Les violents orages survenus en fin d'après-midi et en début de soirée sur la Bourgogne mardi 11 juillet ont endommagé principalement les vignobles du Sud Côte-d'Or. Des chutes de grêle et les vents violents se sont abattus à Meursault et à Saint-Aubin.
La violence des orages ce soir-là avait été anticipée par les météorologistes, mais pas la localisation précise des phénomènes. Pour le site internet spécialisé dans le suivi des tornades et orages violents Keraunos, l'activité vers 20 heures était décrite comme suit : "Localement, de très violentes rafales sont observées, comme à Dijon et dans sa région. Localement encore, des grêlons géants sont signalés sur le sud de la zone (nord Rhône-Alpes) [...] La superficie couverte par des occurrences d'orages violents à extrêmes est remarquable ce soir et ne se produit pas tous les ans."
"Entre 30 et 40% de pertes"
Benoît Bachelet, vigneron à Saint-Aubin résume l'action de la grêle sur sa vigne : "La pérennité de la vigne n'est pas mise en jeu, les bois ne sont pas attaqués. Il y aura un peu de perte sur ce millésime, on estime entre 30 et 40% de pertes sur certaines parcelles. Mais la nature est bien faite, elle a tendance un peu à compenser, il reste encore pas mal de grappes, il y avait un beau potentiel de départ, même si on a été impactés, on envisage de faire encore une très belle récolte."
Un optimisme qui tranche avec l'intensité des événements climatiques violents : "On travaille avec la nature et on est de plus en plus sujets à ces extrêmes : on a découvert les gelées de printemps, en 2016, le vignoble avait été anéanti. Il y a ces périodes de sécheresse, il y a les orages violents, on passe du tout au tout." évoque Benoît Bachelet. Son expérience l'autorise à dire que "la vigne est une plante résistante fort heureusement"
"On a tous été impressionnés"
Lucien Rocault,viticulteur dans les Hautes-Côtes de Beaune et 1er vice-président de la Chambre d'Agriculture de Côte-d'Or tire le bilan des dégâts : "On a tous été impressionnés de voir ce qui tombait, avec des gros grêlons ponctuellement."
Le viticulteur fait le détail des zones touchées : "À Meursault, dans les Hautes-Côtes de Beaune, du côté de Cirey-lès-Nolay, à Saint-Aubin, un petit peu entre Nuits-Saint-Georges et Vosne-Romanée et le secteur le plus touché est le Sud de Dijon avec tout le nouveau vignoble et le plateau de la Cras."
Les phénomènes météo survenus sont difficiles à prévoir à long terme, mais selon Lucien Rocault, "on n'a jamais une vraie idée de l'intensité des phénomènes. Ce qu'on peut constater, c'est que depuis une dizaine d'années, c'est à répétition et c'est de plus en plus violent. C'est un phénomène 'changement climatique' clairement marqué."
Et ces phénomènes climatiques peuvent être ravageurs pour la vigne : "Parfois, on peut perdre le fruit d'un travail d'une année en un quart d'heure d'orage. Ce qui est compliqué, c'est la répétition de ces aléas depuis 2010 où on a enchaîné toutes les catastrophes qui peuvent exister pour la vigne comme la grêle, le gel, la sécheresse."
"Même si on a une belle récolte en vue, si on l'emmène jusqu'au bout, la nature nous rappelle une fois de plus que c'est elle qui décide !" conlut Lucien Rocault, fataliste.
Devant l'aspect répétitif des événements climatiques majeurs pour les viticulteurs, Lucien Rocault estime que "l'État doit intervenir dans des politiques de grands changements et d'accompagnement à changer nos méthodes de manière générale et surtout à trouver des solutions pour continuer à produire face à ces changements climatiques qui sont de plus en plus violents."
La période estivale est synonyme de stress pour les viticulteurs, à l'affût des applications météo. En effet, avec la remontée des températures, de nouveaux orages sont annoncés pour samedi 15 juillet.