La préfecture de Côte-d'Or a pris, ce 17 juillet, un arrêté d'interdiction de la soirée xénophobe "White boy summer, les étrangers dehors" organisée par le groupuscule d'ultra-droite Hélix Dijon. Elle devait se dérouler le samedi 20 juin dans l'agglomération dijonnaise.
► MISE À JOUR 18 JUILLET. Hélix Dijon annonce sur ses réseaux sociaux que la soirée est annulée (à lire plus bas dans cet article).
►MISE À JOUR 19 JUILLET. Dans un communiqué, le diocèse de Dijon "condamne complètement ce type de soirée." Il estime que "si quelque chose de ce genre a pu se faire dans le passé, c’est à notre insu. Nous entendons être très vigilants sur les prêts de salle (ou du parc) en particulier quant à l’usage de prête-noms pour des activités que nous réprouvons."
C'était une décision attendue. Ce mercredi 17 juillet à 17h40, le préfet de Côte-d'Or annonce qu'il prend un arrêté pour interdire la soirée xénophobe "White boy summer, Ausländer raus" organisée par un groupuscule d'ultra-droite, Hélix Dijon. Ce titre signifie, littéralement : "L'été des garçons blancs, les étrangers dehors". La soirée était prévue ce samedi 20 juillet à 18 heures.
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"Provocation publique à la haine"
Dans son arrêté, la préfecture de Côte-d'Or estime que l'intitulé même de la soirée "constitue en lui-même une provocation publique à la haine et à la discrimination en raison de l'origine, de l'ethnie ou de la religion".
Elle justifie aussi cette interdiction par le risque de "trouble à l'ordre public" lié à la réaction du milieu antifasciste dijonnais. "Des individus radicaux issus de l'ultragauche locale sont susceptibles de commettre des violences s'ils localisent le lieu de l'événement", juge la préfecture.
Elle précise aussi que, dans le contexte des Jeux olympiques et du plan Vigipirate, les forces de l'ordre sont déjà très sollicitées par ailleurs.
Où devait se tenir cette soirée ?
Pour rappel, le syndicat Solidaires 21 avait été le premier à s'indigner face à cette soirée. Dans un communiqué publié lundi 15 juillet, il demandait à ce qu'elle soit interdite, estimant "qu'il y a un risque majeur que cette soirée se termine par des ratonnades comme cela a déjà été le cas dans d'autres villes." Le lendemain, le maire de Dijon François Rebsamen annonçait qu'il allait prendre un arrêté d'interdiction. Deux jours plus tard, la préfecture vient donc à son tour de prendre cette décision.
Quant au lieu où devait se tenir cette soirée, il n'a pas été précisé. La préfecture de Côte-d'Or indique que "les informations disponibles ne permettent pas d'identifier de façon certaine et précise le lieu" prévu.
Cependant, France 3 Bourgogne a pu identifier un lieu fréquemment mis en avant sur les réseaux sociaux de Hélix Dijon : il s'agit des locaux de l'association du Clos Saint-François à Saint-Apollinaire, locaux gérés par la paroisse Saint Jean XXIII de Dijon. On ignore toutefois s'il s'agissait du lieu choisi pour la soirée "White boy summer". Contacté, le maire de Saint-Apollinaire avait fait savoir à France 3 que, le cas échéant, il prendrait un arrêté d'interdiction de l'événement sur sa commune.
Soirée officiellement annulée par les organisateurs
Dans la soirée du mercredi 17 juillet, le groupuscule d'ultra-droite Hélix Dijon a officiellement annulé sa soirée "White boy summer, les étrangers dehors". Dans un communiqué publié quelques heures plus tard sur leurs réseaux sociaux, le groupuscule estime qu'il "suffit de quelques larmes gauchistes pour faire bouger la mairie dijonnaise, aux ordres des antifascistes".
Droit de réponse aux antifuns. https://t.co/i5AaNaWcpT pic.twitter.com/1sqDDzCYqQ
— Helix 🦉 (@HelixDijon) July 17, 2024
Selon Hélix Dijon, "le slogan "white boy summer" n'a rien de raciste. Il célèbre simplement le peuple européen de souche, dans une période où il est communément admis de lui cracher dessus, chez lui."
Sur le slogan allemand "Auslander Raus !", traduisez "les étrangers dehors", il estime qu'il est utilisé par la jeunesse "française et européenne pour crier son désir de mettre un terme à l'insécurité grandissante dans le pays". Un discours mis à mal par les recherches faites par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CECII)
Dans une publication datant d'avril 2023, l'institut rattaché aux services du premier ministre explique que "les études réalisées dans différents pays concluent sans ambiguïté que les immigrés ne sont pas à l’origine d’une augmentation des taux d’infraction dans les pays d’accueil".
Pas une première dans la métropole ou en France
La métropole dijonnaise avait déjà été touchée par une polémique similaire. En avril 2023, le rappeur d'extrême droite Millésime K devait se produire dans la cité des Ducs. Il fait polémique pour ses textes, avec des paroles que la ville de Dijon considére comme "homophobe et ouvertement raciste". Elle avait donc pris un arrêté d'interdiction, mais, l'homme a pu se produire devant l’escale Charcot, à Chenôve.
Plus récemment, la mairie de Rouen avait elle aussi prise un arrêté d'interdiction contre une soirée organisée dans un bar identitaire sous le thème "Les étrangers dehors !". Autorisée par la justice, la soirée avait été annulée par les organisateurs eux-mêmes.
Globalement, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) annonce qu'en 2023, les faits de racisme ont augmenté de 32 % en France.