C'est un incontournable de Noël. La star des produits de mer. Mais une fois mangées, les huîtres servent à l'élevage d'un agriculteur de Flagey-lès-Auxonne (Côte-d’Or). Léonor Krempp les collecte et en fait de l'engrais pour apporter des minéraux naturels à ses sols.
Rien ne se perd, tout se transforme. Léonor Krempp, agriculteur à Flagey-lès-Auxonne (Côte-d’Or) applique chaque jour cet adage dans son exploitation, et le pousse même un peu plus loin. Puisque chez lui, les coquilles d’huîtres sont récupérées pour servir à l’élevage bovin. A la Ferme de la Buissière, la star des produits de mer contribue donc à la production de viande.
Les consommateurs sont invités à rapporter les coquilles des huîtres qu’ils ont mangées pendant les fêtes. Collectées dans des bacs par l’agriculteur, elles sont ensuite concassées artisanalement (écrasées par les roues d’un tracteur) puis rajoutées au fumier toutes les deux semaines. L’intérêt pour Léonor Krempp : apporter les minéraux qui manquent à ses sols.
Objectif : faire une herbe de meilleure qualité pour les bêtes
"Ici, nous avons des terres dites blanches. Nos sols vont être pauvres en calcium, en magnésium et en oligo-éléments. Si on veut faire une herbe de qualité derrière pour nos bêtes, on va devoir compenser ces carences", décrit l’éleveur.
A l’automne prochain, le fumier, mélangé aux coquilles d’huîtres donc, servira de compost et sera épandu sur les prairies de la ferme. "Le but, c’est de faire une herbe de qualité. Les bêtes vont tomber beaucoup moins malades. Cela va permettre d’avoir une meilleure viande, car le système digestif des animaux va être respecté".
Une démarche écologique et vertueuse, car La Ferme de la Buissière s’est convertie à l’agriculture biologique depuis quelques années et n’utilise aucun engrais chimique ou de synthèse. "Toute matière minérale naturelle, c’est ce qu’il y a de plus intéressant pour les besoins au niveau du sol. Il faut avoir conscience de cette réalité. Il ne faut pas perdre les cadeaux que la nature nous fait", estime de son côté Bernard, le père de Léonor, ancien responsable de l’exploitation.
Les biodéchets, un tiers de nos ordures ménagères
C’est d’ailleurs avec son père que l’agriculteur a eu cette idée, il y a quelques années au moment des fêtes de fin d’année. "Je me suis dit ‘les gens viennent chez nous chercher de la viande, on peut leur demander d’apporter leurs coquilles d’huîtres après les fêtes’", raconte Léonor.
Depuis la mise en place du dispositif, ce sont entre 500 kilos et deux tonnes qui ont été récupérées. Cette année, la collecte de coquilles devrait durer jusqu’au 15 janvier prochain. A l’entrée de la ferme, de grands bacs sont installés, tout comme dans la commune de Tréclun, qui a décidé de suivre l’initiative, alors que depuis ce 1er janvier, les collectivités ont l’obligation de mettre en place un tri à la source des biodéchets (pelures de fruits, de légumes ou restes de repas) pour les particuliers.
"C’est une initiative simple, facile à mettre en place avec quelques bacs et un peu d’affichage. On accompagne toutes les initiatives, surtout quand elles sont bonnes comme ça. C’est aussi pour communiquer auprès des habitants, pour avoir les bons réflexes, sur comment on tri les biodéchets, pour réduire les volumes dans les ordures ménagères", indique Sébastien Sordel, le maire (SE) de Tréclun.
Selon une étude de l’ADEME, les biodéchets représentent un tiers des ordures ménagères. Des restes qui peuvent donc avoir une seconde vie, comme à la Ferme de la Buissière.