Un couvre-feu à partir de 18 heures va être instauré dans l’ensemble de la région Bourgogne Franche-Comté dès ce samedi 16 janvier. Une politique sanitaire qui a fait ses preuves dans certains départements et qui est prônée par les scientifiques.
Il ne s'agit plus vraiment d'une surprise, mais l'information, discutée et débattue jusqu'à tardivement, nécessitait confirmation. Le couvre-feu sera bel et bien avancé à 18 heures sur l'ensemble du territoire à compter de samedi. Il est à ce jour prévu pour durer 15 jours. Une date qui pourrait évidemment évoluer en fonction de la situation sanitaire.
L'information a été annoncée par le Premier Jean Castex lors du point presse organisé le jeudi 14 janvier. L'Yonne n'y échappe pas. Seul département bourguignon non concerné ces deux dernières semaines, le département le sera dès samedi 17 janvier.
En Bourgogne, trois départements sont déjà concernés par le couvre-feu, la Côte-d'Or depuis une semaine, la Nièvre et la Saône-et-Loire depuis début janvier. Mais cette mesure est-elle vraiment efficace et produit-elle des résultats ? Le gouvernement en tout cas veut y croire. "Cette mesure de couvre-feu obéit à une logique de freinage préventive. Elle permet de graduer notre riposte et d'essayer d'éviter de passer à des mesures plus difficiles comme nous en avons déjà connu à deux reprises l'année dernière", avait justifié le Premier ministre, Jean Castex.
Un avis partagé par Benjamin Davido. Pour cet infectiologue, le couvre-feu à 18h, permet "de freiner" la progression de l'épidémie mais, selon lui, "on ne va pas inverser la tendance. Il faut donc rester extrêmement vigilant et essayer de faire bien pour gagner du temps et essayer de passer l'hiver qui est très propice aux infections respiratoires".
Selon le médecin, il existe, une "autre solution qui serait probablement plus efficace et plus contraignante et qui serait un confinement généralisé et on sait que c'est ce que tout le monde redoute parce que ça mettrait à mal à la fois le moral des Français et l'économie". La généralisation du couvre-feu est donc "la moins mauvaise des solutions, entre ne rien faire et constater une augmentation des cas de Covid-19 dans les jours à venir".
Une mesure qui porte ses fruits après dix jours
Selon Santé publique France, la mesure porte ses fruits. Le 17 octobre dernier, dans les neuf métropoles les plus touchées par le virus dont la métropole de Dijon, le nombre de contaminations a diminué après dix jours de couvre-feu. "C'est la moins mauvaise des solutions entre devoir reconfiner et ne rien faire", estime le docteur Pascal Crépey, épidémiologiste. "Il faut être dans l'anticipation et ne pas se retrouver dos au mur avec une augmentation très importante des hospitalisations qui nous obligerait à un confinement très dur."
Guillaume Rozier, créateur du site Covid Tracker, a lui un avis plus mesuré sur l'efficacité du couvre-feu. "Pour l'instant, on ne voit pas d'effet flagrant du couvre-feu mis en place le 2 janvier. Le nombre de cas augmente un peu moins vite mais c'est un phénomène observable depuis le 1er ou le 2 janvier donc c'est très dur d'en conclure que ce soit un effet du couvre-feu renforcé", a déclaré sur franceinfo.
Selon lui, "il est encore un peu tôt pour conclure de l'efficacité du couvre-feu. En octobre, on avait vu un réel effet qu'une bonne dizaine de jours après la mise en place du couvre-feu. Il faut environ 13 jours pour que toutes les données remontent."
Un avertissement donc lancé par le gouvernement pour tenter de ralentir l'épidémie. Car depuis deux semaines, les contaminations au Covid-19 repartent très sérieusement à la hausse notamment dans la région Bourgogne Franche-Comté. Selon Santé publique France, "les indicateurs épidémiologiques de suivi de l’épidémie de la COVID-19 montrent une poursuite de la circulation du SARS-CoV-2 à un niveau élevé dans notre région, avec un impact prolongé sur la mortalité."
En Bourgogne France-Comté, sur la semaine du 4 au 10 janvier 2021, 7 922 personnes ont été testées positives. Le taux d’incidence était de 284,7 pour 100000 habitants et le taux de positivité de 8,8%. En Bourgogne, 1114 personnes sont toujours hospitalisées, et 91 personnes sont en réanimation.