Les alternatives au désherbage au glyphosate existent dans la viticulture. Certains professionnels en Côte-d'Or se sont initiés à ces pratiques. Pour d'autres, débroussailler d'une autre façon est un passage inquiétant.
Précieux pour beaucoup de viticulteurs, mais nocif pour l’environnement, le glyphosate a encore de l’avenir en France. Beaucoup d’entre eux l'utilisent une à deux fois par an entre les pieds de vignes, autrement dit sur les cavaillons. Mais face à la pression sociétale et réglementaire, certains agriculteurs de Côte-d'Or envisagent de se passer de cet herbicide.
"J’ai commencé petit à petit"
Danièle Bonnardot, viticultrice dans les Hautes-Côtes, a passé le cap de ne plus utiliser une seule goutte de ce célèbre herbicide. C’était une évidence pour elle de ne plus utiliser de glyphosate sur ses 22 hectares de vignes biologiques.
Mais il lui a fallu huit années pour y arriver, car la seule vraie solution aujourd’hui pour désherber sans ce produit, c’est le labour. "J’ai commencé petit à petit. J’ai commencé à convertir un hectare la première année puis deux et ainsi de suite en trouvant les bons outils", explique la viticultrice.
Certains agriculteurs de la région ne sont pas encore au niveau de Danièle Bonnardot. Plusieurs facteurs les empêchent de tendre vers une pratique plus responsable comme François Perrier, viticulteur dans les Hautes-Côtes de Nuits à Meuilley.
Une décision cornélienne
Le viticulteur meuillotins est encore en hésitation pour adopter la technique du labour. Pour aider sa réflexion, il a fait appel à Thomas Gouroux, technicien de la chambre d’agriculture. Rien que sur le matériel, les questions sont nombreuses. "Pratiquer le labour demande un apprentissage de techniques et de réglages”, explique Thomas Gouroux.
Supprimer le glyphosate représente aussi un coût. Une étude de l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) estime que le labour coûte 150 à 600 euros de plus par hectare que le glyphosate : l’herbicide est pulvérisé 1 à 2 fois par an, désherber mécaniquement demande trois à quatre passages. Par ailleurs, le matériel supplémentaire coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros auxquels il faut ajouter le coût du carburant et de la main-d’œuvre. Le casse-tête reste donc encore présent dans les esprits des viticulteurs pour rompre définitivement avec une quelconque goutte de glyphosate.