Des masques commandés par la région Bourgogne-Franche-Comté pour lutter contre l’épidémie de coronavirus ne lui ont pas été livrés. "Il n'y a pas eu de réquisition" avait dit dans un premier temps le ministre de l'Intérieur. Mais, il reconnaît aujourd’hui une méthode "inopportune".
Comment l’Etat organise-t-il la protection des habitants de Bourgogne-Franche-Comté ?
Les élus de la Bourgogne-Franche-Comté sont très en colère.La Région avait commandé 4 millions de masques pour le personnel des Ephad, des aides à domicile et des structures d'accueil pour personnes handicapées des 8 départements de la région.
Une première cargaison de 2 millions de masques commandés étaient arrivés à Bâle-Mulhouse le 1er avril 2020 et avaient été « récupérés » par l'Agence Régionale de Santé Grand Est et la Région Grand Est.
Un nouvel arrivage de deux millions de masques était attendu dimanche 5 avril. Et là encore, il a été "intégralement réquisitionné par l’Etat, sans concertation, ni même information préalable", a dénoncé Marie-Guite Dufay, la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté.
Comment l’Etat organise-t-il la protection des habitants de Bourgogne-Franche-Comté ? Soit l’Etat considère que les masques commandés par la Région, en complément des dotations de l’Etat, ne sont pas nécessaires à leur protection ; soit, avec les masques réquisitionnés, il organise une régulation entre les Régions de manière solidaire", a demandé Marie-Guite Dufay.
Pour faire face aux besoins des personnels soignants et des Ehpad en Grand Est, l’État a été amené à réquisitionner près de 4 millions de masques d'une cargaison arrivée ce matin à l'aéroport de Bâle-Mulhouse @Prefet21_BFC @Prefet67
— Préfecture de Zone de Défense et de Sécurité Est (@PrefetZoneEst) April 5, 2020
"Il n'y a pas eu de réquisition ni par l'armée, ni par qui que ce soit"
Depuis, le ministre de l’Intérieur a tenté de justifier ce nouvel incident. Lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat mercredi 8 avril, il a répondu à Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire : "il n'y a pas eu de réquisition ni par l'armée, ni par qui que ce soit"."Un importateur a pris beaucoup plus de commandes (de masques) que la capacité qu'il n'avait à en livrer. Il avait une commande de 6 millions de masques de l'ARS Grand Est et d'autres commandes pour la région Bourgogne Franche-Comté et le département des Bouches-du-Rhône", a expliqué le ministre.
Or, le vendredi, l'importateur a livré "2 millions de masques à l'ARS et devait livrer le reste le dimanche", a-t-il poursuivi. "Le dimanche, il n'y avait que 3,4 millions de masques" arrivés à l'aéroport de Bâle-Mulhouse, si bien que "la préfecture a usé de son droit de tirage prioritaire" pour que la totalité soit livrée à l'ARS et aux Ehpad du Grand Est, a ajouté le ministre.
Ces masques "ont été données en priorité pour les personnels soignants du Grand-Est", a dit Christophe Castaner, qui a ajouté : "chacune et chacun sait qu'il ne s'agit pas de concurrence dès lors qu'il s'agit de fournir en priorité les personnels soignants du Grand-Est". La région Grand-Est est une des régions les plus durement touchées depuis le début de l'épidémie de covid-19.
"Il n’est pas question qu’il y ait une guerre de #masques entre les #collterr et l’Etat, et que nous devons tout faire pour travailler main dans la main."- @CCastaner#QAG #DirectSénat #Coronavirus #Covid19 pic.twitter.com/MdU6qX76ZS
— Sénat (@Senat) April 8, 2020
"La méthode était inopportune"
Des explications qui n’ont pas calmé la polémique. Résultat : le ministre a un peu modifié son discours. Interrogé sur "la guerre des masques" et l'incident survenu dimanche 5 avril à l'aéroport Bâle-Mulhouse, Christophe Castaner a qualifié "d'inopportune" la décision du préfet de préempter la cargaison de masques au profit de la région Grand Est.Selon Christophe Castaner, il n'y a "pas de mise en cause du choix (du préfet), mais de la méthode" utilisée.
Le ministre a affirmé avoir dit, en début de semaine, à l'ensemble des préfets lors d'une visioconférence, que "la méthode était inopportune et qu'il n'était pas question que cela se reproduise".
"Il est totalement inopportun que des erreurs se produisent entre l'Etat et les collectivités territoriales", a précisé Christophe Castaner.