Ce vendredi 11 décembre, la décision est tombée. Sans espoir pour les amateurs de ski alpin des Alpes, Jura ou Pyrénées. Plusieurs collectivités locales, régions et exploitants des remontées contestaient la décision de fermeture annoncée par Jean Castex.
Un non. Ferme. Sans grande surprise. Le gouvernement souhaitait fermer les remontées mécaniques pour "éviter des flux de populations" à Noël, et éviter une reprise de l’épidémie durant ces congés de fin d’année. Le Conseil d’Etat va dans le même sens :
Le 4 décembre 2020, le Premier ministre a interdit au public l’accès aux remontées mécaniques des stations de ski, à l’exception des professionnels et des enfants membres d’une association affiliée à la Fédération française de ski.
"Par l’ordonnance de ce jour, le juge des référés rejette cette demande. Il constate que la mesure contestée aura des effets économiques certes très importants pour les zones concernées. Toutefois, il relève que l’épidémie de covid-19 se maintient à un niveau élevé, qui crée une forte pression sur le système de santé, notamment dans les régions où se pratiquent les sports d’hiver. Il juge ainsi que la mesure contestée, qui a pour objectif de limiter les contaminations supplémentaires occasionnées par des flux importants de déplacements, ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés invoquées par les requérants, et notamment à la liberté d’entreprendre" explique le Conseil d'Etat.
Dans le Haut-Doubs, cette décision du Conseil d'Etat intervient alors que la neige est là. "Pour nous, cette décision c'est sans surprise, on ne s'attendait pas à une décision positive au regard de ce qui a été annoncé hier soir par le Premier ministre Jean Castex" réagit Philippe Alpy, président du syndicat mixte du Mont d'Or dont fait partie la station de Métabief.
Un référé déposé par les professionnels du ski, des départements et régions
La requête devant le Conseil d'Etat avait été déposée par le syndicat Domaines skiables de France, l’association nationale des maires des stations de montagne, le syndicat national des moniteurs du ski français, le syndicat national des guides de montagne, la région Auvergne-Rhône-Alpes, le département de la Savoie, le département de la Haute-Savoie, le département de l’Isère, le département du Cantal, le département de l’Ain, le département de la Loire, le département de la Haute-Loire, la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, le département des Alpes de Haute-Provence, le département des Hautes-Alpes, le département des Alpes-Maritimes, la région Occitanie, le département des Hautes Pyrénées, le département des Pyrénées-Orientales, le département de l’Ariège, le département de la Haute-Garonne, la région Grand Est, le département des Vosges et la région Bourgogne-Franche-Comté.
Les professionnels du tourisme en montagne ont plaidé pourtant leur situation économique
Mercredi 9 décembre durant deux heures à l’audience devant le Conseil d’Etat, les Domaines skiables de France, l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM), le syndicat des moniteurs de ski notamment, ainsi que des départements, ont fait valoir leurs arguments.
Ils jugent "inadaptée, disproportionnée, non nécessaire",la mesure visant à fermer les remontées mécaniques dans les stations de ski en France pendant les vacances de Noël. Parmi les arguments, ils ont plaidé "l'intérêt supérieur vital" de territoires dont "les flux économiques créés par le tourisme" sont la "seule ressource".
Accidentologie, clientèle en famille, les arguments n’ont pas porté
Devant le Conseil d’Etat, d’autres arguments ont été présentés. Le fait par exemple que les stations de ski françaises vont voir la fréquentation fortement réduite, notamment en raison de l'absence de la clientèle étrangère.
"70 à 80% de nos clients viennent en famille", a fait valoir également le maire de La Plagne, Jean Luc Boch, aussi président de l'ANMSM.
Concernant l’accidentologie du ski qui pourrait venir surcharger des hôpitaux déjà sous tension en raison de l’épidémie de Covid qui impacte particulièrement les régions Rhône-Alpes Auvergne et Bourgogne-Franche-Comté, les requérants devant le Conseil d’Etat estime que 95% de l'accidentologie liée au ski est prise en charge par les cabinets des médecins de ville et les 5% restants sont "facilement absorbables" par l'offre hospitalière publique et privée.
Un expert du ministère de la Santé a dressé un tableau sombre de la situation sanitaire, avec "3.088 patients Covid en réanimation, pour une capacité maximale effective de 5.000 places" et le représentant du gouvernement a affirmé que "si les mesures actuelles ne sont pas efficaces, on va tout droit vers un troisième confinement".
L’audience au Conseil d’Etat contre la fermeture des remontées mécaniques démarre ? pic.twitter.com/e4PmgeMHV0
— Laurent Reynaud (@l_reynaud) December 9, 2020
La grogne des professionnels du ski montait depuis plusieurs semaines
Le premier ministre Jean Castex avait annoncé le 26 novembre, la mauvaise nouvelle : "Les stations de ski pourront rouvrir durant la période des fêtes de fin d'année, mais les remontées mécaniques devront rester fermées...bien entendu, il sera loisible à chacun (...) de se rendre dans ces stations pour profiter de l'air pur de nos belles montagnes, des commerces - hors bars et restaurants - qui seront ouverts. Simplement, toutes les remontées mécaniques et les équipements collectifs seront fermés au public", avait déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse.
Un scénario qui passe mal auprès des professionnels de la montagne d'autant qu'un protocole sanitaire était en cours de préparation. Jean-Luc Boch, président de l'Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM) et de France Montagne s'était emporté contre la décision de laisser fermer les remontées mécaniques en France. "Il faut nous dire clairement qu'on veut tuer les stations. Il faut nous le dire !".
Une réouverture des pistes en France le 7 janvier ?
Les professionnels du ski espèrent désormais une réouverture des pistes au 7 janvier. Ils étaient en réunion ce 11 décembre avec le secrétaire d'Etat au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne.
"Le Premier ministre a indiqué que l'ouverture prévisionnelle pourrait se faire à partir du 7 janvier sous réserve que les conditions sanitaires le permettent", c'est-à-dire "si le reflux" de l'épidémie "se poursuit", a déclaré M. Lemoyne à l'issue d'une visio-conférence avec plusieurs élus et acteurs de la montagne.
En Suisse, on pourra skier mais avec des limitations en capacité sur les remontées mécaniques
Le premier ministre Jean Castex a précisé que le gouvernement envisageait des contrôles aléatoires aux frontières pour dissuader les Français d'aller skier à Noël à l'étranger, en Suisse, Autriche ou Espagne. Il a laissé la main aux préfets qui pourraient placer en isolement les skieurs français de retour de l'étranger.
La Suisse, pourtant fortement touchée par l'épidémie de Covid et sa deuxième vague ouvrira bien ses remontées mécaniques. On pourra skier Noël en Suisse, mais la capacité dans les installations de transport fermées comme les trains et télécabines sera limitée, a précisé le 4 décembre le gouvernement, sous la pression de Paris, Rome et Berlin.
"Il n'y a pas de limite générale de capacité dans les domaines skiables. En revanche, dans toutes les installations de transport fermées, c'est-à-dire les trains, les télécabines et les téléphériques, seuls les deux tiers des places peuvent être occupés", a indiqué le Conseil fédéral dans un communiqué. Cette limite s'applique aux places assises et aux places debout.