Du tritium, un élément radioactif, a été détecté dans l'eau potable de communes autour du CEA Valduc, en Côte-d'Or. L'annonce peut sembler inquiétante, mais selon les autorités il n'est pas nécessaire de s'alarmer. Les valeurs mesurées sont très faibles.
L'association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) a dénoncé mercredi 17 juillet une "contamination" radioactive de l'eau potable de 6,4 millions personnes en France. "6,4 millions de personnes sont alimentées par de l'eau contaminée au tritium" selon "des données fournies par le ministère de la Santé".
En Bourgogne-Franche-Comté, cela concerne selon l'association sept communes de Côte-d'Or situées autour du site du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) de Valduc : Salives, Lery, Poisseul-Les-Saulx, Avelanges, Saulx-Le-Duc, Dienay et Villecomte. On retrouve du tritium, un élément radioactif proche de l'hydrogène, dans les analyses d'eau potable réalisées.
"Aucune valeur ne dépasse le critère de qualité de 100 Bq/L (Becquerel par litre) instauré par les autorités sanitaires", reconnaît l'association ACRO. Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), bras technique de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), "le code de la santé publique fixe une référence de qualité de 100 Bq/L pour le tritium qui ne représente pas une limite sanitaire mais un seuil qui, lorsqu'il est dépassé, entraîne une investigation complémentaire pour caractériser la radioactivité de l'eau".
"Un millième de la radioactivité naturelle"
Ce tritium provient-il bien du CEA Valduc ? L'organisme reconnaît utiliser ce gaz radioactif pour ses activités, mais se veut rassurant sur les conséquences de sa présence dans l'eau potable. Dans un communiqué, il indique : "Les rejets résiduels, très faibles (environ 1 gramme par an, soit environ 4 litres) n’ont aucune conséquence sanitaire puisque pour une personne vivant en permanence à proximité immédiate du centre, l’impact radiologique est d’environ un millième de celui reçu par la radioactivité naturelle en Bourgogne"."Ce rejet gazeux conduit à un léger marquage de l’environnement de Valduc. Malgré son niveau très faible, il est aisément détectable. On mesure un niveau de 20 à 60 Bq/l dans les eaux de surface. Ce niveau est très au-dessous de la norme OMS de 10 000 Bq/l pour les eaux de boisson. Il ne s’agit donc pas d’une pollution."
"Un litre d’eau contient environ 100 millions de milliards de milliards d’atomes. 1 becquerel correspond à la désintégration d’un atome par seconde. Un marquage de quelques dizaines de becquerel traduit donc la présence d’un très faible nombre d’atomes de tritium dans l’eau", détaille le CEA.
"Ça interroge un peu"
Romuald et Hélène habitent Salives, l'un des sept villages concernés par la présence de tritium dans l'eau potable en Côte-d'Or. Mais ils vivent dans le périmètre du CEA de Valduc depuis toujours et sont plutôt sereins. "Je pense que ça inquiète plus à l'extérieur. Ici, on vit avec. Valduc existe depuis 1954. Je ne pense pas que ça soit super dangereux mais ça interroge un peu", confie Romuald. Il dit tout de même prendre quelques précautions : "On boit de l'eau en bouteille au maximum. Et pour le jardin, peut-être que c'est inutile, mais je sais que je ne consommerais pas de mon jardin à 100 % toute l'année ici."Ce qui rassure dans le secteur, c'est la communication. Une structure d'échange et d'information, la SEIVA, a été créée en 1996 à l'initiative du préfet. Elle est composée de représentants du CEA mais surtout des maires du secteur et d'habitants. Deux fois par an, elle organise des réunions publiques et demande la réalisation d'analyses d'eau. "Un échantillon va à Valduc et un échantillon est confié par nos soins à un laboratoire indépendant. Chacun fait son analyse de son côté. Après, on compare et on s'aperçoit que les analyses sont absolument concordantes", précise Véronique Guitton, la vice-présidente de la SEIVA (Structure d'échange et d'information autour de Valduc).