent et alcoolique. Des allégations que le père tente de nier devant l’ensemble de la cour, quand la jugée Sylvie W. prend la parole. "Il a souffert à cause de moi et mes parents, il aurait pu être un bon père. Je me sens honteuse, je ne veux pas qu’on lui reproche quoi que ce soit. C’est à moi qu’il faut le faire, c’est moi qui ai fait de la m****."

"J’essaie de prendre le temps de détention pour avancer et être quelqu’un de meilleur", assure Sylvie W. La présidente de la cour en a profité pour rappeler le comportement de l'accusée en détention. "Exemplaire, discrete, respectueuse... Vous êtes à l’ecart des situations de tensions avec les autres personnes. Vous faites preuve d’une affluence positive sur les autres détenus. Vous êtes active, et investie dans plusieurs cours, ainsi qu'un poste d’auxiliaire de bibliothèque, et le personnel et les détenus disent que vous faites un travail de qualité et que vous vous rendez disponible."

"Ma fille veut qu'elle soit suivie le plus longtemps possible"

10 h : "La moitié du temps, quand elles n’étaient pas chez moi, elle entendaient des choses négatives sur leur papa… Et moi je ne disais rien." A la barre, Kevin, le père des deux jeunes filles et l’ancien compagnon de Sylvie W., raconte des relations très compliquées avec son ancienne belle-famille, en conflit après la séparation.

Après l’empoisonnement et le décès de Lana, le juge des enfants lui a confié la garde de Maelys, 9 ans au moment des faits. "Ça se passait bien, c’était dur au début de ne pas voir sa sœur. On a essayé de faire comme on pouvait. Un éducateur était présent, un psychologue l’a suivi.  Il fallait pour qu’elle puisse tout évacuer."

"Elle m’a dit qu’elle devait être suivi le plus longtemps possible, et qu’elle avait peur de mourir." Une phrase qui résonne dans la pièce, et la jugée ne peut retenir ses larmes.

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