L'organisme professionnel estime que "leurs obligations déontologiques s'imposent aux médecins dans leur expression publique". Un tweet du sénateur remettant en cause la stratégie gouvernementale face à l'épidémie de Covid-19 est ciblé.
Le sénateur (LR) de la Côte-d'Or, Alain Houpert, également médecin, a été la cible d'une déclaration de l'Ordre des Médecins. "La déontologie ne s’interprète pas à l’aune d’intérêts politiques, en particulier lorsqu’on est médecin et sénateur. L’Ordre rappelle que leurs obligations déontologiques s'imposent aux médecins dans leur expression publique", a tweeté le compte de l'organisme professionnel.
Ce message faisait suite aux déclarations du sénateur datées du 3 décembre : "on a tué les seniors au Rivotril, on les a fait mourir de solitude et maintenant les survivants serviront de cobayes aux vaccins... si on reconnaît une société à la façon dont elle traite ses anciens, le gouvernement peut avoir honte !", estimait-il sur les réseaux sociaux.La déontologie ne s’interprète pas à l’aune d’intérêts politiques, en particulier lorsqu’on est médecin et sénateur. L’Ordre rappelle que leurs obligations déontologiques s'imposent aux médecins dans leur expression publique. https://t.co/V4U8XgWpoN
— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) December 4, 2020
Son message pointe du doigt la stratégie du gouvernement concernant les personnages âgées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Le Rivotril est un médicament qui peut être utilisé sur les patients en fin de vie pour les soulager. Le 29 mars, le gouvernement avait élargi par décret son utilisation dans les Ehpad. Aussi, pour Alain Houpert, les personnes âgées dans ces établissements, et qui seront les premières à être vaccinées, sont assimilables à des "cobayes".On a tué les seniors au Rivotril, on les a fait mourir de solitude et maintenant les survivants serviront de cobayes aux vaccins... si on reconnaît une société à la façon dont elle traite ses anciens, le gouvernement peut avoir honte ! pic.twitter.com/BMG4o02RoZ
— Alain Houpert (@alainhoupert) December 3, 2020
Contacté, le sénateur cite l'article 26 de la Constitution française pour se défendre : "aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché arrêté, détenu ou jugé à l'occasion des opinions ou votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions". Une argumentation également reprise par le polémique député des Français de l'étranger, Joachim Son-Forget (non-inscrit).
Alain Houpert relaie souvent des thèses très critiques vis-à-vis de la stratégie sanitaire du gouvernement et soutient le professeur Christian Perronne, le chef de service en infectiologie de l’hôpital universitaire Raymond-Poincaré de Garches. Très controversé et connu pour ses positions alternatives en matière de lutte contre l'épidémie de coronavirus, il est également dans le viseur de l'Ordre des Médecins pour ses prises de position en faveur de l'hydroxychloroquine.Chers collègues médecins, chers amis pour certains d’entre vous à l’ordre (de qui ce soir peut-on se demander), soit vous respectez l’article 26 de la Constitution Française, soit c’est vous qui êtes hors la loi cc @EmmanuelMacron.
— + Joachim Son-Forget (@sonjoachim) December 4, 2020
"Peut-on laisser reposer la santé des Français sur les seules communications des laboratoires pharmaceutiques ?"
Lundi 7 décembre, Alain Houpert a publié une lettre ouverte à destination d'Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités. "L'une des missions du sénateur que je suis est de contrôler l'action du gouvernement", estime-t-il en interrogeant le ministre sur la stratégie vaccinale du pays. "La vaccination est une des avancées majeures de notre science et, en tant que médecin, je ne peux qu'y souscrire", annonce-t-il en préambule."Mais ma reponsabilité de parlementaire est de m'interroger quant à l'autorisation, de façon précipitée, d'un traitement, alors qu'il faut généralement des années pour une autorisation de mise sur le marché. (...) Peut-on laisser reposer la santé des Français sur les seules communications des laboratoires pharmaceutiques ?"
Selon un sondage Ifop pour le JDD, 59% des Français n'ont pas l'intention de se "faire vacciner lorsque cela deviendra possible".