TEMOIGNAGE. Coronavirus : « Je ne me reconnais plus », 3 mois après, la longue convalescence de certains patients

Pour beaucoup, l’épidémie est derrière nous, en tout cas la première vague. Mais pour certains malades, pas forcément les plus graves, les symptômes persistent 2 ou 3 mois après. Une situation angoissante qui bouleverse leur quotidien.

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La première fois que Monique Morelle s’est rendue chez son médecin, c’était le 24 mars 2020. Il y a 3 mois ! A l’époque, elle a des courbatures et un peu de fièvre. « J’ai commencé à avoir des symptômes qui ne m’ont pas vraiment inquiétée. C’était des choses bénignes. » Elle est alors diagnostiquée positive au coronavirus, mais sans gravité. Monique n’a pas été hospitalisée.

Pourtant, 3 mois plus tard, elle retourne toujours régulièrement chez son médecin. Les symptômes n’ont jamais disparu. « J’ai un peu moins de fatigue qu’au début mais de la température de temps en temps. J’ai toujours une perte d’appétit et je n’ai pas retrouvé le gout ni l’odorat.» Et ce n’est pas ce qui l’inquiète le plus.

"C’est cela qui m’angoisse. Je ne me reconnais plus. J’ai l’impression de fuir le monde, de fuir les gens parce que je ne suis plus sure de moi."

Monique ressent toujours des brulures au visage et surtout, elle dit ne plus se reconnaitre. « J’ai du mal à m’en sortir. Pour moi le plus difficile, c’est de rester concentrée sur ce que je dis, confit-elle. Lorsque je parle trop longtemps, j’ai la voix qui déraille et qui part dans les aigus. C’est très déstabilisant. Je perds vite le fil de la conversation et c’est le plus difficile. C’est cela qui m’angoisse. Je ne me reconnais plus. J’ai l’impression de fuir le monde, de fuir les gens parce que je ne suis plus sure de moi. »

Des symptômes très variables et imprévisibles

Dans son cabinet, le docteur Michel Gay n’est pas étonné des symptômes décrits par sa patiente. « Ce qui est propre au coronavirus, c’est que c’est très variable suivant la personne affectée. La grippe, c’est à peu près pareil pour tout le monde : on a 40°C de fièvre durant 5 jours et ça passe. Le coronavirus non ! Des personnes qui ont été modérément atteintes auront peut-être des séquelles plus longues que des personnes plus gravement atteintes et qui s’en remettront plus vite. »

Le docteur a lui aussi été contaminé et fait le constat sur lui-même. « On passe par des symptômes exécrables. Des céphalées, des douleurs musculaires, des douleurs articulaires très importantes qui ont cédé pour 70 % au bout d’un mois. Il y a cette fatigue qui reste mais qui s’améliore toutes les semaines ! » ajoute-t-il. « C’est un espoir! »

Pour le médecin, il faut surtout tenter de retrouver son quotidien et se rassurer. « Ce qui est important, c’est d’avoir une vie normale. Il ne faut pas que l’angoisse et l’incertitude prennent le dessus. » L’angoisse peut entrainer des troubles du sommeil et augmenter la fatigue, tout comme l’inactivité. « Si vous ne montez plus vos escaliers tous les jours et que vous restez dans votre chambre, vous perdez l’habitude de monter vos escaliers. Et cela va vous paraitre une tâche d’autant plus difficile que vous la repoussez. » Selon le médecin, le confinement a pu aggraver cette perte de « l’entrainement à l’effort ».

Il faut relativiser par rapport à tous ces malades qui ont été en réanimation, on n’a pas le droit de se plaindre !

10 à 15% des malades

Selon les médecins, 10 à 15 % des malades atteints du Covid ont encore des séquelles plusieurs mois après avoir été infectés... Sans qu'il y ait pour l’instant d’explications.

De son coté, Monique a rejoint un groupe de patients post-covid. C’est « un groupe de malades qui n’ont pas été hospitalisés mais qui présentent toujours des symptômes 2 ou 3 mois après. Je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule. » De quoi la rassurer, comme ses visites chez le médecin toutes les 3 semaines. « J’ai besoin de l’entendre me rassurer. La vie va redevenir comme avant. Je sais que cela va passer mais c’est long ! »

Après 3 mois, Monique n’a pas encore retrouvé cette vie d’avant. Mais pour elle, pas question de se plaindre. « Il faut relativiser par rapport à tous ces malades qui ont été en réanimation, on n’a pas le droit de se plaindre. Et on va s’en sortir ; je vais m’en sortir ! » conclut-elle dans un sourire.

 

Le reportage à Aiserey en Côte d'Or d'Anne Berger, Damien Rabeisen et Philippe Sabatier

 

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