La France connait un troisième rebond épidémique au printemps de 2021. Mais cette troisième vague sera-t-elle la dernière ? Comment venir à bout du Covid-19 ? L’historien et maître de conférences de l'université de Bourgogne, Laurent-Henri Vignaud apporte des éléments de réponse.
La troisième vague sera-t-elle l’épisode final de la crise du coronavirus ? La réussite de ce nouveau confinement signera-t-il le retour à la vie normale après une année de pandémie ?
Laurent-Henri Vignaud est historien des sciences et maître de conférences à l’Université de Bourgogne. Coauteur de l’ouvrage Antivax. La résistance aux vaccins du XVIIIe siècle à nos jours (Vendémiaire, 2019), il nous explique quels sont les épidémies qui ont connu trois vagues comme le coronavirus, et nous indique à quoi pourrait ressembler le monde selon les leçons que nous enseigne l’histoire.
Des épidémies ont-elles connu trois vagues comme le coronavirus ?
Il y en a au moins une qui a été marquante pour son époque, c’est la grippe espagnole. Elle a commencé au printemps 1918, elle a connu une deuxième vague à l’automne 1918 puis une troisième au printemps 1919. Ensuite, il y a des répliques dans les années 1920, mais de manière beaucoup plus restreinte.
Peut-on peut imaginer une quatrième vague de coronavirus en France ?
Un des scenarii possibles, c’est qu’une fois le phénomène épidémique passé, la Covid devienne une maladie annuelle, avec une population de plus en plus immunisée et mieux vaccinée. Cela deviendrait un problème de santé publique gérable. C’est ce qui s’est passé avec la grippe espagnole. Dans les années 1920, le virus est revenu de manière régulière mais touchait à chaque fois des populations de plus en plus restreintes et faisaient de moins en moins de dégâts. On parlerait de retour cyclique du virus mais avec des effets sans doute moindres.
Dans l’histoire, comment des épidémies ont-elles été vaincues ? Quels enseignements tirer ?
Les mécanismes à l’œuvre habituellement sont liés à "l’effet moisson". Génétiquement, une maladie va attaquer les uns, et laisser tranquilles les autres. Une fois que vous avez épuisé le stock des gens appelés à avoir la maladie, la maladie s’éteint. Ensuite, il y a un effet d’immunité. Quand une maladie a concernée beaucoup de gens, on pense que collectivement les populations fabriquent des souches moins virulentes. Dans un système comme le notre où on a confiné, les effets naturels qui freinent les maladies sont moins là, donc la seule solution c’est le vaccin. Pour stopper cette épidémie, il va falloir une barrière, avec une inconnue qui est l’émergence des variants.
Aurait-on pu comparer avec d’autres phénomènes épidémiques et anticiper les effets du coronavirus et le déroulement de la crise ?
Je crois que tout le monde a été surpris, comme toujours en histoire. Ce n’est jamais totalement la même chose que ce qui est déjà arrivé. Il y a tellement de facteurs, biologiques, économiques, sociaux, politiques, cela rend le système complètement incertain. Ce qui est certain, c’est que dans le contexte de la mondialisation, l’Organisation mondiale de la Santé alerte depuis les années 1960 sur la possibilité d’une pandémie. Mais on avait peur de virus grippaux avec des souches dangereuses et très contagieuses. La nature nous joue un vilain tour en produisant nos-pas un virus grippal mais un coronavirus.